Cyclamed, à transformer

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Cyclamed, à transformer

L’association créée pour récupérer les médicaments non utilisés ou périmés des ménages vient de changer d’objectif, comme le recommandait d’ailleurs le CNIID : les emballages vides recyclables ne seront plus collectés par Cyclamed. En effet, les laboratoires pharmaceutiques vont maintenant cotiser au point vert et participer au financement du tri sélectif et de la collecte des emballages recyclables, ce qui signifie que les emballages recyclables de médicaments seront collectés dans une poubelle séparée, avec les autres emballages ménagers recyclables.

Cette évolution est de toute première importance, puisqu’elle implique que les boîtes en cartons et les notices en papier des médicaments pourraient ne plus être incinérées, comme c’était le cas lorsque Cyclamed les collectaient. Leur recyclage n’est toutefois pas assuré car l’opération est moins rentable pour les petits emballages que pour les grands formats. Ceci implique aussi une meilleure santé environnementale, puisqu’il est notoire que l’incinération diffuse des molécules cancérigènes.

Mais le système Cyclamed n’en devient pas meilleur pour autant. Tout juste est-il moins pire qu’avant. D’une part, parce que les médicaments que Cyclamed ne peut pas donner aux associations humanitaires sont toujours incinérés. Cyclamed participe donc à la pollution de nos poumons. Et les laboratoires pharmaceutiques, qui ont le personnel qualifié et le matériel nécessaire, ne se préoccupent toujours pas de chercher d’autres modes de traitement de ces médicaments non redistribuables. Il semblerait pourtant qu’il soit possible de stabiliser les molécules actives par traitement chimique ou de les rendre inactives par enrobage (1). Il faudrait dans ce cas des centres de stockage qui pourraient être spécifiques, et non des incinérateurs, pour mettre hors d’atteinte ces médicaments désactivés. Ceci permettrait d’éviter de mélanger les déchets, mais ne serait pas la panacée pour autant : à quand une gestion plus cyclique des médicaments et des études sur la faisabilité de la séparation des molécules entre elles, afin de pouvoir les utiliser à nouveau dans d’autres domaines, comme cela se pratique déjà pour certains solvants ?

D’autre part, le fait que Cyclamed existe encourage ces mêmes laboratoires à produire toujours plus de pilules et de sirops sans se soucier du devenir des substances actives. Les laboratoires " ignorent " les associations humanitaires, lesquelles ne souhaitent pas recevoir des médicaments distribués une première fois, entrés dans les ménages et collectés ensuite sans suivi (2) ; ils " ignorent " la volonté de pays comme le Togo, qui a promulgué une charte du don de médicaments interdisant pour les mêmes raisons, sous peine de poursuites judiciaires et d’amendes, les dons type Cyclamed (3) ; ils " ignorent " la réduction des déchets à la source, en emballant par 20 ou 30 des gélules que les médecins ne prescrivent que par 10 pour un traitement. C’est donc sciemment que les laboratoires pharmaceutiques mettent sur le marché plus de médicaments que nécessaire (4).

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