Pourquoi le bénévolat donne du sens à nos vies ?

Pourquoi le bénévolat donne du sens à nos vies ? ©Getty - Andriy Onufriyenko
Pourquoi le bénévolat donne du sens à nos vies ? ©Getty - Andriy Onufriyenko
Pourquoi le bénévolat donne du sens à nos vies ? ©Getty - Andriy Onufriyenko
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L'engagement associatif de nos jours est plébiscité. Et il semblerait qu'on le fasse autant pour les autres, que pour soi...

21 millions : c’est le chiffre des participations bénévoles dans notre pays selon l’Insee, mais la pandémie a mis un coup de frein au bénévolat. Un quart des bénévoles associatifs, soit un peu plus de 4 millions de personnes ont arrêté de donner du temps pendant la pandémie, selon une enquête de l’Ifop pour France Bénévolat en janvier 2022.

Dans le même temps, le bénévolat direct, en dehors de toute organisation, a augmenté. Pendant la pandémie, de nombreuses personnes ont spontanément donné un coup de main à ceux qui en avaient besoin. Le bénévolat, c’est ce travail gratuit qu’une personne accomplit sans y être obligé, dans tous les domaines.

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Mais comment expliquer ce besoin d’aider les autres ? Quels sont les bénéfices pour soi ? Pourquoi le bénévolat donne ce sentiment de maîtriser sa vie ?

Nos invités nous aident à répondre à ces questions.

Pourquoi s'engager et aider les autres ?

Au fond, pourquoi aider les autres en ces temps d'individualisme et d'hyper-narcissisme ? Dans un contexte de pandémie, qui plus est, où les crises se surajoutent, et où beaucoup peinent déjà à mener leur vie. Comment expliquer ces motivations au bénévolat ?

Selon Henriette Stienberg, Secrétaire générale du Secours Populaire, chacun devrait se sentir responsable de l'autre : "Chacun doit se sentir responsable du fait qu'il vit sur cette Terre et dans ce monde et qu'il a une responsabilité à ce titre. Et cette responsabilité suppose de se préoccuper de ceux qui l'entourent. Certains n'ont besoin de rien et s'en débrouillent très bien. C'est parfait. D'autres rencontrent des difficultés beaucoup plus importantes et le seul fait de regarder l'autre comme on aimerait soi-même être regardé est porteur d'énergie et de capacité d'action. Je l'ai toujours vérifié et je le vérifie toujours."

Selon Katell Pouliquen, journaliste, une autre motivation au bénévolat est une certaine perte de sens dans le monde professionnel, comme elle l'explique : "Il y a une forme de désenchantement par rapport à son travail, un manque de sens et le désir de se rendre aussi utile. Et ce désir, qui peut parfois être très théorique, de plus en plus de gens souhaitent vraiment le rendre très concret."

Par rapport aussi au monde politique, on constate un certain désenchantement : "Lors de la dernière élection présidentielle, par exemple, l'abstention s'est élevée à 28 % au second tour de l'élection présidentielle en en faisant le premier parti de France. Et face à cela, face à ce désintérêt en quelque sorte, qu'on peut regretter par ailleurs, énormément de gens souhaitent s'engager, considérant que c'est parfois plus gratifiant, plus souple aussi qu'une action politique traditionnelle."

L'invité de 9h10
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Qu'est-ce que ça apporte ?

À titre individuel, nous aidons aussi les autres parce que ça nous fait du bien, comme l'explique de façon pragmatique Rebecca Shankland, Professeure en psychologie : "C'est une tendance naturelle. Le fait d'aider les autres est précisément quelque chose qui va faire du bien à l'aidant. Par exemple, au niveau des recherches en neurosciences, on montre qu'il y a une sécrétion de dopamine, une activation du système de récompense lorsqu'on aide autrui, lorsqu'on met en œuvre des comportements altruistes. Donc naturellement, on va avoir tendance à reproduire ce type d'actes." Lorsque l'on fait une action concrète, de terrain, on se sent utile et en effet, c'est souvent valorisant.

C'est donc bon pour soi, mais aussi bien sûr pour les autres. Rebecca prend l'exemple des parents, de plus en plus seuls : "On a de plus en plus de burn-outs, chez les parents aussi, parce que justement, il manque ce réseau social autour des parents dès la naissance. On dit qu'il faut tout un village pour élever un enfant. On n'a plus ce village aujourd'hui et en fait, on assiste à de plus en plus d'épuisement parce que la relation aux autres est précisément ce qui va nourrir l'énergie, la vitalité dans le quotidien."

Et si demain ?
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Le bénévolat, pour qui ?

Les jeunes générations semblent plus sensibilisés à ces questions de solidarité, de protection de l'environnement et s'orienteraient davantage dans cette direction.

Il existe de nombreuses études sur les liens entre le bien-être individuel et collectif. Les personnes déprimées, avec un niveau de bien-être peu élevé, sont moins enclines au bénévolat, à l'altruisme.

Selon Rebecca Shanklandpour, cela est dû à plusieurs raisons : "D'abord parce que lorsqu'on ne va pas bien, on a davantage tendance à être centré sur soi et donc à ruminer tout ce qui ne va pas pour soi. Et on a du mal à observer ce qu'il y a autour et les besoins qu'il y a autour. Mais aussi parce que les proches vont considérer que si on ne va pas bien, il ne faut pas en plus aller aider d'autres personnes. Donc il y a aussi des freins  extérieurs. On dit 'non, il faut que tu te reposes, que tu prennes soin de toi.' Mais en fait, une manière de prendre soin de soi, est précisément de développer un réseau social plus important, notamment par l'action solidaire."

Elle ajoute : "On pense que rester tranquille chez soi, ça va nous rendre plus heureux parce qu'on ne va pas être dérangé par les problèmes des autres. Et en réalité, c'est l'effet inverse. C'est-à-dire que plus on pense qu'on va être heureux seul chez soi, plus ça développe du mal-être qui est fortement associé au sentiment de solitude."

Donc finalement, le bénévolat conviendrait à tout le monde.

Pour vous engager avec le Secours populaire, vous pouvez vous rendre dans un des 3 700 lieux sur le territoire, écrire un mail, ou donner, quel que soit la hauteur du don !

36 min

Avec

Henriette Stienberg Secrétaire Générale du Secours Populaire
Livre : Ne jamais baisser les yeux. Solidaire un jour, solidaire toujours, Robert Laffont, 29 septembre 22

Rebecca Shankland Professeure des Universités en psychologie du développement à L’Université Lumière Lyon 2
Livre : Ces liens qui nous font vivre avec Christophe André, poche Odile Jacob, 2 novembre 22

Katell Pouliquen Journaliste. Directrice des rédactions de Marie-Claire.

Basile Fourtune, Scout. Chef de Service Accueil de Jour Ukraine. France Terre d'Asile

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