Les industriels du Fast Food cherchent à faire pression sur l’O.M.C.

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Les industriels du Fast Food cherchent à faire pression sur l'O.M.C.

Une coalition, fortement influencée par Yum Brands, le groupe de Louisville dans le Kentucky, à la tête des chaînes de restaurants Taco Bell, KFC et Pizza Hut, tente de rallier à sa cause les rivaux de ce géant et les industriels de l’agro-alimentaire afin de mener des opérations de lobbying pour la libéralisation du commerce des produits alimentaires, vu que se tiendra en décembre à Hong-Kong une conférence du cycle de négociations commerciales de Doha dans le cadre de l’OMC. Généralement, les industriels de la restauration rapide préfèrent ne pas prendre parti dans des débats sujets à controverse de peur de faire fuir leur clientèle.

Les pourparlers de Doha, lancés dans la capitale du Qatar à la fin 2001, ont suscités des tensions vives tant dans les réunions que dans la rue.
Les négociations de Cancun au Mexique autour d’un traité commercial multisectoriel réunissant 147 pays ont échoué en septembre 2003 suite aux divisions entre pays pauvres et pays développés sur la question des subventions agricoles.

Le groupe Starbucks qui avait subi de plein fouet les ravages causés par les manifestations de rue lors d’une réunion des ministres du commerce à Seattle en 1999, a déclaré qu’il ne rejoindrait pas la coalition Yum, désignée aussi sous le nom d’Alliance du commerce alimentaire.

Étroitement contrôlée par Starbucks, la chaîne Burger King, qui se concentre sur le redressement de son activité, ne sera pas non plus de la partie.
En revanche, Wendy’s International, le N°3 du fast-food, a déclaré qu’il pourrait bien se rallier à la coalition.
McDonald, le leader mondial du secteur en terme de ventes, a annoncé quant à lui qu’il ne faisait « pour l’instant » pas partie de ce groupe de pression.

L’Association nationale de la restauration, un groupe de pression commercial à Washington qui compte parmi ses membres Yum, McDonald, Wendy et Burger King a fait part de son ralliement à l’Alliance pour le commerce alimentaire.
Le site Internet et les brochures de l’Alliance ne désignent pas nommément les groupes qui la soutiennent et leurs représentants officiels ne sont pas non plus très prolixes en public sur le sujet.

Bill Ehrig, à la tête des relations avec le gouvernement chez Yum, a confirmé par e-mail que son entreprise jouait « le rôle de leader » au sein de l’Alliance du commerce alimentaire.
« Nous défendons les tentatives qui visent à réduire les barrières commerciales pour les produits et denrées agro-alimentaires transformés et ce, afin d’arriver à diminuer les prix de nos matières premières partout dans le monde » écrit-il mais il n’a pas jugé bon de répondre à nos relances téléphoniques pour nous donner plus de détails. Yum détient 33 600 restaurants qui emploient 840 000 personnes dans 100 pays.

Même si ses membres préfèrent rester dans l’ombre, la stratégie du groupe emmené par Yum est de faire de la publicité pour les bénéfices supposés d’un commerce alimentaire plus libre. Sa première prise de position publique devrait avoir lieu aujourd’hui à Genève, où l’OMC a son siège..

En se joignant à d’autres organisations commerciales de 15 pays différents qui soutiennent la même cause, le groupe devrait demander aux représentants du commerce à l’OMC de diminuer les barrières commerciales agricoles, notamment les tarifs douaniers. Il voudrait aussi que l’OMC mette des bâtons dans les roues des pays qui soulèveraient des litiges sur la sécurité alimentaire, ce qui pourrait fermer provisoirement les frontières aux produits comme le poulet ou le soja.

L’Alliance pour le commerce alimentaire a engagé deux agences de relations publiques expérimentées dans ce domaine : PBN à Washington et Strategy XXI à New York.
Elle a également fait appel au cabinet d’avocats Hogan & Hartson, lui aussi expert des questions commerciales, puisqu’il a travaillé notamment sur la question des tarifs douaniers de l’acier américain.
Lewis E. Leibowitz est l’avocat d’affaires international chez Hogan & Hartson qui travaille pour ce groupe de pression. Clayton Yeutter, un ancien secrétaire à l’agriculture et représentant au commerce américain, joue le rôle de conseiller. Selon M. Leibowitz, la création de ce groupe permet à ceux qui en font partie de « parler d’une même voix tout en restant en coulisse ».

Au début des années 1990, les industriels américains du fast-food n’avaient pas accordé une grande attention au cycle de négociations commerciales en Uruguay. C’est à cette époque que les premières puissances économiques mondiales ont essayé pour la première fois d’imposer une règlementation sur les subventions agricoles et les barrières douanières à l’importation.

Depuis, les barrières douanières commerciales sont devenues une véritable source de tracas pour les industries américaines de la restauration rapide car celles-ci font des percées spectaculaires à l’étranger et mettent en place d’énormes chaînes d’approvisionnement vers des pays comme le Mexique, la Chine, l’Allemagne et l’Inde.
Un peu plus de la moitié des environ 30 000 restaurants que possède McDonald dans le monde se situent en-dehors des États-Unis. Burger King a ouvert récemment ses premiers restaurants au Brésil et s’apprête à inaugurer sa chaîne en Chine, pays où les restaurants KFC de Yum ont débarqué quant à eux en 1987 et où on en compte aujourd’hui 1200.
Un fatras de tarifs et droits de douane peut freiner les capacités de ces sociétés à trouver les produits de base les moins chers pour leurs entreprises mondiales. Le Costa Rica et la Thaïlande par exemple imposent des droits de douane drastiques sur les frites. L’Inde en fait de même pour les pâtes. Plusieurs pays comme le Canada exercent un contrôle strict sur les importations de fromage.

Le groupe de pression de Yum défend ardemment les propositions de l’administration Bush dans le cycle de négociations de Doha, propositions qui visent à supprimer les subventions agricoles à l’exportation et à réduire les barrières douanières agricoles. Il a ainsi décroché une réunion la semaine dernière avec Allen F. Johnson, le négociateur américain en chef pour les questions agricoles.

http://www.tradeobservatory.org/headlines.cfm?refID=72465
Article de Scott Kilman et Steven Gray, paru le 19 avril 2005 dans le Wall Street Journal - Traduction Laurence Veyne et Pascale Coumont, (coorditrad attac.org)

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