Nous dirigeons nous vers une démocratie des "non concernés" ?

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Nous dirigeons nous vers une démocratie des "non concernés" ?

En ce lundi d’après premier tour des élections régionales, on ne peut que s’inquiéter, de nouveau, encore une fois, bis repetita, de voir qu’un électeur sur deux n’est pas allé dans l’isoloir déposer le bulletin (ou pas) dans l’enveloppe qui déterminera ce qui fera son quotidien pendant plusieurs années.
Or, si l’abstention n’était visible que lors des échéances publiques, on pourrait trouver des solutions... Mais si l’on regarde un peu plus loin, on verra que notre démocratie sociale ne va pas mieux (pire même car en 30 ans, elle a doublé chez les salariés). Et quand une organisation de l’ESS atteint plus de 30% de participation à son assemblée générale, le communiqué de presse s’en suivant, se gonfle de cette représentativité démocratique. Brrrr...
Qu’y a t il de cassé ? Dans un article rédigé sur la gouvernance dans l’ESS, j’utilisais le terme de "gouvernance des concernés" pour exprimer la différence avec le modèle entrepreneurial capitaliste. Aurions nous une "démocratie des non concernés" ? Aurions nous la moitié de nos concitoyens, 75% de nos collègues salariés, 70% de nos adhérents non concernés ? Les propositions énoncées par les organisations, partis, dirigeants, candidats, seraient elles si fades et semblables que l’électeur ne pourrait faire la différence ?
Pour une partie, ce sera vrai. Mais dans tous les cas, ce qui manque avant tout, c’est la capacité à débattre entre nous, se dire les choses pour qu’une forme de coopération s’installe et que la solution soit vers le haut, et non vers le bas, que la solution coopérative soit vers un mieux-faisant et non un moins-faisant. Installer qu’il n’y a pas d’alternatives dans l’esprit des individus vient à leur dire que leur situation ne peut évoluer et donc, ne leur donner aucune perspective pour demain. Alors à quoi bon ?
Nous n’avons pas assez de discussions économiques et politiques. Et là, l’ESS a toute sa place, sans langue de bois, sans tabou, elle doit apporter le débat pour que l’individu devienne citoyen comme l’éducation populaire sait si bien le faire.
Et pour cela, il faut sortir de la logique de "prestataire des pouvoirs publics" pour retourner vers les "partenaires des pouvoirs publics". Un prestataire c’est une logique d’action marchande, le partenaire est sur une logique d’action citoyenne.

Pour illustrer mes propos, je vous invite à lire plusieurs articles. Les premiers sont le recueil des articles concernant les élections régionales. Majoritairement issu de l’ESS, vous pourrez lire que l’ESS sait inviter au débat et à l’action citoyenne. Ensuite, vous pourrez lire l’entretien que nous avons réalisé avec Nadia Bellaoui, Président du Mouvement associatif.

Pour finir, juste pour pointer le double discours facile et comptable que certains élus peuvent tenir... Alors que l’emploi est et reste depuis longtemps la première préoccupation des Français, on peut lire la même semaine que le taux de précarité a doublé en vingt ans et touche surtout les jeunes en agglomération. 3 millions de précaires en stage et contrat aidé, CDD (contrat à durée déterminée), intérim, apprentissage, soit 14% de la population en emploi ! Et dans le même temps, le Sénat décide de baisser le budget des contrats aidés dans le non marchand (200.000 contrats aidés) au bénéfice de 40 000 dans le secteur marchand. Vision essentiellement utilitariste du traitement de l’emploi : "le traitement social du chômage ne suffit pas" selon le sénateur du Finistère, Michel Canevet (UDI-UC)

Bonne lecture
Bonne semaine

Source : Retrouvez la lettre d’information hebdomadaire de Ressources Solidaires...

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