Verdict du conflit des OGM à l’OMC : l’Europe perdante ?

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Verdict du conflit des OGM à l'OMC : l'Europe perdante ?

Les Amis de la Terre pressent Pascal Lamy de confirmer les rumeurs alors que 60 millions de personnes disent : « OMC : touche pas à notre bouffe ! »

Hong Kong / Bruxelles le 14 décembre 2005 - Les Amis de la Terre, initiateurs de la campagne « Bite Back ! OMC : touche pas à notre bouffe ! », demanderont expressément au Directeur général de l’Organisation Mondiale du Commerce, Pascal Lamy, lorsqu’ils le rencontreront aujourd’hui à 15h, heure locale, de confirmer que l’Europe a perdu dans le conflit transatlantique sur les OGM qui l’oppose notamment aux Etats-Unis. L’ancien chef de l’OMC, Mr Supachai Panitchpadki avait laissé entendre récemment que l’Europe avait perdu la dispute, ce que la Ministre française du Commerce extérieur, Christine Lagard a confirmé. [1]

Les Amis de la Terre, présents à la réunion interministérielle de Hong Kong, remettront à Mr Lamy, la pétition « Bite Back ! OMC : touche pas à notre bouffe ! » signée par plus de 135 000 citoyens originaires de 100 pays ainsi que par plus de 740 organisations représentant 60 millions de personnes opposées au conflit commercial sur les OGM initié par les Etats-Unis, l’Argentine et le Canada [2] [3].

Dans cette pétition ou objection citoyenne, les citoyens demandent à l’OMC de ne pas saper le droit de chaque pays, dans le cas présent l’Union Européenne, de prendre les mesures qu’il juge appropriées pour protéger son agriculture, son environnement et ses citoyens face aux risques posés par les cultures et les aliments OGM. L’agriculteur français José Bové, l’écologiste indienne Vandana Shiva, l’eurodéputée verte Caroline Lucas prendront part à la remise des pétitions.

La publication par l’OMC de la version du rapport final est attendu pour le 5 janvier 2006. Fidèle à sa tradition du secret, le jugement ne sera envoyé qu’aux pays concernés par la dispute. Ce sera la base du jugement final attendu pour mars ou avril.

Pour Meena Raman, Présidente des Amis de la Terre/Friends of the Earth International : « L’Organisation Mondiale du Commerce devrait enfin avoir le courage de dire clairement aux citoyens de ce monde que les règles du libre échange passent avant leur sécurité et qu’ils seront obligés de manger des OGM qu’ils le veuillent ou non. L’OMC est vraiment le pire des lieux pour décider de ce que nous mangeons ou comment nous voulons protéger l’environnement. Il est temps que l’OMC sorte ses pattes de notre nourriture ! »

Pour José Bové, « les paysans et les citoyens sont fermement opposés aux OGM. Nous mènerons des actions pour que l’Europe reste sans OGM et pour en protéger le monde ».

Pour la militante écologiste indienne Vandana Shiva : « le conflit transatlantique dévoile une des pires facettes de l’OMC. Bien que le Protocole de Biosécurité des Nations Unies permette aux pays de faire usage du principe de précaution pour interdire les OGM, l’OMC fait le forcing pour nous obliger à manger des OGM ».

Pour la déléguée des Verts européens, Caroline Lucas : « le droit de chaque pays de décider ou non d’autoriser les OGM dans sa chaîne alimentaire ou son environnement est un des droits démocratiques fondamentaux sur lesquels l’Europe est censée reposer. Ni l’Organisation Mondiale du Commerce, ni l’Union Européenne n’ont le droit de passer outre la volonté d’une grande majorité des citoyens européens qui ne veulent pas d’OGM dans leur vie quotidienne. »

Pour Christian Berdot des Amis de la Terre France : « la décision de l’OMC ne nous étonne pas vraiment. Par contre les responsables politiques français et européens devront nous montrer très clairement quel droit prévaut pour eux. Est-ce le droit des Nations Unies et des peuples qui reconnaît avec le Protocole de Biosécurité le principe de précaution ou est-ce le droit du commerce qui avec l’OMC veut dominer toute autre considération sociale ou environnementale ? »

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