Livre "Management des entreprises de l’économie sociale et solidaire : Identités plurielles et spécificités"

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Livre "Management des entreprises de l'économie sociale et solidaire : Identités plurielles et spécificités"

L’Économie Sociale et Solidaire (ESS) représente aujourd’hui, en Europe, près de 10% de l’emploi total et même plus dans certains pays, dont la France. Avec la crise, ce secteur prend une importance sociale, économique et politique croissante.

La gestion des coopératives, mutuelles, fondations et associations est ainsi doublement interrogée en interne vis-à-vis de leurs « propriétaires » disposant de motivations particulières (socioéconomiques) et vis-à-vis de leurs communautés et territoires (relations aux partenaires publics et aux citoyens). C’est pourquoi, la performance de ces organisations prend nécessairement une dimension sociale, voire sociétale.

Les logiques de fonctionnement et d’action des managers de l’ESS sont, elles aussi, souvent particulières, hybrides et parfois paradoxales. Elles remettent en cause les découpages et frontières classiques du management, ainsi que les modèles de rationalité associés (public/privé, marchand/non-marchand, intérêt collectif/intérêt particulier...). Face à une telle complexité, les principes et les outils de gestion de ces entreprises sont-ils alors spécifiques ? Ces entreprises sont-elles à l’origine d’innovations managériales et sociales particulières ? Comment concilier solidarité et efficacité dans un univers de plus en plus concurrentiel ? L’évolution marchande et financière, comme les problématiques de développement durable, interrogent également le mode de fonctionnement et l’avenir de ces organisations.

L’objectif de cet ouvrage collectif, auquel ont contribué des experts du management des entreprises de l’économie sociale qui ont participé à un colloque international - soutenu par le Crédit Mutuel - sur le sujet, est d’apporter des réponses quant à la manière de renouveler les stratégies et les modèles de management, sans pour autant renier les valeurs et les principes fondamentaux de l’ESS.

Il s’adresse aux étudiants et aux professionnels travaillant dans le secteur de l’économie sociale et solidaire (coopératives, mutuelles, associations et fondations) et intéressera également tous les managers et étudiants en management.

Emmanuel BAYLE
est Professeur à l’IAE de l’Université Jean Moulin Lyon 3 (Centre de recherche Magellan). Il est actuellement en détachement comme Professeur à l’Université de Lausanne (ISSUL). Il est auteur ou coauteur de cinq ouvrages, d’une trentaine d’articles de recherche et d’une vingtaine de chapitres d’ouvrages en management du sport.

Jean-Claude DUPUIS
Docteur en Sciences économiques, habilité à diriger des recherches (HDR) en Sciences de gestion, il est responsable de l’École française de l’Immatériel, ainsi que délégué général de la chaire « Responsabilité Globale et Capital Immatériel » de l’IAE de Paris. Il est, par ailleurs, rédacteur en chef de la Revue de l’Organisation Responsable (classée CNRS/AERES). Il occupe également les fonctions de conseiller scientifique de l’Olympique lyonnais.

Ont contribué à la rédaction de cet ouvrage : Jérôme Boncler, Michel Capron, Jean-Baptiste Cartier, Sonia Couprie, Danièle Demoustier, Christophe Everaere, Philippe Eynaud, Alan Fustec, Patrick Gilormini, Nathalie Hector, Benjamin Huybrechts, Jean-Louis Laville, Gérard Leseul, Marie-Claire Malo, Alain-Charles Martinet, François Mayaux, Hugues Mouchamps, Philippe Naszalyi, Alex Nicholls, Benoit Pigé, Erwan Queinnec, Nadine Richez-Battesti, François Silva et Patrick Valéau.

Extrait de l’introduction d’Emmanuel Bayle université Jean Moulin Lyon 3 et Jean-Claude Dupuis université Paris 1-Sorbonne

L’économie sociale et solidaire (E.S.S.) représente aujourd’hui, en Europe, près de 10 % du P.I.B. et de l’emploi total et même certainement plus dans certains pays (Laville, 2007). En France, en 2007, l’E.S.S. représentait, selon l’INSEE, 800 000 entreprises (très majoritairement sous statut associatif), soit deux millions de salariés. « Le terme d’économie sociale et solidaire regroupe un ensemble de coopératives, mutuelles, associations, syndicats et fondations, fonctionnant sur des principes d’égalité des personnes (une personne, une voix), de solidarité entre membres et d’indépendance économique. Toutefois le premier terme de l’expression se réfère plutôt à des organisations identifiées par leur statut et occupant une place importante dans la vie économique (banques, mutuelles, etc.). La notion d’économie sociale est née à la fin du XIXe siècle et s’est progressivement structurée sous l’impulsion du socialisme utopique, du mouvement ouvrier et du catholicisme social. Le deuxième terme, la notion d’économie solidaire, se rapporte à des activités visant à expérimenter de nouveaux "modèles" de fonctionnement de l’économie, tels le commerce équitable ou l’insertion par l’activité économique. » (Draperi, 2007). Depuis les années 1970, les acteurs de l’économie sociale et solidaire sont à l’origine de la création de nouveaux concepts, de nouvelles alternatives et défis auxquels le marché et le secteur public n’ont pas réussi à répondre ; il en est ainsi des finances solidaires, du commerce équitable, de la consommation citoyenne, de l’agriculture durable, des services collectifs de proximité, des systèmes d’échange local, des activités d’insertion par l’économique.

Les organisations de l’E.S.S. touchent ainsi la vie de la quasi-totalité de la population ; plusieurs millions de personnes sont adhérentes à des mutuelles de santé, d’automobile ou d’habitation. Les coopératives de distribution alimentaire (Centre Leclerc, Système U, etc.) sont aussi très connues, de même que les banques coopératives comme le Crédit Mutuel, le Crédit Agricole, la Banque Populaire, etc. Les associations dans les domaines sportif, culturel ou sanitaire et social rendent des services à des millions d’adhérents et voient s’investir, en France, plus d’une dizaine de millions de bénévoles (France Bénévolat, 2010).

De tels chiffres expliquent pourquoi l’E.S.S. est aujourd’hui perçue comme une alternative à travers un mode d’entrepreneuriat différent, que ce soit en France, en Europe ou dans le monde (Laville, 2007).

Avec la crise, ce secteur a pris une importance sociale, économique et politique croissante.

D’une part, il est considéré comme un des leviers possibles de la réforme et du désendettement de l’État (privatisation des services publics plus soluble dans l’E.S.S. que dans le secteur privé marchand et/ou renforcement des partenariats et de la délégation de la sphère publique vers l’E.S.S.) s’inscrivant dans les théories du New Public Management (Giauque et Emery, 2008).

D’autre part, la montée en puissance de l’E.S.S. semble être une réponse à la crise de légitimité que traversent les entreprises à impulsion capitaliste. Elle contribue au renouvellement des modèles d’entreprise via notamment une plus grande prise en compte de la Responsabilité Sociale des Entreprises (R.S.E.). De très grandes entreprises s’en inspirent pour développer de nouvelles formes de philanthropie à travers, entre autres, la création de fondations d’entreprise et de fonds de dotation qui leur permettent de travailler de façon plus proche avec le monde associatif et la société civile. Reste que, si E.S.S. et R.S.E. peuvent aisément se combiner, elles ne sont pas forcément solubles l’une dans l’autre.

On est en droit de se demander si le mode de développement qu’elles promeuvent est le même. La R.S.E. doit être comprise comme une tentative de mise en oeuvre d’un régime de croissance plus soutenable/durable. Elle cherche à promouvoir des modes de management où l’optimisation de la performance financière va de pair avec la préservation des ressources naturelles et humaines. L’économique y reste donc dominant (par rapport au social et à l’écologique). Il y a peut-être là une différence de finalité avec les organisations de l’E.S.S. Seule une observation attentive de la gestion des tensions entre performances financière, sociale et écologique au sein des entreprises peut apporter des éléments de réponse.

Dans un contexte porteur d’enjeux nouveaux et de plus grande complexité, la gestion des coopératives, mutuelles, fondations et associations est, en fait, doublement interrogée en interne vis-à-vis de leurs « propriétaires » disposant de motivations particulières (socio-économiques) et vis-à-vis de leurs communautés et territoires (relations aux partenaires publics et aux citoyens). C’est pourquoi la performance de ces organisations prend nécessairement une dimension sociétale. Les logiques de fonctionnement et d’action des managers de l’E.S.S. sont, elles aussi, souvent particulières, hybrides et parfois paradoxales. Elles remettent en cause les découpages et frontières classiques du management, ainsi que les modèles de rationalité associés (public/privé, marchand/ non marchand, intérêt collectif/intérêts particuliers...). Face à une telle complexité, les principes et les outils de gestion de ces entreprises sont-ils alors spécifiques ? Ces entreprises sont-elles à l’origine d’innovations managériales et sociales particulières ? Comment concilier solidarité et efficacité dans un univers de plus en plus concurrentiel ? L’évolution marchande et financière comme les problématiques de développement durable interrogent également le mode de fonctionnement et l’avenir de ces organisations (Draperi, 2009).

Détails sur le produit

Broché : 320 pages
Editeur : De Boeck (18 août 2012)
Collection : Méthodes & Recherches
Langue : Français
ISBN-10 : 2804170918
ISBN-13 : 978-2804170912

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