Le consommateur reprend la main

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Le consommateur reprend la main

On dit souvent que désormais la société se structure en réseaux de toutes natures . On dit également - et cela depuis plus longtemps encore - que la société de consommation est un lieu d’individualisation des choix bridant les initiatives collectives et un lieu de déresponsabilisation propre à affaiblir le « faire soi-même ». *

En Île-de-France, huit groupes de consommateurs ont constitué en trois ans un réseau d’approvisionnement en produits issus de l’agriculture biologique normande. De leur côté, les producteurs (une quinzaine) ont créé le Groupement d’intérêt économique (GIE) des producteurs fermiers de Basse-Normandie, afin d’organiser eux-mêmes la rotation des livraisons mensuelles et la gestion collective de ce système particulier d’écoulement de la production de denrées alimentaires.

Une telle pratique d’appropriation du lien entre producteur et consommateur ne relève évidemment pas de la génération spontanée. Un homme est à l’origine de l’entreprise : François Dufour, ancien porte-parole de la Confédération paysanne et paysan bio dans le Cotentin. Soucieux de trouver des alternatives à l’agriculture productiviste, où la qualité des produits est inversement proportionnelle à la hauteur des rendements, il a assuré seul pendant un an la livraison de ses produits et ceux de quatre ou cinq de ses confrères ou consoeurs, modestes paysans comme lui. Le GIE est venu plus tard avec le renfort d’autres producteurs convaincus que l’on tenait là le moyen d’assurer un revenu décent aux producteurs tout en recréant le lien social rompu par le développement inconsidéré de la grande distribution. Ces producteurs aiment à rencontrer les familles qui consomment leurs produits, tout comme les consommateurs apprécient de pouvoir dialoguer avec ceux qui les alimentent. Ainsi, plusieurs de ces producteurs ont pu maintenir leur activité grâce à ces débouchés franciliens réguliers. Incontestablement, il s’agit là d’un système dépassant de très loin la seule possibilité pour le producteur d’écouler sa production, et pour le consommateur d’acheter des produits de qualité à un prix satisfaisant les deux parties. Il s’agit bien davantage d’une démarche faite de partage de valeurs abandonnées tout à la fois par le consumérisme traditionnel et par l’agriculture conventionnelle, fût-elle « raisonnée ».

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