Prisons : qu'autoriser pour réinsérer ?

Selon l'Observatoire international des prisons, 69 448 personnes étaient détenues dans les prisons françaises au 1er janvier 2022. ©Getty - Andrew Aitchison
Selon l'Observatoire international des prisons, 69 448 personnes étaient détenues dans les prisons françaises au 1er janvier 2022. ©Getty - Andrew Aitchison
Selon l'Observatoire international des prisons, 69 448 personnes étaient détenues dans les prisons françaises au 1er janvier 2022. ©Getty - Andrew Aitchison
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Le 27 juillet, des olympiades mêlant détenus et surveillants ont eu lieu à la prison de Fresnes. « Laxisme total » selon le Rassemblement National, « Images choquantes » selon le Garde des Sceaux : la polémique fait rage. Mais que faut-il permettre pour réinsérer ?

Avec
  • Philippe Gosselin Député Les Républicains de la Manche
  • Dominique Simonnot Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté (CGLPL)
  • Karim Mokhtari Directeur des programmes et de la formation à l’association « 100 murs » et ancien détenu

Pour cette émission du Temps du Débat, Quentin Lafay reçoit Dominique Simonnot, contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, Karim Mokhtari, ancien détenu et directeur de l'association "100 murs" et Philippe Gosselin, député Les Républicains de la Manche.

Que penser de la polémique issue des olympiades organisées à la prison de Fresnes ? Peuvent-elles être considérées comme des activités de réinsertion ? Pour Karim Mokhtari : "Les activités en prison représentent la pierre angulaire du processus de réinsertion. Rappelons que l’évènement organisé à Fresnes est avant tout un engagement solidaire et associatif. Son objectif est de montrer que les détenus peuvent s’engager et être utiles, même depuis la prison. Je pense que toutes les activités peuvent favoriser la réinsertion à partir du moment où on y met des objectifs pédagogiques. Ajoutons que les olympiades que nous avons pu observer à Fresnes relèvent de l'exception et ne sont pas du tout représentatives des activités menées dans l’ensemble de l’univers carcéral et pénitencier."

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Selon les dernières informations, un détenu coupable d'un viol faisait parti des participants de l'évènement. Faut-il différencier les activités proposées en fonction des détenus ? Dominique Simonnot ironise : "J’avoue que ça a été une horrible surprise pour moi de découvrir qu'en prison, il y avait des gens coupables d'effractions. Des détenus qui purgent des longues peines ont accès à des activités pour la simple et bonne raison qu’ils sortiront un jour, c’est le principe du processus de réinsertion.Karim Mokhtari ajoute : "L’administration pénitentiaire n’a pas vocation de condamner ou de juger les individus. Sa principale mission est d’exécuter les peines et de prévenir la récidive."

A quoi sert le travail en prison ? Philippe Gosselin explique : "Le travail en prison aide à préparer la sortie des détenus. Certains mettent à profit leur incarcération en réalisant une formation professionnelle comme un CAP. Homme de droite, je suis convaincu que le travail a des vertus : c’est notamment un moyen de retrouver sa dignité. Rappelons qu’un détenu sur sept n’a jamais travaillé et que 75% des incarcérés ont quitté le système scolaire avant leur majorité."

Karim Mokhtari rappelle que "les détenus sont en demande de travail. On note d’ailleurs une grande précarité économique parmi les détenus. Je suis d’accord, le travail permet de retrouver une certaine dignité. Cependant, pour cela, il faudrait que les taux de rémunération soient à la hauteur. Pour ceux pour qui travailler en prison représente une première expérience professionnelle, cela ressemble plus à de l’exploitation par l’activité économique que du travail ordinaire. Redonner de la dignité aux détenus passe par de la cohérence avec ce que l’on leur propose en termes d’activité et d’emploi."

Pour rappel, la rémunération des détenus atteint au maximum 45% du SMIC. De plus, le Code du travail de l'administration pénitentiaire n'est pas lié au Code du travail.

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