"L’ESS, combien de divisions ?"

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"L'ESS, combien de divisions ?"

Cette formule de Staline (A Pierre Laval puis Churchill) me sied assez dans le contexte actuelle de l’ESS, que je relate depuis un mois, mais qui a vu une accélération forte la dernière semaine. Combien de divisions ? Il faut prendre le terme "divisions" dans le sens historique, c’est à dire d’unité militaire. Mais aussi, pour moi, dans le sens de "morceaux".
Tout est parti des premières informations sur le renouvellement de la gouvernance d’Impact France, dont j’ai largement relaté les tourments. Le clap de fin est tombé hier, P Demurger et J Faure sont élus à la co-présidence (Bravo à eux) d’Impact France.
De l’ancien MouvES à Impact France, on a pu voir le glissement aussi bien sémantique que stratégique d’une organisation qui souhaite s’affranchir de l’économie sociale et solidaire pour aller vers une "transversalité à dénominateur commun", le fameux impact social et environnemental si cher à notre Europe [1]. Il est toujours plus aisé de parler des effets que des moyens, il est plus valorisant de montrer le résultat que les outils pour l’atteindre. Quand une partie des créateurs du MouvES critiquait la démocratie comme levier de transformation sociale et pilier de l’ESS, on s’interroge. Mais quand une partie des adhérents et des nouveaux entrants au CA sont des sociétés de capitaux, voire des établissement public à caractère industriel et commercial (Épic), on ne s’interroge plus.
L’ESS, ce sont des sociétés de personnes, sur qui repose la légitimité de décision et d’orientation, par et pour les bénéficiaires. Oui, la loi de 2014 m’a chagriné et me chagrine encore sur ce volet précis. N’en déplaise mais je respecte. Ce n’est pas parce que Guillaume Pepy, grand chef de la SNCF, est également président du réseau Initiative France, ce n’est pas parce que Louis Gallois est président de la FNARS (Devenu FAS) que la SNCF fait bien partie de l’ESS ou proche. Impact France a bien entendu toute sa légitimité, mais s’est tellement écarté de ce que peut être l’ESS (Même sous le grand chapeau de 2014)...
Ce débat aurait pu être salutaire, car éclairant dans les choix, les frontières, les DIVISIONS, car l’ESS est politique, elle a l’ambition de modifier la société et donc d’intervenir dans la gestion de la société. Le texte co-rédigé par Jérôme Saddier, Pascal Demurger et Julia Faure ne me correspond pas, je ne m’y retrouve pas dans cet agglomérat de bons sentiments et de diplomatie. Si Impact France n’adhérait pas / plus à ESS France, le texte aurait tout son sens, puisqu’il mettrait en valeur des initiatives convergentes pour améliorer la société, des deux côtés (Lucratif et non lucratif). Le rassemblement salutaire à tout prix n’a pas de sens. Trouver le plus petit dénominateur commun n’est pas rassembler. Les avis sont bienvenus.

Plus discret, le conflit à la tête du CNOSF vient de trouver une issue finale (et fatale) à sa présidente Brigitte Henriques. Lundi, je faisais paraître un communiqué dans lequel la présidente tentait une pacification des tensions internes qui durent depuis un an et demi. Elle donnait la parole à l’ancien président qui en a profité pour indiquer son souhait de porter plainte pour abus de bien social. A quatorze mois des JO, la crise ne pouvait plus durer et Mme Henriques a démissionné ce jour. Clap de fin, là encore.

Enfin, sur le plan syndical, on pourra s’intéresser aux positions des centrales sur la négociation entre le patronat et les syndicats sur un accord relatif à la transition écologique et au dialogue social. D’un relevé de discussion à l’origine, la discussion paritaire s’est transformés en proposition d’Accord National Interprofessionnel. Les syndicats, dont la CGC, ont regretté cette manœuvre mais aussi le manque d’ambition du texte.
Peut-être que les employeurs auraient du lire le rapport de Jean Pisani-Ferry et Selma Mahfouz sur « les incidences économiques de l’action pour le climat » ? Ce rapport est intéressant, même si les fins connaisseurs de ce sujet regrettent une orientation sensible du dossier.

Bonne lecture,
Bonne fin de semaine

Guillaume Chocteau

[1Débat quand vous voulez !

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