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Le Centre d'études de l'emploi menacé de "démantèlement"

Plusieurs chercheurs d'un des principaux centres de recherche sur l'emploi, qui pourrait être intégré à l'université Paris-Est, expriment leur crainte que l'organisme ne soit "dépecé".

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Publié le 14 octobre 2013 à 15h14, modifié le 14 octobre 2013 à 16h33

Temps de Lecture 3 min.

 L'un des principaux organismes de recherche sur l'emploi et le monde du travail est menacé de "démantèlement". C'est la crainte exprimée par dix chercheurs en sciences économiques et sociales dans une tribune publiée le 11 octobre par le quotidien Libération. Le Centre d'études de l'emploi (CEE) "pourrait prochainement disparaître, absorbé dans l'université ou dépecé entre plusieurs organisations", écrivent les auteurs de ce texte, parmi lesquels figurent Philippe Askenazy (Ecole d'économie de Paris), Bernard Gazier (université Paris-1) et Michel Lallement (Conservatoire national des arts et métiers).

Situé à Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis), dans la banlieue est de Paris, le CEE a notamment pour objectif d'évaluer les politiques publiques en matière d'emploi. Sa démarche associe plusieurs disciplines (droit, économie, sociologie, etc.), "ce qui a favorisé l'originalité (de ses) productions", soulignent les dix signataires de la tribune. Il a, par exemple, réalisé des études remarquées sur le revenu de solidarité active ou sur les ruptures conventionnelles du contrat de travail.

Placé sous la double tutelle des ministères du travail et de la recherche, le CEE est un établissement public administratif qui emploie une cinquantaine d'agents permanents, dont 26 chercheurs venus d'horizons divers (CNRS, Insee, université, etc.), la majorité d'entre eux étant des enseignants-chercheurs en détachement. S'y ajoutent une cinquantaine de doctorants, post-doctorants ou chercheurs associés, qui consacrent une partie de leurs activités au CEE.

"UN POSITIONNEMENT PEU LISIBLE"

A partir de 2011, l'Etat a fortement diminué sa subvention en faveur du CEE. D'environ 6 millions d'euros, elle est passée à 4,4 millions et devrait se situer sous la barre des 4 millions en 2014. Les effectifs du centre ont, du même coup, diminué de près de 30 % en quelques années, rapporte Anne Eydoux, économiste et représentante du personnel au conseil d'administration du CEE.

Estimant qu'il fallait repenser les dispositifs de recherches sur l'emploi, l'insertion et la formation, l'Etat a confié, en octobre 2012, une mission de réflexion à Mireille Elbaum, professeur au Conservatoire national des arts et métiers. Son rapport, remis au printemps, constate que le CEE est dans une situation financière "épineuse" et qu'il souffre "d'un positionnement peu lisible par les autres institutions". Il recommande de poursuivre les économies sur les "frais de fonctionnement" et les "fonctions support" (administration, gestion etc.). "Un fort accent devrait (…) être mis sur la visibilité (…) et la diffusion des publications", ajoute la mission coordonnée par Mme Elbaum.

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Celle-ci passe en revue plusieurs scénarios pour le CEE, dont l'un consisterait à rattacher le Centre à un établissement d'enseignement supérieur. Cette hypothèse, ajoute la mission, "serait logiquement à envisager avec l'université Paris-Est", à Marne-la-Vallée (Seine-et-Marne).

"C'EST LA FIN DE NOTRE MODÈLE SCIENTIFIQUE"

"Rien n'est arrêté", indique-t-on au ministère du travail. Mais plusieurs chercheurs du CEE, contactés par Le Monde, considèrent que les jeux sont déjà faits et que c'est la piste d'une intégration à l'université Paris-Est qui va l'emporter. Si tel est le cas, le CEE risque de perdre son statut d'établissement public, redoute Anne Eydoux. Du coup, poursuit-elle, les équipes de recherche vont être démantelées car bon nombre de chercheurs en détachement ne pourront pas être accueillis dans la structure intégrée, en raison des règles encadrant leur mise à disposition dans les universités.

"C'est la fin de notre modèle scientifique, fondé sur des chercheurs aux profils variés", confie une membre du CEE. Pour elle, la restructuration en cours est menée sans grande concertation avec les principaux concernés.

Sous le sceau de l'anonymat, une source gouvernementale souligne que l'exécutif "ne veut pas laisser pourrir la situation" léguée par la droite. L'objectif est double : aider le CEE à définir "un nouveau projet en termes scientifiques" et assurer sa "viabilité budgétaire". Pour cette même source, le scénario d'un rapprochement avec l'université Paris-Est, s'il est retenu, n'équivaut pas à la disparition du CEE : des formules peuvent être trouvées qui permettront à cette structure de garder sa spécificité.

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