Ecologie : les leçons des peuples autochtones

Des membres de la tribu Pataxo manifestent au Campement Terre Libre à Brasilia (Brésil), le 7 avril 2022 ©AFP - CARL DE SOUZA / AFP
Des membres de la tribu Pataxo manifestent au Campement Terre Libre à Brasilia (Brésil), le 7 avril 2022 ©AFP - CARL DE SOUZA / AFP
Des membres de la tribu Pataxo manifestent au Campement Terre Libre à Brasilia (Brésil), le 7 avril 2022 ©AFP - CARL DE SOUZA / AFP
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Elles nous parlent de la sagesse des peuples autochtones - ou "peuples racines" - et poussent un cri d'alarme face à la disparition de leurs terres. La cacique Tanoné, cheffe de la tribu des Kariri-Xoco au Brésil, et la journaliste et anthropologue Sabah Rahmani sont nos invitées.

Avec
  • Sabah Rahmani Journaliste

Ivanice Tanoné est la première femme cacique dans l’histoire de son peuple Kariri Xocó. À 68 ans, elle est aussi l’une des rares leaders féminins autochtones du Brésil. Depuis plus de trente ans, elle dénonce la déforestation en Amazonie et la condition difficile des peuples autochtones. L’élection de Jair Bolsonaro comme président du Brésil a en outre accéléré la disparition des terres indigènes.

Un sujet toujours brûlant, alors que s'ouvre aujourd'hui à Abidjan la 15e Conférence des parties (COP) de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD) dont le but est de trouver les moyens de lutter contre l’avancée du désert, la déforestation, l’appauvrissement des terres arables ou encore les pollutions des sols. Lorsqu'elle dénonce la menace sur les terres et les savoirs ancestraux, Tanoné ne parle pas seulement au nom des Kariri Xocó : "Je suis là pour dire la réalité non seulement de mon peuple, mais la réalité de tous mes frères et soeurs indigènes."

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À ses côtés, l'anthropologue et journaliste Sabah Rahmani. Elle est l’auteure de Paroles des peuples racines (Actes Sud, 2019), qui donne la voix à 19 représentants de ces peuples, et notamment à Tanoné. Rédactrice en chef adjointe du magazine Kaïzen, média “explorateur de solutions écologiques et sociales", Sabah Rahmani est également directrice de la nouvelle collection “ Voix de la terre” inaugurée en avril 2022 par les éditions Actes Sud.

Sabah Rahmani préfère cette expression de "peuples racines" à d'autres, car elle parle déjà du lien de ces communautés au vivant et à la terre : "toutes les communautés que je rencontre depuis 25 ans ont un lien sacré avec les arbres" dit-elle. "On oppose souvent science et raison mais eux ne font pas cette séparation. Il y a une vision holistique, que tout est un, que tout est relié". Pour autant, ajoute-t-elle, il faut se méfier des formes d'idéalisation et de fascination que peuvent nous inspirer les peuples autochtones. Ils sont humains, leurs combats pour la Terre nous concernent aussi.

Ainsi, la destruction des terres indigènes pour les matières premières, l'élevage ou la production de soja, entre autres raisons, "ce n'est pas un problème exotique, c'est un problème qui nous concerne aussi" rappelle Sabah Rahmani. Il s'agit notamment de penser nos manières de consommer pour ne pas se rendre "complices" du pillage des terres indigènes, ne serait-ce qu'en vérifiant l'origine des produits que nous achetons.

À noter que nos deux invitées étaient présentes à la première édition du festival Les AnthropoScènes organisé par La Tangram du 29 avril au 15 mai (Evreux-Louviers-Eure-Normandie).

Merci à Lucilia Wuillaume pour sa traduction.

La Grande Table culture
27 min

Extraits sonores :

  • Marine Calmet, France Culture, La Grande table, 14/03/2022

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