La goutte qui fait déborder le vase... Tout en le remplissant !

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La goutte qui fait déborder le vase... Tout en le remplissant !

Cette semaine, on a pu assister à une séquence particulièrement douloureuse pour le moral et pour l’idée qu’on peut se faire de notre Etat. Les bonnes volontés sont là, les professionnels, les dispositifs, mais les moyens ne sont bien entendu pas à la hauteur des enjeux et des ambitions affichées.

Le premier est la suite du baromètre dont je parlais la semaine dernière. L’UNICEF et la FAS constataient, chiffres et études à l’appui, l’abandon des 2 milles enfants sans logement, face à des dispositifs saturés. Là, l’UNICEF a interpellé les dirigeants sur la non scolarisation des enfants dont on ne sait pas trop combien ils sont réellement. Un outil de mesure est d’ailleurs l’une des revendications : un "Observatoire de la non-scolarisation, étape initiale indispensable à la lutte contre ce phénomène". En effet, il est compliqué de suivre l’évolution d’un mal si on n’a pas l’outil pour le mesurer. Ce qui est le cas. L’UNICEF en appelle à la convention des droits de l’enfant, mais également à la loi Jules Ferry de 1882. Quand on lit les témoignages, on ne peut qu’être touché par la détermination de ces jeunes, bien loin des clichés véhiculés. D’autant que les inégalités se retrouvent également dans le pays, les territoires ultra-marins sont fortement confrontés à la non scolarisation, le taux y est de 8 points supérieurs à celui de l’hexagone.

Le deuxième est l’appel lancé par les Restos du coeur, devenu malgré eux, porte parole des associations de solidarité alimentaire. La dénonciation est simple : l’inflation est tellement forte que la demande d’aide explose et que, à périmètre constant, les associations solidaires sont obligées de réduire leurs interventions. Situation horrible pour des personnes et associations animées par la seule envie d’aider l’autre dans la souffrance. Les Restos a eu seul constate un déficit de 55 millions d’euros. L’appel a fait grand bruit, le gouvernement a été obligé de réagir et annoncer une rallonge budgétaire (Bien lire mon commentaire sous le communiqué). La communication gouvernementale parle d’ailleurs des 156 millions versés pour le soutien sur 2023 et cela a enclenché des discussions et débats sur le fait de déléguer à des associations, l’aide alimentaire aux plus pauvres. L’appel a également été entendu par le patron du groupe LVMH qui a décidé de faire un chèque de 10 millions d’euros aux restos. Vu la communication qui en a été faite, l’investissement était rentable. Dans les cas, les bénéficiaires de l’aide ne regarderont pas d’où vient l’argent et tant mieux, c’est le propre de la philanthropie. L’inverse n’est pas vrai, et c’est la nature même de la philanthropie, et ce qui peut lui être reproché. Dans le sillage de l’appel, le Crédit Mutuel a décidé de verser également 17 millions d’euros issus de son dispositif de dividende sociétal.
Le mouvement associatif a fait remarqué que l’appel au secours ne date pas de cette semaine et que leur étude sur l’inflation vue par les associations montrent pleinement ce que les restos expriment.
Pas sûr que le secours populaire pensait "bénéficier" d’un terreau aussi propice à la communication de son sondage sur la pauvreté en France et en Europe, paru mercredi. On y apprend, pour rester dans le sujet, que "58% des Français craignent de basculer à court terme dans la précarité et qu’un Français sur trois (32%) a des difficultés à se procurer une alimentation saine permettant de faire 3 repas par jour".

Pour finir, Hexopée lance un pavé dans la mare en pointant la volonté du gouvernement de supprimer 15000 emplois aidés, dont une partie relève de ses champs d’action : éducation populaire, tourisme social, sport et du logement accompagné. 48% de ces associations disent en effet avoir recours aux CUI-CAE ou aux PEC, pour représenter 6,5% du total des effectifs dans le secteur. Catastrophe à venir !

Bonne lecture,
Bonne fin de semaine

Guillaume Chocteau

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