Les contradictions du paysan Pierre Rabhi

Derrière « les belles paroles » de Pierre Rabhi se cache en fait « un petit business ». ©AFP - ALAIN JOCARD / AFP
Derrière « les belles paroles » de Pierre Rabhi se cache en fait « un petit business ». ©AFP - ALAIN JOCARD / AFP
Derrière « les belles paroles » de Pierre Rabhi se cache en fait « un petit business ». ©AFP - ALAIN JOCARD / AFP
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Zones d'ombre dans son parcours, paradoxes entre son discours de sobriété et la manière dont il vit, conservateur qui ne s'assume pas : derrière les paroles de Pierre Rabhi se cacheraient des contradictions et un business florissant.

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Auteur d'une enquête parue dans Le Monde diplomatique, le journaliste Jean-Baptiste Malet pointe les contradictions de celui qui est vu comme un exemple.

Auteur de nombreux livres, dont La sobriété heureuse, Pierre Rabhi a touché en dix ans plus d'un demi-million d'euros en droits d'auteur. Il dispose ainsi d'énormes ressources, entre 7 000 et 10 000 euros par mois. Il explique pourtant lors de ses prises de parole qu'il se contente de très peu ; il touche en réalité beaucoup d'argent.

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"Des ambiguïtés qui posent problème"

Mais d'après Jean-Baptiste Malet, le paysan ne reverserait que très peu d'argent à ses propres associations, qu'il a initiées (Terre et humanisme, Colibri...). Ces associations vivent en réalité de la facturation des formations en agriculture et non pas des rendements agricoles. "Il y a beaucoup d'amateurisme" affirme le journaliste. 

Pierre Rabhi facture également très cher ses conférences, parfois 2 000 euros, alors que les associations qui l'invitent ont très peu d'argent. Pour Jean-Baptiste Malet, "le décalage entre la prétention de dire 'Je ne vis avec rien', mais toucher beaucoup d'argent sans le reverser aux associations, est problématique".

  • Jean-Baptiste Malet est l'invité de Jacques Monin dans Secrets d'info

► ALLER PLUS LOIN | Le système Pierre Rabhi, une enquête de Jean-Baptiste Malet pour Le Monde diplomatique (en accès libre).

Jean-Baptiste Malet
Jean-Baptiste Malet
© Radio France - Martin Broyer

Réaction

En réponse aux propos de Jean-Baptiste Mallet, Bernard Chevillat, président du Fonds de dotation Pierre Rabhi nous a fait part des observations suivantes : 

"Pierre Rabhi a attribué à l’une des associations qui se revendiquent de lui - Colibris - les droits d’auteur du Manifeste pour la Terre et l’Humanisme dont les ventes dépassent à ce jour les 130 000 exemplaires tous réseaux confondus soit 11 à 12 % des ventes de tous les livres. Pierre Rabhi a aussi orienté les droits d’un ouvrage collectif (Se changer pour changer le monde) vers le Fonds de dotation. 

Sur ses 30 à 35 conférences annuelles, la moitié d’entre elles sont en réalité faites à titre gratuit. L’autre moitié est le plus souvent facturée entre 1000 et 1200 euros et, pour se faire une plus juste idée de la somme effectivement perçue, on doit déduire 40 % de cotisations, ce qui laisse au final 700 euros. 

Il est trompeur et par conséquent mensonger d’affirmer que Pierre Rabhi gagne 'un salaire de 7 à 10 000 euros par mois' et qu’il soit en capacité d’assumer 'et depuis longtemps' le coût d’une assistante puisque lissé sur dix ans son revenu moyen d’écrivain et paysan est inférieur à 45 000 euros. Autrement dit on est plus proche d’une moyenne de 3 500 à 3 750 euros soumis à l’impôt que des chiffres lancés à la volée.

C’est moi, en ma qualité de président et de ma propre initiative, qui ait proposé fin 2015 un CDD de 8 mois à son gendre afin que celui-ci se mette temporairement au service du Fonds, alors débutant sa connaissance des réseaux et ses compétences informatiques et organisationnelles, et assume différentes tâches que nous ne pouvions alors assumer en raison de nos occupations professionnelles respectives puisque nous sommes bénévoles.

Hormis Emmanuel Fabert (Danone) – que Pierre n’a cependant pas vu depuis 4 ou 5 ans – et avec lequel il a tissé autrefois des liens d’amitié à l’occasion de la sortie de son livre Chemins de traverse, Pierre Rabhi ne passe aucun temps avec de grands patrons. Les quelques rencontres d’entrepreneurs – souvent de politesse et très courtes qui ont pu être organisées par tel ou tel intermédiaire et jamais à son initiative - n’ont jamais eu de suite."

L'équipe

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