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Orange préfère un prestataire étranger, plus de 1.500 emplois menacés chez Scopelec, 500 en Occitanie

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500 emplois en Occitanie, entre 1.500 et 1.900 en France, sont menacés si Orange préfère un sous-traitant du Luxembourg à son partenaire histoire, Scopelec. Basée dans le Tarn, Scopelec s'occupe notamment de déployer la fibre optique. Cette énorme Scop détient une centaine de sites en France.

Le site de Saint-Orens près de Toulouse regroupe à lui seul plusieurs centaines de salariés de Scopelec. Le site de Saint-Orens près de Toulouse regroupe à lui seul plusieurs centaines de salariés de Scopelec.
Le site de Saint-Orens près de Toulouse regroupe à lui seul plusieurs centaines de salariés de Scopelec. - Google Street View

Créée à Revel (Haute-Garonne) en 1973, Scopelec est la première Scop de France avec 3.800 salariés dans 95 agences. Ainsi, en Midi-Pyrénées, environ 500 personnes travaillent sur le site de Saint-Orens près de Toulouse, ils sont aussi une cinquantaine dans les agences de Castres, Albi, Montauban, au siège de Sorèze ou encore dans les filiales du Lot et del'Aveyron.

Les salariés détiennent 75% de son capital. Depuis cette année, le siège se situe juste à côté, à Sorèze dans le Tarn, à l'Abbaye-école. Le groupe a connu depuis les années 2000, un fort développement de ses activités auprès des opérateurs, des équipementiers, des entreprises et des collectivités. 

Une perte de marché colossale

La nouvelle est tombée il y a quinze jours. Scopelec est menacé par Orange, son client depuis les débuts, du non renouvellement d’un marché d’exploitation et de maintenance des réseaux télécom à hauteur de 150 millions d’euros annuels. Dans le détail, suite à l'appel d'offres qu'Orange lance tous les trois-quatre ans, Scopelec a perdu deux des trois lots portant sur la fibre chez les particuliers et le déploiement et la création de lignes. Le marché a été attribué à l'entreprise luxembourgeoise Solutions 30. Reste le troisième lot, plus petit, qui concerne la maintenance et les urgences, et qui n'a pas encore été attribué. Il le sera en février. 

D'après la Confédération générale des Scop, la moitié des emplois du groupe soit 1.910, est en péril dans toute la France. La région Occitanie évoque elle entre 1.500 et 1.800 postes supprimés. Dans le détail, ce sont la Nouvelle-Aquitaine (580 emplois) et l'Occitanie (500 emplois) qui subiraient les plus grosses pertes, puis la Bourgogne-Franche-Comté et la Normandie.

Albi, Castres, Montauban, en mars prochain, il n'y a plus de boulot. - Frédéric Mazars, délégué FO

La Confédération générale des Scop dénonce une décision à rebours des intentions de cohérence sociale et humaine d’Orange. "Orange, détenue par l'État à 23%, prône un discours de croissance responsable. Et à côté de cela, lâche un partenaire aux conditions de travail privilégiées pour prendre un modèle qui fait appel aux travailleurs détachés et aux auto-entrepreneurs", s'étonne la déléguée générale de la CG des Scop, Fatima Belharedj qui attend toujours des explications. "J'entends dire par nos réseaux dans les ministères qu'Orange veut garder Scopelec comme partenaire stratégique. Mais on n'en sait pas plus". 

Si Solutions 30 a son siège au Luxembourg, elle dispose de filiales ou antennes en France comme les catalans de Sotra Nasa rachetés en 2018, et le travail sur le terrain sera bien assuré par des travailleurs locaux, précise Orange qui ne souhaite pas encore communiquer officiellement.

L'abbaye-école de Sorèze (Tarn) est depuis peu le nouveau siège de Scopelec.
L'abbaye-école de Sorèze (Tarn) est depuis peu le nouveau siège de Scopelec. © Maxppp - Sylvestre

Orange, la direction de Scopelec, à qui la faute ?

Scopelec travaille à 80% pour Orange, le reste étant assuré par de petites entreprises comme Altitude ou des conseils départementaux. "On n'a pas su diversifier nos métiers", déplore Marcel Marchitti, responsable CGT sur les sites de Perpignan et Saint-Orens. Et de pointer la responsabilité de la direction, en place depuis six ans, en s'appuyant sur une expertise sur l'orientation stratégique de Scopelec. "Ils se sont complètement plantés. Ils ont voulu augmenter les effectifs, acheter d'autres entreprises, compter surtout sur Orange, etc. Il faut balayer devant sa porte à présent."

"On n'a pas su se diversifier, on est resté très dépendant d'Orange."

En interne, certains pointent du doigt aussi une volonté d'Orange de punir Scopelec qui, de l'aveu même de certains techniciens-maison, ne serait pas assez performante parfois. "En Aveyron et dans le Lot, il y a eu de mauvais retours sur les prestations. Parce que ce sont des territoires très étendus difficiles à fibrer, et où les politiques font énormément pression pour pouvoir offrir le haut débit à leurs administrés", nous glisse un syndicaliste. Problème qualitatif confirmé par une source chez Orange, qui précise que le donneur d'ordres avait alerté Scopelec à plusieurs reprises ces dernières années.

Carole Delga monte au créneau

Carole Delga, présidente de la Région Occitanie a adressé un courrier vendredi dernier au pdg d'Orange. La socialiste écrit : "Son modèle social est en parfait accord avec le modèle de développement que vous promouvez dans un secteur très concurrentiel où se développe l'auto-entreprenariat et le travail détaché. (...) Les logiques comptables qui motivent aujourd'hui votre projet en choisissant un nouveau prestataire basé au Luxembourg ne correspondent aucunement à cette ambition. (...) Je ne peux concevoir que votre entreprise, qui se fixe comme objectif 'la cohésion sociale et humaine' ainsi qu'une 'croissance responsable', traite de cette façon un partenaire historique et ses salariés".

L'élue qui, avec la SAM en Aveyron vient déjà sur son territoire de perdre une usine parce que son seul client l'a lâchée, doit s'entretenir ce lundi soir avec une directrice d'Orange. 

Les syndicats de Scopelec espèrent à présent au moins récupérer le 3e lot de l'appel d'offres, celui de la maintenance et des urgences. Réponse en février. "Si on le décroche, on pourra peut-être sauver 300 à 500 postes (NDLR : ce serait nettement moins selon Orange)", espère Frédéric Mazars, technicien à Albi et délégué Force Ouvrière. "Sinon, il va y avoir de la casse. Les télécoms, c'est particulier, les autres opérateurs ne sont pas demandeurs" assure t-il, bien que le marché soit en tension.

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