Passez donc dimanche !

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Passez donc dimanche !

Alors que la nouvelle loi réglementant l’ouverture dominicale des magasins vient d’être « laborieusement » votée, ses conséquences potentielles, sur le plan économique comme sur le plan social, restent l’objet de débats passionnés.

Le simple bon sens, mais aussi l’expérience des coopératives de consommation présentes depuis plus d’un siècle dans la distribution alimentaire, permettent d’en éclairer quelques aspects.

Du point de vue des consommateurs, l’extension de l’ouverture des magasins le dimanche représente effectivement une facilité supplémentaire et, pour certains, une occasion de sorties en famille.

Sans réelle progression du pouvoir d’achat, le montant total des ventes ne devrait cependant pas sur sept jours dépasser celui réalisé sur six. "Les clients ne se lèvent pas la nuit pour manger".

Ainsi, du point de vue des responsables de magasins, les premiers qui décideront d’étendre leurs horaires d’ouverture du dimanche pourront bénéficier d’un afflux supplémentaire de clientèle. Mais ce gain se fera au détriment de leurs concurrents moins réactifs. Cette nouvelle forme de concurrence risque fort d’entraîner rapidement un alignement des différents concurrents et donc, bon gré, mal gré, une propension de l’ensemble des magasins d’une même zone de chalandise à s’aligner sur l’ouverture maximale.

Si le travail du dimanche a démontré son intérêt pour permettre à de nombreux étudiants de financer leurs études, le vécu de responsables de magasins alimentaires, notamment dans des zones touristiques témoigne par ailleurs du « coût » de ce travail du dimanche, en termes de renoncement à une vie sociale satisfaisante, alors que les réunions familiales, amicales ou associatives sont principalement programmées le week-end.

Qui accompagnera nos "petits" au foot ou au basket ? Faute d’accompagnateur, ils resteront devant leur ordinateur !

Seul, un coût considérablement majoré des heures travaillées le dimanche permettrait aux commerçants de réfléchir à la véritable rentabilité de cette extension d’horaires et donnerait une juste évolution du coût social que représenterait la généralisation d’une activité « sept jours sur sept ».

Enfin, il est étrange de ne pas entendre davantage d’arguments écologiques dans un contexte où la sensibilité à l’environnement semble pourtant avoir droit de cité. Car, l’ouverture étendue des magasins le dimanche ne pourra se réaliser sans considérer un surcroît de consommation d’énergie et de pollution pour l’éclairage, le chauffage et les transports.

Comme souvent, l’approche coopérative nous rappelle l’intérêt de ne pas dissocier la réflexion économique de l’écoute et de la prise en compte des intérêts des consommateurs, des salariés mais aussi de l’ensemble des citoyens. Coopérer c’est aussi articuler les projets de vie individuels et collectifs.

Le comité de rédaction de la Fédération Nationale des Coopératives de Consommateurs

Source : En savoir plus ?

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