Laurent Berger : "Trois semaines que la situation est grave, et on est suspendu à la décision d'un seul homme"

Laurent Berger ©AFP - ERIC FEFERBERG / AFP
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Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, est l'invité du Grand entretien de France Inter.

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  • Laurent Berger Ex- secrétaire général de la CFDT, directeur de l'Institut mutualiste pour l'Environnement et la Solidarité

Le patron de la CFDT veut croire à un monde d'après-Covid meilleur. "On ne va pas pouvoir redémarrer comme avant. Je crois que c’est dangereux de considérer qu’on n’a plus la possibilité d’aller vers un monde plus juste, plus écologique, plus démocratique… On aura besoin de ça, mais ce qui est sûr c’est qu’un an après, la France a besoin d’être réparée. Parce que les gens sont épuisés, fatigués psychologiquement, qu’ils se paupérisent, que d’autres sont méprisés au travail. Donc oui, il faudra d’abord réparer, mais je crois qu’il faudra faire autrement dans le monde de demain."

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"On assiste à une forme de supplice : des semaines qu'on nous dit qu'on va peut-être être confinés"

"Quand on discute avec les représentants de la CFDT dans les hôpitaux, ce qu’ils décrivent, c’est très dur", assure Laurent Berger. "Donc la question sanitaire ne peut pas être méprisée. Ce qui est sûr, c’est que là on assiste à une forme de supplice : ça fait des semaines qu’on nous dit qu’on va peut-être être confinés… Les gens sont en suspens, et ça n’arrive pas dans un terrain vierge mais dans un moment où les gens sont fatigués, las, tendus. Moi ce qui m’inquiète, c’est que ça fait trois semaines que la situation est là, et qu’on est suspendus à la décision d’un seul homme. Ça pose une difficulté. Vu l’état de la situation, un peu plus de partage de la décision, ça ne serait pas inintéressant ! On attend tous l’allocution, ou je ne sais quoi, pour savoir comment les choses vont être traitées pour une partie de la population. Ça fait trois semaines qu’on sait que c’est grave, là il faut décider."

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"On est un pays où l’on a un Parlement ! Si on avait une décision partagée, on serait moins dans une hystérie collective du “y’a qu’à, faut qu’on”, et de critique facile. On est au bout de cette façon de procéder qui consiste à attendre la décision du président de la République."

Que pense-t-il de l'idée de mesures permettant aux personnes vaccinées d'accéder à certains lieux ? "Tant qu’il n’y a pas de vaccination massive, tracer les gens me paraît une mauvaise idée. Je ne suis pas pour le traçage permanent, je crois qu’il va falloir faire attention. La question de l’état d’urgence sanitaire aussi, à un moment il faudra l’arrêter. Mais là aussi, il faudra un débat démocratique, peser le pour et le contre."

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"Le travail, c’est aussi du lien social,  de la compétence collective, de la rencontre"

Le télétravail est-il suffisamment encadré en France ? "Non, mais ça nécessite de le faire entreprise par entreprise, branche par branche. On ne peut pas encadrer les conditions du télétravail à un niveau national. Cet accord signé en décembre donne l’opportunité aux entreprises de négocier le télétravail. Là aussi, il y a une lassitude, et même de la détresse chez certains travailleurs qui sont en télétravail. Parce que le travail, c’est aussi du lien social,  de la compétence collective, de la rencontre. Là, tout ça est un peu mis de côté."

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Un autre élément qui "inquiète beaucoup" Laurent Berger, "c’est l’intensification du travail. Beaucoup de télétravailleurs arrêtent leurs pauses, mangent en 10 minutes, terminent parfois après le couvre-feu et se retrouvent en situation de ne pas être sortis de la journée… Ça nécessite d’être encadré, et là aussi les entreprises ont une grosse responsabilité."

"Il faut que les organisations patronales et les entreprises assument leurs responsabilités. Dans beaucoup de secteurs professionnels, il y a eu une année 2020 qui n’a pas été mauvaise du tout. Maintenant, il faut redistribuer."

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Il cite notamment l'exemple de l’agro alimentaire, "qui a très bien fonctionné durant cette année", où "les propositions de revalorisation salariale sont ineptes, moins de 1 % dans la plupart de ces branches. Ça, il faut que ça cesse."

Sur l'assurance-chômage, "s’il y a la moindre faille, on ira au Conseil d’État"

"Aujourd’hui, on a arrosé partout, et c’était nécessaire pour sauvegarder un maximum d’entreprises et d’emplois", reconnait le leader syndical. "Mais on commence à avoir des effets d’aubaine. Maintenant, il va falloir cibler les secteurs et les entreprises qui en ont le plus besoin, et dire que ces aides nécessitent que les entreprises jouent le jeu : sur la répartition des richesses, le dialogue social, les conditions d’emploi, l’embauche de jeunes, la transition écologique… C’est ça la conditionnalité."

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Où en est le combat syndical contre la réforme de l'assurance-chômage ? "On a reçu le décret hier soir, on est en train de l’étudier, avec nos services juridiques. Et s’il y a la moindre faille qui nous le permet, on ira au Conseil d’État. Cette réforme est là juste pour dire qu’on réforme : c’est complètement incohérent en termes de moment, et c’est totalement injuste. On fera tout pour que ça ne s’applique pas. Le sujet n’est pas clos, c’est en juillet que près d’un million de personnes vont subir des pertes d'indemnisation ! On a beaucoup de témoignages de gens très inquiets. Soyons clairs : l’apathie générale sur le sujet est inquiétante. Il y a une vision aujourd’hui, sur ceux qui sont au chômage, qui est complètement erronée et injuste de la part d’une partie de la société."

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