Japy fabrique des pompes depuis un siècle et demi et fait partie des entreprises du Patrimoine Vivant.
Japy fabrique des pompes depuis un siècle et demi et fait partie des entreprises du Patrimoine Vivant.

MÉTALLURGIE. Entrons dans la légende !

Le mot n’est pas trop fort pour parler de Pompes Japy, entreprise de Fesches-le-Châtel (Doubs), qui existe encore après plus d’un siècle et demi d’une aventure industrielle aux multiples rebondissements.

Son produit : une pompe manuelle semi-rotative d’amorçage, de secours ou de sécurité, répond toujours au besoin de nombreux secteurs d’activité.

Portrait d’une entreprise organisée en société coopérative et participative (SCOP) où douze sociétaires écrivent chaque jour une nouvelle page de l’Histoire économique.

Cliquez sur les photos pour les agrandir.

Les vieilles machines qui trônent à l’entrée des 3000 m2 d’ateliers de Pompes Japy implantée à Fesches-le-Châtel, dans le Pays de Montbéliard (Doubs), trahissent l’image actuelle du fabricant comtois de pompes manuelles semi-rotatives plus que centenaire.

L'un des deux tours quatre axes bi-broches acheté entre 2009 et 2012.
L'un des deux tours quatre axes bi-broches acheté entre 2009 et 2012.

Elles sont juste là pour rappeler que la société fondée en 1777 par Frédéric Japy, qui a racheté en 1860 le brevet des pompes Noël, est depuis deux ans une des Entreprises du Patrimoine Vivant (*).

Car juste derrière, fonctionnent des équipements ultra modernes : deux tours quatre axes bi-broches et un centre de fraisage.

Cet investissement de 500 000 € découle d’un accord entre les 12 sociétaires qui composent cette société coopérative et participative (SCOP). Avec cette forme juridique, chaque salarié est associé, pèse une voix et oblige à une gouvernance démocratique.

La décision a été prise en 2008 à la suite d’un constat. L’entreprise produisait avec un parc de 120 machines dont beaucoup atteignaient l’âge fort respectable de 80 ans.

« Cet outil complètement obsolète nous a conduit à un dilemme, : soit devenir assemblier et sous-traiter l’usinage, soit renouveler notre outil industriel pour impérativement améliorer notre productivité», rappelle Pierre Lauret, le directeur général.

Japy produit jusqu'à 10 000 pompes par an de couleur rouge ou jaune (Apex).
Japy produit jusqu'à 10 000 pompes par an de couleur rouge ou jaune (Apex).

Un code couleur

La seconde solution s’est imposée logiquement, mais après d’âpres discussions et la levée de quelques freins psychologiques, dont la nécessité de s’adapter aux nouveaux équipements offrant 300% de gains de productivité.

Aujourd’hui Pompes Japy produit de 7000 à 10 000 unités par an en laiton, fonte grise ou Zamak, dont 20% partent à l’exportation.

Le chiffre d’affaires atteint les 2 millions d’€, contre 1,2 million il y a trois ans.

Ses pompes de secours d’amorçage ou de sécurité, reconnaissables à leur couleur rouge servent à transvaser des fluides : huile, gasoil, solvants, essence. La plus belle et la seule au monde est tout en bronze à destination de la Marine Nationale.

De nouvelles aux normes Atex, développées avec des étudiants de L'Université de Technologie de Belfort-Montbéliard (UTBM) arborent une livrée jaune et permettent le transfert de fluides sous atmosphère explosive.

« Nous allons bientôt lancer une nouvelle pompe, au stade actuel du prototype, qui n’utilisera pas la technique du semi-rotatif pour des acides ou des détergents », indique Pierre Lauret, démontrant la vitalité d’une entreprise, présidée par Brigitte Bari, qui écrit une très belle page de l’industrie française.

Montage d'une pompe Japy.
Montage d'une pompe Japy.

Une double relance

Car Japy fut sous le Second Empire un groupe industriel qui pointait parmi les trois plus importants du pays. Tout commence en 1777 avec la création d’un petit atelier à Beaucourt où Frédéric Japy mécanise le procédé traditionnel de l'établissage (**) pratiqué dans le Jura par la profession horlogère.

Du mouvement de montres, il passe ensuite aux pendules, puis se diversifie dans l’outillage, les moteurs, les pièces de bicyclette, les luminaires, les meubles de jardin, les pompes, les moulins à café, les machines à écrire...

Dans les années 1880, près de 5 000 ouvriers travaillent dans les usines Japy de la région (Source Wikipédia).

Un siècle plus tard après de multiples péripéties, l’entreprise compte encore plusieurs centaines d’employés, mais c’est le dépôt de bilan.

Une société coopérative Pompes Japy reprend en 1981 l’activité des pompes et une seconde en 1983, baptisée Cristel, celle des articles de cuisson qui font aujourd’hui les beaux jours de la famille Dodane et de son directeur général Emmanuel Brugger.

Pierre Lauret, le directeur général, aux côtés d'anciennes machines qui servaient encore à la production à la fin des années 2000.
Pierre Lauret, le directeur général, aux côtés d'anciennes machines qui servaient encore à la production à la fin des années 2000.

Qui est Pierre Lauret ?

Agé de 38 ans, le directeur général de Pompes Japy occupe là son premier emploi. Il est titulaire d’un BTS en mécanismes et automatismes industriels et a complété son cursus par deux années en école de commerce. Membre du CJD Montbéliard, Belfort Héricourt, il a aussi bénéficié d’une formation au métier de dirigeant.

Une expérience très utile dans le cadre d’une SCOP où rien ne doit s’imposer mais tout être suggéré. « Il faut savoir écouter, partager et convaincre, ce qui nécessite parfois une énergie supplémentaire », confesse t-il.

(*) Ce label est une marque de reconnaissance de l’État mise en place pour distinguer des entreprises françaises aux savoir-faire artisanaux et industriels d’excellence.

(**) L'établissage consiste à produire notamment des montres en divisant le travail de fabrication en petites unités spécialisées et indépendantes et à réunir l'ensemble des pièces au dernier moment pour la finalisation du produit (source Wikipédia).

2 commentaire(s) pour cet article
  1. Grégoiredit :

    Super article ! Pour les plus curieux d'entre vous, j'ai trouvé d'autres informations sur Pompes Papy sur leur site internet ! Est-ce que vous connaissez d'autres entreprises membre de Patrimoine Vivant ?? A bientôt !

  2. Webmestredit :

    Et pour en savoir plus sur l'épopée Japy, visitez le musée Japy à Beaucourt ! http://www.musees-des-techniques.org/Territoire_de_belfort_90_/Les_musees/musee_japy-AABB.html?langue=FRA

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