agriculture - filière équine Rosières, des salines à Saumur

Ce qui vient de naître est une première en France. A côté des haras nationaux de Rosières-aux-Salines, c’est une société coopérative qui fédère désormais les acteurs de l’étalonnage et de la génétique du cheval en Lorraine.
Guillaume MAZEAUD. - 12 mars 2013 à 05:00 | mis à jour le 12 mars 2013 à 11:58 - Temps de lecture :
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Les acteurs de la SCIC : Alain Leymann, René Mangin  et Christian Haessler,  patron du haras national. Photo ER
Les acteurs de la SCIC : Alain Leymann, René Mangin et Christian Haessler, patron du haras national. Photo ER

Le haras national de Rosières-aux-Salines va non seulement vivre, mais prospérer. Ce n’était pas gagné. L’Etat se désengage de ses missions non régaliennes pour faire des économies. Et le cheval ne faisant pas partie de ses propriétés, les haras nationaux étaient menacés de disparaître ou de passer au privé, alternative en train de se réaliser… ailleurs. Or, les préoccupations du privé sont la rentabilité et le profit, le tout à court terme, pas nécessairement l’avenir de la filière équine. Inquiets à juste titre pour cette dernière en Lorraine, un groupe d’hommes a accompli un petit miracle, grâce, il faut le dire, à la ténacité d’un éleveur de chevaux vosgien, Alain Lehmann, et à l’équipe qui s’est progressivement formée autour de lui, convaincue de la nécessité d’une démarche collective impliquant tous les acteurs.

Avec le Cadre noir

Aujourd’hui, le site de Rosières-aux-Salines s’articule autour de trois structures. Le haras national (ou Institut français du cheval et de l’équitation) traite de la formation, de l’emploi, de la connaissance des chevaux, du dressage en particulier à l’attelage. En second lieu, le pôle hippique de Lorraine gère les infrastructures équestres. Et le nouveau venu, une société coopérative d’intérêt collectif, qui constitue désormais le haras régional et fonctionne comme une coopérative.

La nouveauté, c’est cette coop, dont le gérant pour trois ans est Alain Lehmann. Elle rassemble tous les acteurs de la filière autour d’un projet, l’étalonnage et la génétique du cheval en Lorraine, c’est-à-dire un projet autour de la reproduction favorisant l’excellence d’une région qui est la seconde en France. La filière représente 64 M€ et emploie 2 300 personnes en Lorraine. Parmi les participants à la SCIC, les privés comme les éleveurs de chevaux, dont on espère recueillir progressivement l’assentiment et les parts sociales autour du projet. Il y en a environ deux cents en Lorraine, le Conseil du cheval en Lorraine, le Pôle hippique de Lorraine, l’Union des ardennais, les vétérinaires, la mairie de Rosières, le Département de Meurthe-et-Moselle, etc. Il ne manque pas un bouton de guêtre à la filière. « Nous avons voulu jouer collectif », explique Alain Lehmann. Faire autrement aurait signé rapidement, entre autres,e le déclin de la race ardennaise, pour laquelle Rosières est bien placée, race locale qui n’intéresse pas a priori le privé, car pas (encore) profitable. L’idée est surtout de faire perdurer la mutualisation des moyens de la reproduction, qui est le principal avantage de la présence des haras nationaux depuis deux siècles. Grâce à la structure France-Haras, qui va durer encore cinq ans et gère les actifs de l’Etat que sont les étalons, les haras nationaux se prêtent les étalons de grande valeur, ce qui permet de maintenir la qualité des races, des semences. La SCIC compte reprendre cette politique. Et aller plus loin. « Nous avons une faiblesse en dressage. Nous comptons être aidés par le Cadre noir de Saumur. » Et la coopérative compte aussi travailler sur la formation et la valorisation des jeunes chevaux les acheteurs préférant avoir des chevaux « selle en main » !