Réforme du FMI : trop peu, trop tard

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Réforme du FMI : trop peu, trop tard

Le Fonds Monétaire International traverse
une triple crise, sans doute la plus grave de son histoire : crise de
légitimité, crise sur son rôle et crise budgétaire. Pour freiner ce qui
s’apparente à un boycott croissant des emprunteurs, notamment les pays
émergents, il a finalement accepté de mettre sur la table la question de
sa propre gouvernance. Mais la proposition est extrêmement décevante :
elle ne modifie en rien les déséquilibres internes. Les Amis de la Terre
ont fait des propositions de réforme significatives.

La proposition mise en avant par le FMI (obtenue par une fuite) est la
suivante :
- augmentation des droits de vote pour la Chine, la Corée du Sud, le
Mexique et la Turquie ;
- légère modification à discuter de la formule de calcul des quotas et
droits de vote ;
- doublement des droits de vote de base et, au minimum, engagement à ce
que le poids total des droits de vote de base ne diminue pas ;
- augmentation du personnel pour les administrateurs représentant
plusieurs pays.

Force est de s’interroger sur les archaïsmes suivants :
- Selon la France, Inde et Brésil n’apparaissent nulle part car il
seraient déjà sur-représentés par rapport au mode de calcul actuel des
quotas, alors que les pays européens seraient sous-représentés : cela ne
fait que mettre en évidence l’obsolescence totale du mode de calcul ;
- La France considère comme une avancée l’engagement du Fonds de ne pas
diminuer le poids des droits de vote de base. Mais celui ci s’est déjà
effondré de 11,3 % à 2,1 % : ils ne représentent pratiquement plus rien,
au détriment des pays pauvres ;
- Le droit de véto des Etats Unis n’est aucunement remis en question ;
- Enfin, les pays européens ne sont pas prêts à laisser un de leurs
sièges aux pays sous représentés, notamment les pays africains qui ont
deux sièges pour plus de 40 pays.

Sébastien Godinot des Amis de la Terre, ajoute : « Les 80 pays les plus
pauvres pourront au mieux prétendre à 0,9 % de plus des droits de vote :
c’est ridicule. Nous ne voyons nulle part les « grands changements »
annoncés par l’administrateur français au FMI. Les déséquilibres
profonds ne sont en rien remis en question : Europe, Japon, Canada et
Etats Unis possèdent 63% des droits de vote. La Belgique garde un
contrôle supérieur à l’Inde ou au Brésil. Nos partenaires américains ont
rencontré Rodrigo de Rato, le directeur du Fonds, en juillet : ils en
concluent également que le "business as usual" continue. »

Les Amis de la Terre estiment que faute de réforme radicale, le FMI
s’enfoncera davantage dans la crise qui le secoue, et ne stoppera pas
son hémorragie financière. Ils demandent notamment de rééquilibrer les
droits de vote par un système de vote à double-majorité (règle un pays,
une voix » contrebalançant la règle « un dollar, une voix »), ouvrir le
processus de sélection des dirigeants, rendre les instances de décision
nettement plus transparentes (notamment retranscription des séances du
Conseil d’administration), et mettre en place un contrôle démocratique
des administrateurs [1].

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