Pour un fret ferroviaire au centre d’une politique durable des transports : Front uni Associations-Syndicats

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Pour un fret ferroviaire au centre d'une politique durable des transports : Front uni Associations-Syndicats

Paris, le 10 septembre 2007 - Les représentants des organisations environnementales et des syndicats1 ont décidé de faire front commun dans l’atelier transports du Grenelle de l’environnement afin de se dresser contre l’annonce de la fermeture de nombreuses gares de fret par la SNCF.

Fait sans précédent : ce lundi 10 septembre, dans l’atelier transports du Grenelle de l’environnement, les organisations ont déposé une contribution commune2, qui défend une réelle politique de transports durable.

Le grand écart entre les discours et les actes doit cesser, si l’on veut que le Grenelle soit autre chose qu’une opération de communication et si le gouvernement ne veut pas perdre tout crédit sur sa démarche.

Les organisations environnementales et syndicales signataires de la contribution commune demandent de surseoir à la décision de réduction de capacités humaines et d’infrastructures ferroviaires et exigent de l’Etat et de la SNCF, entreprise publique, un plan ambitieux de transfert du fret de la route vers le rail.

Les représentants des organisations environnementales et syndicales ont fait valoir ensemble une série de propositions, sur l’organisation des transports en général et en particulier sur la situation très préoccupante du fret ferroviaire qui est pourtant le mode de transports de marchandises le moins émetteur de gaz à effet de serre. Ils demandent
par conséquent au Grenelle d’adopter ces mesures et de les mettre en oeuvre rapidement par le MEDAD.

Par ailleurs, sur cette base unitaire, les organisations signataires prendront des décisions de mobilisation et d’action nécessaires, associant la population, pour faire valoir la prise en compte d’une politique écologiquement, économiquement et socialement responsable des transports.

1 Les Amis de la Terre*, Réseau Action Climat - France*, Greenpeace*,
WWF* (*membres de l’Alliance pour la planète), FNAUT, Fondation Nicolas
Hulot, France Nature Environnement, CGT, CFDT, CFE-CGC, FO
2 voir texte complet ci après

*****
« Grenelle » de l’Environnement
Associations et syndicats unis pour une réelle
politique durable des transports

Paris, le 10 septembre 2007 - Dans le cadre de l’atelier « transports » du Grenelle de
l’environnement, les représentants CGT, CFDT, FO, CFE-CGC, la fédération
France Nature Environnement, la Fédération Nationale des Associations
d’Usagers des Transports, le Réseau Action Climat - France* (RAC-F), Les
Amis de la Terre*, WWF*, Greenpeace* et la Fondation Nicolas Hulot
s’accordent pour :
- Proposer ensemble des mesures de promotion d’une politique durable
des transports des personnes et des marchandises en France.
- Comme mesure d’urgence, demander de surseoir à toute nouvelle
décision de réduction des capacités de la SNCF entreprise publique de
transport ferroviaire des marchandises.

1. Des revendications communes pour une inversion des priorités de la politique des transports.
Les signataires rappellent que la lutte contre le réchauffement
climatique est une priorité majeure du « Grenelle de l’environnement ».
En France, les émissions de gaz à effet de serre des transports
représentent 26% des émissions et ont connu une progression de 23%
depuis 1990, ce qui donne à ce secteur d’activités de lourdes
responsabilités. En cause, la domination du trafic routier de personnes
et de marchandises qui concentre 92% des rejets de gaz à effet de serre
des transports, dont plus de la moitié pour la voiture individuelle.
Constatant que la priorité absolue à la route engendre des nuisances
considérables à la collectivité (contribution majeure à l’effet de
serre, pollutions locales et globales, bruit, accidents, conditions de
travail des conducteurs, emprise au sol, dégradation paysagère, etc.),
les organisations syndicales et de défense de l’environnement
soutiennent ensemble les propositions suivantes, nécessaires à la mise
sur pied d’une véritable politique écologiquement et socialement
responsable des transports.
Celles-ci supposent notamment que l’Etat prenne les mesures pour
imputer au transport routier ses coûts environnementaux et
d’infrastructures, et investir dans les infrastructures permettant de
développer les modes alternatifs, ce qui permettra de notamment relancer
le fret ferroviaire et les transports fluviaux et maritimes.

Les organisations signataires demandent donc que les mesures suivantes
soient prises lors du « Grenelle » :
- La définition d’un plan national de réduction du trafic
routier, comportant des objectifs chiffrés, en lien avec les objectifs
nationaux de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
- Conséquemment, le classement du transport de fret
ferroviaire, fluvial et par cabotage maritime au rang d’intérêt
général, ce qui suppose de réelles obligations de service public
assignées par l’Etat et, en l’absence de péréquation possible entre les
différentes activités des entreprises concernées, une intervention des
pouvoirs publics (Etat et Régions) pour les soutenir.
- La planification du transfert modal vers les modes sobres en
carbone, ce qui suppose une réelle remise à niveau de l’infrastructure
ferroviaire, et des investissements pour développer des plate-formes
multimodales raccordées au réseau ferroviaire et fluvial.
- La mise en place d’une écoredevance sur le transport routier
de marchandises, dont les recettes seront affectées aux transports
ferroviaires, fluviaux, maritimes et combinés, cette politique devant
s’étendre au niveau européen.
- L’augmentation substantielle des financements publics
permettant le développement des transports collectifs de voyageurs.
- La priorité au ferroviaire et au fluvial dans leur domaine de
pertinence, en utilisant le transport routier de marchandises dans un
rôle complémentaire (essentiellement acheminements terminaux) aux modes
doux, ce qui permettra de repenser la configuration des véhicules
(gabarit réduit) et de revoir les conditions de travail de son salariat.

2. Un constat commun. Une réaction commune aux décisions récentes de la
SNCF sur le fret

Le grand écart entre les discours et les actes doit cesser. Si le
gouvernement veut être cohérent et ambitieux sur la question des
transports et du réchauffement climatique, il doit impérativement
demander à la SNCF, dans le cadre de son pouvoir de tutelle, de renoncer
à ce projet. Cette dernière doit surseoir à toute décision de réduction
des capacités humaines et d’infrastructures de transport ferroviaire de
marchandises et doit préparer, en accord avec l’Etat, un réel plan de
transfert du fret de la route vers le rail.
Les nouvelles décisions de la SNCF concernant son activité de transport
de marchandises montrent qu’elle s’apprête à réduire très fortement son
activité dans le domaine des « wagons isolés » et à cesser
l’exploitation d’un certain nombre de sites, comme des gares de triages
et des lignes capillaires. En effet, en pleine pause estivale, la SNCF,
établissement public sous tutelle directe de l’Etat, a décidé de fermer
dès fin novembre, 262 gares au transport de marchandises (wagons
isolés), dont des gares aussi importantes que Le Mans, Poitiers, Saint
Pierre des Corps, Limoges... pas moins de 19 villes-préfectures sont
concernées. Elle vient d’allonger la liste de 142 à 191 supplémentaires,
portant à un quart des points de desserte qui pourraient disparaître.
Ces trois dernières années, le fret ferroviaire a reculé de 13% en
volume (beaucoup plus en parts de marché) dans le cadre du dernier plan
de redressement des comptes de fret SNCF (Plan Veron) et la situation
financière de Fret SNCF ne s’est nullement améliorée. Et il est fort à
craindre que ces nouvelles fermetures de gares et suppressions d’emplois
entraînent des suppressions supplémentaires de lignes ferroviaires alors
qu’une expérimentation de fret de proximité (wagons isolés), dans
laquelle la SNCF devrait s’engager, est très fortement soutenue par les
donneurs d’ordre industriels. Les fermetures ne seraient pas sans
conséquence sur les transports collectifs de voyageurs rendant l’usage
de la route inéluctable.

3. Mobilisation sociale

L’intersyndicale, FNE, la FNAUT, la FNH le RAC- F*, Les Amis de la
Terre*, WWF*, Greenpeace* prendront dans les prochains jours les
initiatives nécessaires pour faire valoir, auprès des acteurs
économiques et de la population, la nécessité de revoir en profondeur la
politique des transports en France en soutenant ces mesures.

*Membres de l’Alliance pour la Planète

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