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Laurent Fabius fait appel aux entreprises pour financer la COP 21

Les ONG s’insurgent contre la participation de gros pollueurs incompatibles avec le climat et motivés par une opération de « greenwashing ».

Par  (avec AFP)

Publié le 27 mai 2015 à 21h24, modifié le 28 mai 2015 à 19h06

Temps de Lecture 4 min.

Le ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, vendredi 22 mai, devant l'affiche de la 21e conférence de l'ONU sur le climat, qui se déroulera en décembre à Paris.

Accueillir à Paris la conférence sur le climat, « le plus grand événement international jamais organisé sur le sol français » a forcément un coût, a justifié Laurent Fabius, mercredi 27 mai. Le budget total prévu pour la COP21, ce méga-sommet qui doit se tenir du 30 novembre au 11 décembre 2015 au Bourget, devrait atteindre 187 millions d’euros. Le ministre des affaires étrangères, « avec l’Organisation des Nations unies »,a décidé d’appeler les entreprises en renfort malgré les réticences des associations écologiques.

« Nous devons accueillir 196 délégations, plus de 40 000 participants. La moitié d’entre eux représentent la société civile : syndicats, ONG, mouvements de jeunesse, populations autochtones… sans compter les 3 000 journalistes, a-t-il annoncé. Et nous devons évidemment réussir à donner à ces deux semaines de rencontre une haute qualité environnementale. » Résultat, l’aide de mécènes en nature ou en soutien financier est la bienvenue.

Le secrétariat général de la conférence table plutôt sur un budget disponible de 165 millions, et le gouvernement espère que l’effort des entreprises partenaires atteindra 20 % du total. C’est trois fois plus que ce qu’avait coûté la COP15 de Copenhague en 2009, pour un quart financée par le secteur économique privé. « Ces crédits seront largement mobilisés pour la tenue de débats, pas pour des réceptions luxueuses, promet Laurent Fabius. Par personne et par jour, le budget est dix fois inférieur à celui d’un G8 ou d’un G20. » Et l’Ile-de-France pourrait espérer 100 000 millions d’euros de retombées.

Les 20 premiers sponsors

Le ministre a rendu publics les vingt premiers noms de sponsors prêts à investir dans une conférence destinée à contenir le réchauffement climatique sous la barre des 2 degrés, et donc à réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre. Ont déjà répondu présents les assureurs Axa, Caisse centrale de réassurance (CCR), Generali, que l’impact des tempêtes, inondations et autres désordres climatiques frappent de plein fouet, ainsi que le secteur bancaire : BNP Paribas, la Caisse des dépôts et consignations, ou Suez Environnement, le Syndicat des eaux d’Ile-de-France, Derichebourg, et des grands groupes de l’énergie : EDF, ERDF et Engie (ex-GDF Suez). Ou encore Air France, Galeries Lafayette, Ikea, JCDecaux, LVMH, Michelin, La Poste, Renault Nissan, et une PME, l’imprimeur ACI, qui offre ses services.

Les sponsors pourront afficher le logo « partenaire officiel Paris 2015 » pendant un an. Tous étaient là autour du ministre, vantant qui ses véhicules électriques, qui ses solutions pour réussir la transition énergétique, qui son engagement pour préserver le monde de demain. Ensemble, ils devraient assurer environ 10 % des moyens. Est-ce qu’il sera possible de doubler la mise ? Trop tôt pour le savoir, mais d’autres acteurs du monde économique pourraient se montrer intéressés par ce coup de projecteur exceptionnel sur leurs propres activités. Saint-Gobain, Publicis et Google n’ont pas manqué de faire savoir qu’ils étaient sur le point de s’engager à leur tour.

« Pas d’exclusion a priori »

D’autant que le secrétaire général de la COP21, Pierre-Henri Guignard, a assuré en substance qu’il n’y avait « pas d’exclusion a priori », du moment qu’une entreprise s’engageait pour le climat. Il a ajouté que certains candidats jugés trop « climato-incompatibles » auraient été découragés. Par ailleurs, la mise minimale de 100 000 euros qui avait été avancée ne semble plus de rigueur.

Les organisations non gouvernementales (ONG), qui accentuent leur pression contre le financement d’énergies « sales » comme le charbon, se sont immédiatement insurgées contre ce partenariat contre-nature avec plusieurs groupes pollueurs, motivés selon elles par une grande opération de greenwashing à l’occasion de la COP21. « Nous accompagnons une dynamique de croissance décarbonée partout, y compris dans les pays émergents, a rétorqué Gérard Mestrallet, président d’Engie. Si on fermait toutes les centrales au charbon aujourd’hui, on mettrait la moitié du monde dans le noir. Ne prenons pas la photographie du passé comme référence. »

« Des négociations aux mains des pollueurs »

A Paris, la tour Eiffel, difficilement perceptible en raison d'un pic de pollution, le 18 mars.

La réponse est largement insuffisante pour les associations environnementales qui ont publié un communiqué commun. « Energéticiens fossiles et fissiles, compagnie aérienne, constructeurs automobiles : la liste des mécènes de la 21e Conférence de l’ONU sur le climat (…) comprend des multinationales françaises qui ne sont pas compatibles avec le climat », accusent Les Amis de la Terre, Attac France, le Corporate Europe Observatory, WECF et 350.org.

Très remontées, elles dénoncent « l’incohérence du gouvernement « et redoutent que « les négociations se retrouvent aux mains des pollueurs ». Pour Célia Gautier, une responsable du Réseau action climat (RAC), « le gouvernement n’a clairement pas choisi les acteurs de la transition énergétique ». EDF, comme Engie, investit « massivement dans le charbon » à l’étranger, affirme-t-elle.

Si le Crédit agricole ne fait pas partie de la liste, malgré son souhait de stopper tout financement du charbon, BNP Paribas, « première banque française en termes de financement de projets d’énergie fossile » selon le RAC, est quant à elle bien présente.

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L’ONG Oxfam, auteure avec Les Amis de la Terre d’un récent rapport très critique sur EDF et sur Engie, dénonce le fait que « la COP21 sera financée par des champions français de la pollution », citant BNP Paribas, EDF et Engie, accusées de se livrer à « une véritable opération de greenwashing avec la complicité du gouvernement français », au lieu de « s’engager à stopper tout soutien au secteur du charbon d’ici au sommet sur le climat ».

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