Les cornes de la discorde - L’impact mortel du commerce de la corne de rhinocéros

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Les cornes de la discorde - L'impact mortel du commerce de la corne de rhinocéros

D’après une synthèse de plusieurs rapports économiques sur le commerce légal et illégal de la corne de rhinocéros, il n’est pas certain qu’un assouplissement de la législation commerciale contribue à protéger les rhinocéros du braconnage, et il pourrait même se révéler contre-productif.

Commandité par le Fonds international pour la protection des animaux (IFAW, www.ifaw.org) au dernier trimestre 2013 et réalisé par la société Economists at Large, le rapport Les cornes de la discorde fait le compte rendu de plusieurs études officielles et non officielles sur les chiffres du commerce de la corne de rhinocéros.

« Cette analyse conclut que la légalisation du commerce de la corne de rhinocéros ne réduirait pas forcément le braconnage de ces animaux et, étant donné cette incertitude, on ne peut courir le risque de légaliser ce commerce », affirme Jason Bell, Directeur régional Afrique australe d’IFAW.

À la mi-décembre 2013, le gouvernement sud-africain a annoncé que 946 rhinocéros avaient été tués sur l’année, auxquels il faut ajouter six victimes découvertes le premier week-end de 2014 dans le Parc national Kruger. Ce parc est une cible privilégiée des braconniers en Afrique du Sud puisqu’il ne déplore pas moins de 573 rhinocéros tués en 2013, en dépit de tous les dispositifs de sécurité mis en place.

Les études évaluées par les pairs sur ce sujet attestent que la libéralisation du commerce de la corne de rhinocéros risque fortement de favoriser la propagation du braconnage, tandis que les études plus confidentielles font preuve de moins de rigueur économique et préfèrent se livrer à une analyse pro-commerce.

« Les groupes de pression en faveur du commerce de la corne de rhinocéros, et notamment l’industrie de l’élevage des rhinocéros, fondent leurs arguments sur des rapports non scientifiques. Leurs critiques ne sont motivées que par les profits qu’ils sont susceptibles d’engranger via l’élevage de rhinocéros et la vente de cornes, et non pas par la survie de l’espèce à long terme », déclare Jason Bell.

« Ce serait s’engager sur un terrain glissant étant donné que la survie de l’espèce est déjà fortement compromise. Une erreur de trop et les rhinocéros pourraient tout simplement disparaître. C’est pourquoi il est absolument indispensable que les décisions futures soient en accord avec l’état des connaissances scientifiques actuel ».

Pour le moment, la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) interdit tous les types de transactions commerciales impliquant la corne de rhinocéros. Les lobbys favorables au commerce font néanmoins pression sur le gouvernement d’Afrique du Sud pour qu’il mette fin à l’embargo sur le commerce des cornes lors de la prochaine réunion générale de la CITES en 2016, qui doit justement se tenir en Afrique du Sud.

« La criminalité faunique est une activité dangereuse qui touche l’ensemble de la planète, au même titre que la traite d’êtres humains, le trafic de drogues ou le trafic d’armes. Le seul moyen dont nous disposions pour endiguer le massacre des rhinocéros, des éléphants et de toutes les autres espèces, c’est de faire cesser le trafic et la demande », explique M. Bell.

Dans le cadre d’une initiative internationale visant à renforcer les capacités de lutte contre ce trafic, IFAW forme les forces de l’ordre à la prévention du trafic d’espèces de faune sauvage dans de nombreux pays d’Afrique, du Moyen-Orient, d’Asie, d’Océanie et des Caraïbes. IFAW a récemment signé un mémorandum d’entente avec INTERPOL, le premier jamais signé avec une ONG par le Programme sur la criminalité environnementale d’INTERPOL. IFAW et INTERPOL ont collaboré sur de nombreux projets depuis 2005, et notamment en 2012, lors de la plus grande opération de lutte contre le trafic d’ivoire jamais menée à l’échelle internationale.

À propos d’IFAW (le Fonds international pour la protection des animaux)

Fondé en 1969, IFAW sauve les animaux en détresse tout autour du globe. Grâce à des projets dans plus de 40 pays, IFAW vient en aide à tout animal le nécessitant, œuvre pour prévenir la cruauté envers les animaux et plaide pour la protection des animaux sauvages et de leurs habitats.

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