Affaire Wolfowitz : un test pour la réforme de la Banque mondiale

Publié le

Affaire Wolfowitz : un test pour la réforme de la Banque mondiale

Pour les Amis de la Terre, il ne fait aucun doute que M. Wolfowitz, actuel Président de la Banque mondiale, doit être débarqué d’urgence pour avoir trempé dans une affaire de corruption en octroyant à son ancienne amie et à deux amis politiques des salaires anormalement élevés. Au delà, les Amis de la Terre insistent sur la nécessité d’une profonde réforme de la Banque mondiale, à la fois dans son fonctionnement et son modèle de développement, si elle cherche à devenir crédible.

Sébastien Godinot des Amis de la Terre analyse : « Nous avons été très clairs dès la nomination de M. Wolfowitz, en mars 2005, sur le fait qu’il s’agissait d’une déplorable erreur de casting, symbole de l’unilatéralisme américain et notamment de interventionnisme militaire forcené en Irak. Alors qu’il fait depuis deux ans la morale aux pays pauvres en matière de corruption, M. Wolfowitz trempe aujourd’hui personnellement dans une affaire de corruption : qu’il prenne la porte. S’accrocher comme il fait au pouvoir ne fait qu’ajouter au scandale. »

Il poursuit : « Mais il serait erroné de croire qu’un seul changement de tête suffira à redorer le blason de la Banque mondiale, passablement terni ces dernières années. La Banque mondiale doit impérativement changer de mode de fonctionnement, et de modèle de développement économique. »

Les priorités de fond demandées à la Banque par un très grand nombre d’ONG sont les suivantes :
- Arrêter d’imposer des conditionnalités macro-économiques aux pays pauvres, notamment la libéralisation et la privatisation à marche forcée, extrêmement brutales, qui se poursuivent malgré les discours de façade ;
- Arrêter de financer massivement des méga-projets d’énergies polluantes (pétrole) ou d’infrastructures, qui ont souvent des impacts désastreux sur les populations locales, l’environnement, et l’aggravation du changement climatique que la Banque prétend pourtant combattre, de manière totalement contradictoire.

Quant au fonctionnement de la Banque :
- Elire le Président sur la base de ses compétences, non de sa nationalité américaine ;
- Remettre totalement à plat le calcul des droits de vote, obsolète et incompréhensible ;
- Rémunérer les personnels sur la base des résultats sociaux et environnementaux des projets, non sur leur volume financier (ce qui pousse à promouvoir des méga-projets au
détriment de l’économie locale).

Sébastien Godinot poursuit : « Si les Etats-Unis bloquent explicitement toute tentative de réforme, les Européens ne semblent guère motivés à proposer autre chose que des réformettes (tout comme au FMI). Pendant ce temps, les sociétés civiles s’organisent et se radicalisent contre la Banque mondiale, les pays du Sud ont des possibiliés croissantes de se financer ailleurs, et des officiels des pays du Nord s’interrogent ouvertement sur l’utilité de la Banque. Au delà de sa réputation, la Banque pourrait jouer à moyen terme sa survie. Le scandale Wolfowitz n’est que le premier test. »

Autres articles dans cette rubrique

Fonds réparation : nouvelle étape dans l’action en justice des ONG contre la baisse des montants

Un an après la mise en place des fonds et bonus réparation, Zero Waste France et les Amis de la Terre constatent le manque d’effectivité du dispositif et répliquent au ministère de la Transition...

close