Rapport Attali : Un patchwork pour le meilleur… et pour le pire

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Rapport Attali : Un patchwork pour le meilleur… et pour le pire

Aujourd’hui, mercredi 23 janvier 2008, Jacques Attali a présenté le rapport de la commission qu’il a présidé et qui avait pour but d’émettre des propositions pour relancer la croissance française.

Dans ce rapport, se trouvent de nombreuses propositions concernant l’Enseignement Supérieur et l’insertion professionnelle. La plupart des thématiques sont présentes, des stages à la gouvernance des universités, en passant par son financement et l’orientation des étudiants. La FAGE, qui attendait ce rapport avec intérêt, en propose l’analyse suivante :

Les propositions pertinentes :
- Alternance : La FAGE appuie la proposition qui vise à développer le modèle de l’alternance. Nous sommes convaincus que ces formations constituent un exemple pertinent de professionnalisation dans l’enseignement supérieur tout en facilitant l’intégration des jeunes sur le marché du travail. La FAGE milite, pour que 20% des formations universitaires soient, à terme, ouvertes à l’alternance.
- Stages : La FAGE approuve la proposition faite sur la nécessaire mutualisation des bonnes pratiques des entreprises en matière d’encadrement de stages . Pour la FAGE, ces acteurs locaux pourraient concrétiser ces échanges au sein des bureaux d’aide à l’insertion professionnelle (obtenus par la FAGE par le biais d’un amendement dans la loi LRU).
- Enseignants-chercheurs : La FAGE rejoint la commission sur la nécessité réformer le statut des enseignants-chercheurs. Cette dernière doit notamment permettre une meilleur prise en compte de la pédagogie dans la carrière de ces fonctionnaires.
- Gouvernance : La FAGE juge favorablement la proposition de mise en place d’instances de contrôle (comités académiques) des présidents d’universités. La commission pointe, tout comme la FAGE l’a fait cet été, un manque inhérent à la loi LRU sur l’équilibre des pouvoirs au sein des établissements.
- Évaluation par les étudiants : L’évaluation des enseignements et des enseignants par les étudiants constitue une nécessité pour nos universités. Ces pratiques doivent être considérablement développés pour améliorer la qualité des formations et de la pédagogie dans nos universités. Le retard accumulé par la France dans ce domaine est considérable par rapport à ses homologues européens.
- Orientation : Le rapport préconise de valoriser la formation tout au long de la vie, en se référant notamment à l’exemple de la Suède. Pour la FAGE, cette ouverture des portes de l’Université aux actifs est une bonne chose sachant, qu’en ce domaine, la France est une fois de plus à la traîne.
- International : La FAGE est convaincue depuis longtemps que le développement des cursus en langues étrangères doit permettre un accroissement de l’attractivité des universités françaises et une ouverture accrue de ces dernières sur le monde.

Les propositions non pertinentes :
- Stage : Pour la FAGE, la durée de six mois proposées pour les stages au niveau Licence est, dans le contexte actuel, excessive. En effet, l’absence de cadre législatif suffisant pour les stages laisse craindre un développement des abus, concernant notamment le manque d’encadrement et les missions attribuées aux stagiaires.
- Enseignants-chercheurs : Le rapport propose de recruter et de financer tous les nouveaux chercheurs sur des contrats de quatre ans renouvelables au maximum trois fois. Cette proposition floue nous interroge : Que deviennent ces chercheurs après leur 12 ans de recherche ? Sont-ils licenciés ? Sont-ils contraints à faire uniquement de l’enseignement ?
- Création de dix pôles universitaires pluridisciplinaires : La création de ces dix pôles universitaires pluridisciplinaires financés à 80% par le privé creuserait un peu plus le fossé entre universités, et laisse entrevoir un risque considérable de privatisation de l’Enseignement Supérieur et de désengagement de l’Etat. S’il est vrai que la concurrence existe déjà entre les établissements, l’Etat ne doit pas accentuer ce système en dotant d’avantage certains d’entre eux, au détriment des nombreuses autres universités dans le besoin. L’Université à deux vitesses ne doit pas être le modèle français de l’Enseignement supérieur.
- Gouvernance des universités : La proposition faite par la commission de réduire encore la taille du conseil d’administration des universités constitue une véritable provocation pour les étudiants. De plus, l’évaluation interne proposée ne doit pas se limiter aux enseignements mais s’élargir également au fonctionnement global des universités.
- Financement : Il est dommage de voir que le rapport préconise un financement inférieur à celui proposé par le Gouvernement (800M contre 1 Md) en vue de relancer l’enseignement supérieur.
- Grandes écoles : La volonté d’obtenir d’une part un encadrement en Licence équivalent à celui des CPGE, et d’autre part d’augmenter le nombre de places pour les grandes écoles semble paradoxal. En effet, la FAGE milite pour un enseignement supérieur de l’excellence pour tous, qui soit centré sur l’université. Nous craignons donc que l’augmentation des places dévolues aux grandes écoles risque de se faire, une fois de plus, au détriment des universités.
- Licence : Les propositions de ce rapport concernant le grade de Licence n’apporte aucune proposition innovante. Les préconisations avancées par la commission sont d’ores et déjà en cours d’application dans le plan Licence proposé par Valérie Pécresse.
- International : Le rapport propose d’instaurer un classement annuel des universités européennes. La FAGE doute de l’efficacité d’une telle proposition dans la mesure où les classements existants sont peu pertinents, les critères utilisés ne permettant pas de comparer correctement des universités. Le classement de Shanghai en est un exemple frappant, notamment sur les critères liés à la Recherche.

Pour la FAGE, le rapport remis ce matin par monsieur Attali au président de la République est loin d’être innovant pour notre Enseignement supérieur. Si certaines propositions contenues en son sein sont pertinentes, d’autres en revanche ne font que légitimer les positions déjà actées, et sujettes à controverse, par le président de la République. La FAGE demande donc au Président de la République de ne pas mettre en œuvre l’ensemble des propositions de ce rapport, contrairement à ce qu’il a déjà pu annoncer récemment.

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