Statistiques techniques et éthiques ?

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Statistiques techniques et éthiques ?

Les statistiques ethniques sont de retour. La perspective du projet de Loi heurte et embarrasse.

A l’automne 2007 déjà, le texte relatif « à la maîtrise de l’immigration, à l’intégration et à l’asile » prévoyait une disposition permettant le dénombrement des groupes ethniques. Cette disposition, froidement connue sous le vocable « statistique ethnique », avait suscité une levée de boucliers et la saisine du Conseil Constitutionnel par plus d’une centaine de parlementaires. L’institution avait rendu un avis négatif sur ce qui, reposant sur l’origine ethnique ou la race, méconnaissait « le principe énoncé par l’article 1er de la Constitution ».

Au détour des recommandations d’un groupe de réflexion désigné par Yazid Sabeg, le sujet est de nouveau d’actualité. Dès lors, l’interrogation est permise : est-ce la réponse - mal formulée - à un besoin de société ? ou cette funeste intention serait-elle la traduction législative d’une idéologie sujette à caution ?

En une quarantaine d’années, la France est devenue une société multiculturelle, avec 7 à 8 millions de personnes originaires d’Afrique et d’Asie. Cette mutation, qui se poursuit, suscite des débats de divers ordres. A l’évidence, la première condition pour mener un débat démocratique et rationnel est l’établissement d’un état des lieux objectif et précis. Le malaise provient sans doute de la rencontre brutale d’un besoin actuel de données démographiques et sociologiques et d’une histoire chargée de dérives dans ce domaine. « Statistiques ethniques » sonne de façon ambigüe, et interroge sur la finalité de la démarche. La Ligue de l’Enseignement aurait préféré une dénomination moins ambigüe (« statistiques de la diversité » par exemple) et une démarche encadrée où l’objectif de lutter contre les discriminations est souligné.

A titre de comparaison, les statistiques religieuses fournissent depuis longtemps les données sur le nombre et le pourcentage de croyants et/ou incroyants sans créer de fichiers nominatifs à juste titre prohibés par la loi.

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