Jeudi Noir ouvre une cité U… dans les locaux du Crous

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Jeudi Noir ouvre une cité U… dans les locaux du Crous

Vous avez aimé « Jeudi Noir occupe une banque vide rue de la banque », vous avez été étonné lors de l’expulsion illégale de Jeudi Noir d’un bâtiment immense sans aucun projet… Alors vous adorerez le nouvel épisode de la saga de Jeudi Noir en lutte contre un monde qui marche sur la tête :

« Jeudi Noir loge des étudiants dans un immeuble du Crous… vide depuis quatre ans ! »

Dans une ville comme Paris qui compte à peine une place en cité U pour 100 étudiants, le Crous s’est payé le luxe d’abandonner un immeuble à 250 mètres de la Sorbonne, en plein coeur du quartier latin, où il serait plus utile pour les étudiants que pour les pigeons.

Depuis une semaine, neuf étudiants et jeunes précaires ont élu domicile dans cet ancien centre médico-social de 500 m² en très bon état (eau chaude, électricité, chauffage). Ils entendent échapper ainsi aux prix démentiels des loyers parisiens (qui sont toujours en hausse malgré les apparences) et transformer ce lieu exemplaire en plate-forme de revendication pour porter nos dix et une propositions pour sortir les jeunes de la galère du logement, soutenues par les jeunes de AC le Feu, la Cé, de Fac verte, de la Fage, de la France qui se lève tôt, de Génération-Précaire, des JCR, des jeunes radicaux de gauche, des jeunes verts, de Macaq, du MJCF, des MJS, du MRJC de Prado, de RAIDH de RéSo, de Sud-étudiant, de l’UDB, de l’Unef, et des militants jeunes des Alternatifs, d’Attac, du Modem…

Un bâtiment sans projet précis

Jeudi Noir n’a pas investi ce bâtiment au hasard, mais après une minutieuse enquête menée depuis plusieurs mois. Le 24 rue de la Harpe appartient à l’Etat qui en a confié la gestion au CROUS. A l’origine, il s’agit d’une donation : la convention précisait que le bâtiment devait servir de centre de santé pour étudiants.

Hélas, depuis le 21 décembre 2004, le bâtiment est abandonné. Une affichette (voir photo en pièce jointe) précise que des travaux devaient y être effectués à cette date, or cela ne s’est jamais produit : tout est resté en place, la vie s’est figée sans que personne ait songé à évacuer les affaires… Depuis, le CROUS paie des charges pour ce bâtiment vide. Aucun permis de construire n’est apposé.

Aujourd’hui, le directeur adjoint du Crous affirme dans la presse qu’il « ne comprend pas » cette occupation car des travaux sont prévus en « juin 2009 » pour loger des « étudiants handicapés ». Selon lui Jeudi Noir « retardera » ce projet. Pour rétablir la vérité, nous vous livrons quelques informations :
- Contactée en décembre 2008, la Société de gérance d’immeubles municipaux (SGIM), nous écrit « Il y a plus d’un an la Ville de Paris nous a demandé d’étudier des logements étudiants au 24, rue de la Harpe, propriété du CROUS. Une pré faisabilité avait été réalisée par la SAGI [1] il y a très longtemps. Nous avions contacté à l’époque le CROUS pour en savoir un peu plus sur le programme, mais nos interlocuteurs ne nous ont pas rappelé. »
- Lors de notre première rencontre avec lui, M. Hembise déclare devant nous qu’il n’y a pas de projet sur ce bâtiment. Le soir même, le projet est né, et les travaux sont même prévus pour dans six mois !
- Les représentants de l’UNEF et de la FAGE au CA du CROUS confirment qu’aucun projet sur ce bâtiment n’a été examiné en CA. Des projets sont en discussion mais ne semblent pas prioritaires.

Ainsi, il nous semble très improbable que des travaux commencent en juin 2009. En tout état de cause, si tel était le cas, Jeudi Noir se féliciterait d’avoir contribué au réveil du Crous après quatre ans de sommeil, et s’engage, comme d’habitude, à quitter les lieux dès le début des travaux.

S’il est vraisemblable que la remise aux normes de ce bâtiment pourrait s’avérer onéreuse, cela ne justifie pas une vacance de plus de quatre ans ! Si M. Hembise ne comprend pas cette ocupation, Jeudi Noir ne comprend pas qu’un responsable du Crous soit manifestement incapable de comprendre que des étudiants cherchent à habiter un immeuble plutôt que le laisser vide quelques années supplémentaires…

Nous souhaitons donc proposer au CROUS une convention de bail précaire qui l’exonère de responsabilités et qui permette aux étudiants de se loger à prix modéré en attendant la reconversion ou la revente du bâtiment. Jeudi Noir invite les différents interlocuteurs autour de la table pour chercher une solution constructive : le Crous, la mairie de Paris, l’adjoint à la vie étudiante du maire du 5è arrondissement Dominique Tibéri…

[1La Société anonyme de gestion immobilière (SAGI) est une SEM en charge de la gestion et de la construction de logements à Paris

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