Le nouveau « prêt viager hypothécaire » ne doit pas devenir un substitut à la nécessaire solidarité nationale

Publié le

Le nouveau « prêt viager hypothécaire » ne doit pas devenir un substitut à la nécessaire solidarité nationale

L’UNCCAS s’interroge sur l’ordonnance proposée en Conseil des ministres le 22 mars dernier qui vise à encourager le crédit à la consommation via la création de deux nouveaux produits d’ici l’été : le « crédit hypothécaire rechargeable » et le « prêt viager hypothécaire »*.

Le premier permet d’obtenir un crédit supplémentaire (achat d’un véhicule, travaux de rénovation, etc.) sur la base de l’hypothèque donnée en garantie de son prêt immobilier ; le second permet d’obtenir un prêt, sous forme de capital ou de rentes, grâce à l’hypothèque de son bien immobilier.

Ce « prêt viager hypothécaire » offre ainsi aux personnes âgées propriétaires de leur logement la possibilité d’obtenir des revenus complémentaires fondés sur la valeur de leur bien. Cette liberté dans la gestion du patrimoine vise par ailleurs le développement de services, notamment à domicile, grâce à ces nouvelles liquidités.

Mais cette réforme ne contient-elle pas en filigrane une possible remise en cause de notre système de solidarité nationale ? On peut le penser si ces nouveaux revenus doivent à terme compenser notre système de retraites ou la prise en charge de la dépendance, aujourd’hui mis à mal par le défi démographique et financier du vieillissement de la population. Cette réforme augurerait aussi un système inégalitaire, avec d’un côté ceux qui disposeront de ressources complémentaires pour couvrir leurs besoins, et de l’autre, ceux qui ne disposeront pas du patrimoine pour le faire, soit 30% des 60-69 ans qui ne sont pas propriétaires de leur logement (INSEE 2000).

L’UNCCAS s’interroge également sur les risques de surendettement contenus dans le « crédit hypothécaire rechargeable », par son incitation à l’emprunt. Car bien que les Français soient moins endettés que leurs voisins européens (62% contre 80% en Europe), la Banque de France n’en a pas moins constaté le doublement des dossiers présentés en commissions de surendettement entre 1995 et 2002.

Des réformes à suivre donc... mais qui d’ores et déjà nous invitent à réfléchir, avant même la question des moyens, au modèle de société que nous souhaitons pour les générations à venir. Opposée à l’idée d’un système fondé sur le chacun pour soi, l’UNCCAS milite quant à elle pour un débat de fond sur la place et le rôle des personnes âgées dans notre pays et sur les moyens de solidarité nationale qui permettent à tous et à chacun, de disposer des ressources nécessaires à son autonomie.


---------------------------------------------

Tous les commentaires

01-10-2006 par Anne

Moi non plus je n’ai pas d’héritier et j’aimerais bien pouvoir profiter de ma retraite sans avoir à toujours tirer le diable par la queue. Connaissez-vous un Etablissement de crédit ou une Banque auprès duquel on peut enfin obtenir ce prêt viager ???

23-04-2006 par Jacques Frilens

Le crédit hypothécaire rechargeable et le viager hypothécaire, encore une micro réformette qui met un temps incroyable à se mettre en place.

Bien sà »r, il y a des résistances.... Déjà la résistance de ceux qui sont allergiques au simple fait de l’idée qu’il pourrait y avoir une inspiration anglo-saxonne. Mais il y a surtout la résistance de beaucoup de grandes banques, sous prétexte de protéger les citoyens du risque de surendettement (!!!). La résistance des banques (pas toutes heureusement), et leur empressement à limiter la portée de la réforme, devrait pourtant interpeller...

Un certain nombre de grandes banques ont tout intérêt au maintien du système actuel. D’ailleurs celui qui rencontre des difficultés financières ne rencontre aujourd’hui guère d’obstacle pour aller vers le surendettement. Les banques traditionnelles ne prêtent pas à des conditions intéressantes à des clients qui paraissent en difficulté. Mais leurs clients peuvent très facilement recourir aux prêts (à des taux voisins de 20% hors assurance) proposés par des organismes spécialisés. Ces organismes inondent nos boà®tes aux lettres avec leurs publicités et prêtent avec grande facilité. Mais ces organismes ont des services de contentieux étoffés, et en cas de difficulté de remboursement, ils sauront faire saisir l’emprunteur et saisir son bien immobilier, si l’emprunteur est propriétaire (tout celà sans aucune réforme du crédit...). Quand on trouve des filiales de grandes banques parmi ces organismes prêteurs, ont comprend mieux...

Le prêt hypothécaire rechargeable tel qu’initialement prévu par le gouvernement, devait permettre d’emprunter au taux du marché immobilier, donc vers 4 ou 5%, et sur des durées plus longues que celles des crédits classiques réservés à la consommation. De quoi desserrer l’étreinte qui frappe les propriétaires de logement qui rencontrent des difficultés passagères. Et ceci sans devoir passer par les courtiers en restructuration de crédits, dont les services sont très loin d’être gratuits !!!

Le nouveau prêt hypothécaire devait aussi faciliter certains projets. Un exemple : la chaà®ne M6 avait montré un artisan qui avait financé le démarrage de son activité par la vente de son appartement. Avec le nouveau prêt hypothécaire, il aurait pu obtenir un prêt tout en continuant à occuper en tant que propriétaire son appartement. Il aurait ainsi économisé un loyer, ce qui l’aurait beaucoup aidé dans cette phase très difficile qu’est le démarrage. Des exemples de ce genre, il en foisonne.

12-04-2006 par Don Reinaldo

Le pret viager hypothecaire nous permettrons a vivre dans notre maison et utilizer le capital que nous avons investi. Nous n’ avons pas des enfants donc le nouveau system est tres adaptate a notre situation.

Autres articles dans cette rubrique

L’Unccas exprime son inquiétude face aux baisses budgétaires touchant les secteurs vitaux de la vie quotidienne

Un décret, publié ce jeudi au Journal officiel, acte 10 milliards d’économies à réaliser. L’Unccas s’interroge sur les réductions envisagées dans des secteurs vitaux qui impactent la vie quotidienne de la...

Les associations des solidarités et des élus locaux s’unissent pour interpeler le Gouvernement

Le 24 janvier dernier, l’Union nationale des centres communaux et intercommunaux d’action sociale (Unccas) a pris l’initiative de réunir les représentants des associations d’élus et de grands acteurs...

close