Présidence française de l’Union Européenne : la LPO affiche ses priorités

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Présidence française de l'Union Européenne : la LPO affiche ses priorités

La LPO, qui fait partie du réseau européen BirdLife International, affiche ses priorités pour la Présidence française du Conseil de l’Union Européenne qui débutera le 1er juillet prochain. Dans un document de synthèse (« Greening Europe »), les deux organisations présentent leurs recommandations sur le changement climatique, le bilan de santé de la PAC, la future directive sur les énergies renouvelables, la reforme du budget et la protection de la biodiversité.

La LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux), représentant officiel de BirdLife International, se félicite que les priorités de la Présidence française de l’Union Européenne, soient la lutte contre le changement climatique et la réforme de la PAC. Cependant, elle souhaite que notre pays soit le moteur d’une véritable révolution durable permettant de protéger la biodiversité et les écosystèmes.

Durant les six prochains mois, la LPO attend que des décisions clés soient prises :
- adoption d’une directive solide et ambitieuse de production d’énergie renouvelable pour atteindre l’objectif de 20 % et contribuer à réduire les émissions de CO2, sans causer de dommages à la biodiversité et aux écosystèmes ;
- mise en place d’un moratoire sur l’objectif de 10 % d’agro-carburants pour 2020 et amélioration radicale des critères de durabilité afin de ne pas dégrader la biodiversité et de ne pas aggraver la crise alimentaire ;
- amélioration des propositions du bilan de santé de la PAC. Réorientation du financement sur les pratiques agricoles durables, respectueuses de la biodiversité. Assurance que les agriculteurs, qui bénéficient de l’argent public, respectent la législation environnementale et de bonnes pratiques ;
- rôle de leader de la France dans les discussions sur le bilan du budget afin de promouvoir l’utilisation « de fonds publics pour des biens publics ». D’avantage de transparence dans la distribution des subventions.

La France prend la tête de l’Union Européenne à moins de deux ans de l’échéance fixée à 2010 pour stopper la perte de biodiversité.

Or, notre pays joue un rôle de premier plan dans ce domaine, en raison notamment de ses nombreuses collectivités territoriales d’outre-mer, à la grande richesse écologique. Face aux contraintes biogéographiques spécifiques et aux invasions d’espèces allogènes que subissent les îles d’outre-mer, l’ultramarin français doit relever des défis considérables. Sans le support des directives européennes Oiseaux et Habitats, des outils innovants de protection de la nature dans ces zones sont à imaginer. Dans la dernière liste rouge, préparée par BirdLife International pour l’UICN (Union Mondiale pour la Nature), le nombre d’espèces d’oiseaux mondialement menacées est passé de 75 contre 71, il y a quatre ans.

La Présidence française de l’Union Européenne doit permettre, à chacun de nous, de vivre en bonne santé dans un environnement économiquement et humainement satisfaisant. Protéger les écosystèmes et les ressources naturelles est le seul moyen d’y parvenir. La France doit maintenant montrer l’exemple et la route à suivre.

Allain Bougrain Dubourg
Président de la LPO


Les recommandations de la LPO et de BirdLife en détail

- Energies renouvelables
Les plans nationaux d’action en faveur des énergies renouvelables doivent être soumis à une évaluation environnementale. Ils doivent comporter une étude des zones naturelles sensibles afin de différencier celles qui posent problèmes de celles qui sont propices à l’installation de ce type d’énergie.

- Agro-carburants
Un nombre croissant d’études scientifiques tend à prouver qu’il sera impossible d’atteindre l’objectif de 10 % d’agro-carburants d’ici 2020 sans provoquer des dégâts écologiques et sociaux.
Les critères de développement durable fixés par l’Europe doivent être améliorés afin que les zones naturelles sensibles soient épargnées. Pour illustrer la faiblesse des critères actuels, BirdLife présente six exemples d’habitats détruits par les agro-carburants dans un document disponible ici.

- Bilan de santé de la PAC
Les fonds consacrés à des programmes de développement durable et à des mesures environnementales doivent être augmentés. La proposition de la Commission de moduler les subventions en fonction de critères environnementaux, plusieurs fois remise en cause, ne sera pas suffisante pour répondre aux besoins.
Cette redistribution des fonds doit être correctement effectué pour avoir le maximum d’impact face à l’urgence de la crise environnementale que représentent la perte de biodiversité, le changement climatique et les problèmes liés à l’eau.
Les surfaces herbeuses, qui sont très importantes pour la biodiversité et pour le stockage du carbone, doivent être strictement protégées.
Alors que la Commission connaissait les nombreux bénéfices environnementaux des jachères, elle a proposé de les supprimer sans apporter de solutions compensatoires. Un système de zones prioritaires pour l’environnement au sein des espaces agricoles doit être mis en place afin de permettre aux espèces de faire face aux conséquences du changement climatique.
Les fonds devront être utilisés pour soutenir une agriculture respectueuse de l’environnement, à haute-valeur environnementale.

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