Le « Plan Pauvreté » de M. Macron : un pauvre plan

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Le « Plan Pauvreté » de M. Macron : un pauvre plan

Un plan qui ne combat pas la pauvreté

Les associations structurent largement les actions contre la pauvreté. Si le report du plan (de 2 mois) avait déjà suscité certaines inquiétudes, les paroles présidentielles sur le « pognon de dingue » avaient mis en émoi les acteurs du secteur. Le plan présenté par le Président Macron ce 13 septembre a donc pour premier objectif de porter une parole rassurante, et les acteurs associatifs ont salué avec mesure le discours officiel. Pour ce qui est de son contenu, de nombreuses réserves ont été émises. Ce plan – dont le discours de présentation peut paraître alléchant- ne répond, ni dans sa philosophie ni dans ses mesures, à l’urgence de la situation pour lutter contre la misère.

Les effets de la « pauvreté » ne sont pas tous visibles : 8,8 millions de personnes vivent avec moins de 1.026€, soit un taux de pauvreté de 14%. 25 % des jeunes de 18 à 24 ans vivent sous le seuil de pauvreté, 19,8 % chez les moins de 18 ans, selon l’INSEE[1]. Si les femmes sont les premières victimes de la hausse de la pauvreté et de la précarité, de nombreuses catégories sociales sont durement touchées, les agriculteurs, les retraités, les personnes en situation de handicap, les travailleurs et travailleuses pauvres et/ou précaires, les chômeurs et chômeuses âgés… Les annonces ne prennent pas en compte les besoins urgents en matière de sortie de la pauvreté, notamment la revalorisation des minimas sociaux, l’accès à un logement décent pour tous, incluant une garantie sur le déploiement des APL, ou l’application de la loi portant sur le droit au logement (loi DALO) ; l’extension du RSA aux moins de 25 ans aurait pu constituer une mesure emblématique. Comment ne pas être inquiet ?

Mesure phare de ce plan, l’annonce en 2020 d’un Revenu Universel d’Activité (RUA) n’est que la fusion de prestations déjà existantes. Les principaux commentaires se focalisent sur l’espoir qu’il n’y aura pas de perdant ! Ne devrait-on pas espérer autre chose d’une telle mesure, et notamment que les personnes vivant sous ce seuil y trouvent des revenus leur permettant de sortir de la misère ? Lié à la notion d’« activité » le bâton est déjà agité pour les demandeurs d’emploi qui refuseraient 2 offres, ce qui laisse craindre de nombreuses sorties de ce dispositif avant même sa mise en place. Le RUA n’aura donc rien d’universel et on peut craindre qu’il ne soit financé par les bénéficiaires eux-mêmes sur le simple rapport gagnants/perdants. Porter les minimums sociaux au seuil de pauvreté (1.026 euros) coûterait de l’ordre de 20 milliards d’euros soit la moitié du coût du Crédit Impôt Compétitivité Emploi (CICE). Cette mesure qui permettrait de sortir de la pauvreté plusieurs millions de personnes est possible bien plus vite qu’en une génération. C’est une question de choix politique : le CICE ou l’éradication de la pauvreté.

Aux 8 milliards sur 4 ans du Plan Pauvreté s’opposent implacablement les milliards consacrés au Plan Richesse du quinquennat : 16 milliards d’euros pour la suppression de l’ISF, 9 milliards pour le prélèvement forfaitaire unique sur les revenus du capital, 38 milliards au titre du CICE et des baisses de cotisations pour la seule prochaine année… Sans oublier les 60/80 milliards d’évasion fiscale estimés par des ONG. Selon une étude de l’Observatoire Français des Conjonctures Economiques (OFCE)[2], fin 2019 les revenus des 5 % les plus riches augmenteraient de 2,2 % par rapport à 2017, contre 0,2 % pour les 5 % les plus pauvres.

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