Livre : "la fin des militants"

Publié le

Livre : "la fin des militants"

En France, aujourd’hui, tout semble montrer - sondages, statistiques, études sociologiques - une désaffection de l’engagement individuel pour la chose publique. Pourtant, cette crise du militantisme n’a pas l’évidence que certains lui prêtent souvent. Pour le sociologue Jacques Ion, il est vrai que la configuration militante qui s’est incarnée lors des trente glorieuses (à travers les luttes syndicales et la vie associative) se révèle de moins en moins efficace : elle n’est plus apte à assurer des formes de régulation sociale et à intégrer du neuf dans l’État comme sur la scène politique.

Mais ceci ne veut pas dire que l’intervention bénévole dans l’espace public serait en régression ; cela signifie simplement que le militantisme tel qu’il s’est exercé depuis un siècle n’est qu’une modalité parmi d’autres de l’engagement et que de nouvelles formes de protestation sociale sont en gestation.

Plutôt que d’interroger les acteurs de l’engagement, l’auteur a d’abord tenté d’observer sur une longue période comment évolue le fonctionnement des groupements associatifs qui sont partie prenante du débat démocratique. À partir de cette analyse morphologique, il s’interroge sur la place des appartenances primaires (familiales, géographiques, professionnelles) dans la tradition politique et associative républicaine.

Il met ainsi à jour deux modèles d’engagement : l’engagement militant traditionnel (fondé sur des groupements massifs et organisés) et l’engagement distancié, plus moderne (qui correspond à des mobilisations ponctuelles, individuelles). Sa thèse n’est pas la disparition du premier au profit exclusif du second, mais celle d’une complexification du phénomène de l’engagement. L’individualisme français n’annonce donc pas la fin du politique mais la recomposition de la communauté politique et de nouvelles formes d’exercice de la citoyenneté.

Autres articles dans cette rubrique

close