L’été 2025 a été une nouvelle fois marqué par la sécheresse, des épisodes de canicule et de multiples incendies. Face à ces problèmes, que peuvent faire les économistes ? Sont-ils trop peu concernés par la question ? Ont-ils les outils pour aider la société à cerner les enjeux économiques ?
Avec
Timothée Parrique, timothée Parrique, chercheur en économie écologique à l’Université de Lausanne, auteur du livre « Ralentir ou périr : L’économie de la décroissance", paru en 2022 aux Editions du Seuil
Lionel Ragot, lionel Ragot, professeur d’économie à l’université Paris Nanterre et conseiller scientifique au CEPII (Centre d’études prospectives et d’informations internationales)
Si les économistes ne sont pas armés pour juger des questions éthiques qui sont présentes quand on parle d’environnement - est-ce éthique de laisser s’éteindre une espèce ? - ils se sont intéressés dès le XIXè siècle aux externalités négatives des activités économiques. "L’acte de naissance de l’économie de l’environnement, on peut le faire remonter à Arthur Pigou", note Lionel Ragot. Arthur Pigou, économiste britannique, "a mis en évidence le concept d’externalité négative sur un cas très concret, le développement des chemins de fer au Royaume-Uni. Les locomotives avaient tendance à faire de grosses étincelles quand elles roulaient sur les rails et ces étincelles mettaient le feu aux cultures environnantes, ce qui posait de gros problèmes aux agriculteurs anglais. Pour remédier au problème, l’économiste a mis en place la taxe Pigouvienne pour faire comprendre aux opérateurs des chemins de fer anglais que leur activité avait un coût, un coût social qu’eux ne supportaient pas. Les opérateurs ont alors amélioré le roulement des locomotives pour ne pas payer la taxe et ainsi, les incendies ont quasiment diminué. Cela a été le début de nombreux travaux en économie d’environnement, parce que ce sont des problèmes de pollution qui se sont développés à partir de ce moment-là".
Bien que les économistes ne s’accordent pas forcément sur les bienfaits, ni l’efficacité des taxes comme vecteur poussant à moins polluer, il existe d’autres outils en économie de l’environnement comme les marchés de droit à polluer au sein de l’Union européenne, par exemple, qui poussent les entreprises à moins polluer. Thimotée Parrique se montre critique de ce genre de dispositif et estime que les économistes de l’environnement "contraints par le cadre néoclassique qui ne leur fait voir que l’économie monétaire" cela "leur donne comme solution essentiellement des politiques par les prix, qui n’ont pas très bien fonctionné d’ailleurs".