Bolloré, sponsor de la COP21 et des atteintes aux droits humains ?

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Bolloré, sponsor de la COP21 et des atteintes aux droits humains ?

A quelques jours de la COP21, le groupe Bolloré s’affiche comme partenaire officiel du sommet sur le climat, alors que l’association Peuples Solidaires-ActionAid France lance un appel urgent pour soutenir les demandes des populations riveraines des filiales Socfin au Cameroun, dans lesquelles investit le groupe Bolloré.

A Paris, le groupe Bolloré s’affiche comme partenaire officiel du sommet sur le climat (COP 21). Mais ailleurs dans le monde, il investit dans des activités qui aggravent le réchauffement climatique et sont soupçonnées de provoquer des atteintes aux droits humains. Ainsi, l’entreprise Socfin, dont Bolloré est le principal actionnaire, développe des plantations de palmiers à huile et d’hévéas dans plusieurs pays dont le Cambodge, la Côte d’Ivoire, le Sierra Leone ou encore le Libéria. C’est également le cas au Cameroun où des communautés locales se plaignent de problèmes d’occupation de terres, de pollution des rivières et des conditions de travail dans les plantations.

Selon les enquêtes du ReACT (Réseau pour l’Action Collective Transnationale), 6000 paysan-ne-s ont vu leurs forêts détruites et 40000 hectares de leurs terres allouées à la Socapalm, la plus grande entreprise productrice d’huile de palme brute au Cameroun. Depuis l’arrivée de cette culture, des milliers d’hectares de forêt ont été défrichés puis progressivement remplacés par des monocultures de palmier à huile, réduisant d’autant les cultures vivrières dont dépendent les populations locales.

La Socapalm appartient au groupe Socfin, dont l’actionnaire principal, avec 38% du capital, est le groupe Bolloré. C’est pourquoi les organisations locales adressent leurs demandes à Socfin et à Bolloré. « Ces terres nous ont été volées. Nous venons maintenant les reprendre et les occuper jusqu’à ce qu’un accord avec Bolloré et la Socfin soit trouvé » s’indigne Michel Essonga, un paysan camerounais.

« Le groupe Bolloré ne peut pas à Paris prétendre soutenir les négociations pour le climat et au Cameroun financer des activités qui aggravent le réchauffement climatique et la faim des populations locales. » rétorque Audrey Arjoune, chargée de mission Justice climatique de Peuples Solidaires-ActionAid France.

Après avoir demandé sans succès à Bolloré de tenir compte de leurs demandes, les communautés locales représentées par la Synergie Nationale des Paysans et Riverains du Cameroun (Synaparcam) en appellent à la solidarité internationale pour se faire entendre. Peuples Solidaires-ActionAid France, avec le ReACT se mobilisent et lancent un appel urgent pour relayer leur voix, à l’aune de l’ouverture des négociations climat http://bit.ly/1Nt3LJP

« Alors que François Hollande a appelé à "la solidarité et à la justice face au climat", n’y a-t-il pas contradiction entre les objectifs affichés du sommet - lutter contre les dérèglements climatiques, pour la protection de l’environnement et les droits des populations locales - et le fait d’investir dans les activités de la Socfin ? » interroge Audrey Arjoune.

Avec le groupe Bolloré devenu sponsor officiel de la COP21 le 5 octobre dernier, les autres partenaires officiels comptent plusieurs entreprises françaises aux activités néfastes pour l’environnement comme Total, Engie ou BNP Paribas. Le gouvernement a choisi de réduire ses chances de voir un accord juste, ambitieux et contraignant signé à Paris, dont nous avons besoin face à l’urgence climatique.

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