Quelle alternative porte l’Economie sociale et solidaire ?

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Quelle alternative porte l'Economie sociale et solidaire ?

La GUE (Gauche unitaire européenne) regroupe au Parlement Européen des partis progressistes parmi lesquels le Front-de Gauche, Podemos, Syriza, le Sinn Fein, Die Linke… et des partis écologistes nordiques.

Elle organisait le 28 janvier un 1er Forum ESS européen, largement ouvert à d’autres composantes du PE, institutions et acteur européens de l’ESS.

C’est ainsi que le CIRIEC est intervenu à travers notre ami Alain Arnaud, mais aussi avec José-Luis Monzon, mais il y eut aussi des prises de parole de Social Economy Europe, de Cooperative Europe, du RIPESS et du CECOP.

Plus de 250 personnes ont pris part à cette initiative, une première pour la GUE, mais aussi une des très rares occasion de débattre publiquement au PE des dimensions politiques, des innovation économiques et sociales de l’ESS.

La question au cœur des échanges aura été celle de la nature de l’alternative que représente l’ESS.
Tous les participants en effet ont pu développer la place que dans chaque pays concerné l’ESS occupe dans les champs économique, social, environnemental mais aussi culturel et démocratique.
A partir du constat des prédations du capitalisme financier tel qu’il s’est développé dans les dernières années, des effets du démantèlement des états sociaux hérités de « l’Esprit de Philadelphie » tel que l’a si bien étudié Alain Suppiot, de nouvelles réponses doivent être apportés aux femmes et aux hommes non seulement en termes de besoins sociaux, mais aussi en termes d’aspirations plus larges à l’initiative y compris entrepreneuriale.
Quelles que soient les formes, associatives, mutualistes, coopératives,
Partout se développent des interventions relevant de l’ESS.
La question des communs, matériels et immatériels est aussi au cœur d’un mouvement nouveau contre la marchandisation élargie, les privatisations de biens et services, les accaparements spéculatifs.
Sur toutes ces questions se dégagent de larges convergences.

Mais ces échanges se situaient dans un enceinte éminemment politique, le PE, et à l’initiative d’un groupe minoritaire où les nouvelles composantes de la Gauche européenne ont, comme a tenu à le souligner Marie-Christine Vergiat, ont provoqué de nouvelles interrogations, de nouvelles dynamiques.

Le cœur du débat aura bel et bien été politique, sans esquive.

Ainsi si tout le monde s’accordait sur cette « autre économie », cet autre modèle social que représente l’ESS, la question de l’alternative a révélé des clivages non marqués par des antagonismes destructeurs mais supposant des stratégies différentes.

Se sont fait jour deux acceptions du mot « alternative ».
La première, c’est celle d’un « autre » se développant au sein d’une économie, d’une société plurielles. Elle demande une (petite ?) place à la table. Elle a été portée par certains orateurs du Forum.
La seconde est celle d’une autre proposition ayant vocation à se substituer à l’économie, à la société actuelle. Elle vise à renverser la table.
Elle aura été fortement exprimée par Marie-Christine Vergiat, mais aussi par Riccardo Petrella ou Eric Lavillunière, du RIPESS.

Le débat n’est pas nouveau au sein des forces de l’Economie sociale et solidaire.
Il y a plusieurs années que Thierry Jeantet défend l’idée d’une Economie sociale, alternative au capitalisme et il dénonçait encore aux Rencontres du Mont-Blanc de novembre 2015, les illusions d’un capitalisme mutant pour inviter à la recherche collective d’un autre modèle.
Quand Jacques Fournier définit son « Economie des Besoins » comme « le communisme du XXIème siècle », c’est bien à un changement radical de paradigme qu’il nous convie.

Il ne s’agit pas de penser un « grand soir » mais de construire une autre société.
Si les acteurs de l’ESS ne s’engagent pas dans cette construction, dans cette recherche d’une « émancipation » au sens plein du terme, ils devront se contenter durablement, (éternellement ?) des restes d’un capitalisme financier dont les évolutions montrent bien qu’il a une logique « sans partage ».
Pour s’en convaincre il suffit de lire les chiffres récemment publiés sur un développement vertigineux des inégalités : 1%, les plus nantis, disposant d’autant de richesses que les 99% restants ou encore 62 personnes ayant des fortunes cumulées égales aux avoirs des 50% les plus pauvres.

Dans un tel contexte, l’Utopie n’est pas de travailler à un autre monde, l’utopie c’est espérer de ce monde ci des accommodements raisonnables.

Si l’on veut éviter les écueils qu’ont représenté des modèles qui se voulaient au départ radicaux, mais qui vite n’ont proposé que des formes
abâtardies de propriété collective, des développements bureaucratiques d’un Etat sensé se dissoudre, les questions de la construction collective, de l’imaginaire, et de la démocratie sont au cœur de toute démarche.

« Change le monde, il en a besoin ! » disait Brecht
Et Paolo Freire disait que l’homme peut changer le monde à deux conditions : qu’il soit convaincu que le monde peut être changé, et qu’il puisse être changé par lui, homme.

Et vous, vous faites quoi demain ?

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