L'avenir des kiosques divise la majorité

L'avenir des kiosques divise la majorité

    Quel avenir pour les 404 kiosques de Paris ? La question est à nouveau à l'ordre du jour. Actuellement la gestion de ces points de vente fait l'objet de deux contrats : une convention de concession pour l'exploitation des façades du kiosque et une délégation de service public pour la gestion du kiosque en lui-même. Pour chaque contrat, le groupe JC Decaux (via notamment la société MédiaKiosk) est aux commandes.

    A la fin de l'année, ces deux conventions arrivent à terme. La mairie a décidé de profiter de cette opportunité pour réunir ces deux conventions en un seul et même contrat. Cette nouvelle délégation de service public (pour une durée de 15 ans) sera confiée à un opérateur choisi à l'issue d'un appel d'offres.

    Alors que la presse écrite traverse une crise sans précédent, la Ville veut profiter de ce nouveau contrat pour imposer de nouvelles exigences qui devraient permettre aux kiosquiers de perdurer en proposant notamment de nouveaux services. Elle compte demander à son futur prestataire un investissement de 20 Mâ?¬ tandis que ce dernier versera chaque année une redevance de 3 Mâ?¬.

    Celui-ci sera chargé d'imaginer le kiosque du futur : un point de vente innovant, exemplaire d'un point de vue environnemental, qui comprendra un espace d'information sur la vie du quartier. Le mobilier devra permettre aux kiosquiers la vente de nouveaux produits répondant aux demandes de la clientèle. Le gérant s'engagera à réviser régulièrement l'installation des kiosques afin d'optimiser le réseau. Les kiosquiers recevront enfin une formation professionnalisante en matière d'informatique mais aussi d'accueil des touristes et du public.

    Les 200 kiosques les plus anciens (a minima) seront renouvelés sur la base de ce modèle dans les cinq années à venir. Mais le projet passe mal chez les écologistes qui auraient préféré un autre modèle économique. « Nous aurions pu imaginer de repasser en régie municipale ou créer une Société coopérative d'intérêt collectif (Scic) grâce à laquelle les kiosquiers auraient été directement associés à la gestion. Mais aucune étude comparative n'a été menée par la Ville », soupire David Belliard, le coprésident du groupe EELV. « Le choix d'avoir recours à une délégation de service public a été fait sous Bertrand Delanoë : cela coûte moins cher à la ville », plaide-t-on du côté de la mairie.

    Les écologistes redoutent qu'au final, le groupe JC Decaux (déjà rompu à la gestion des kiosques via MédiaKiosk), remporte le marché. « Entre Vélib', les panneaux d'affichages et les kiosques, la gestion du domaine public serait aux mains d'un seul opérateur priv?, redoute David Belliard. Pour toutes ces raisons, les écologistes voteront contre la délibération. Les centristes, eux, ont décidé de s'abstenir.

    « Avec ce nouveau contrat, la Ville est dans une logique purement comptable. L'objectif de la mairie qui a besoin de renflouer ses caisses c'est d'augmenter la redevance. 40 % de la surface publicitaire des kiosques restera vouée à la publicité commerciale hors média... Comme si l'espace public n'était pas déjà surchargé de publicité. La ville de Paris ne peut pas continuer à louer son trottoir contre de l'argent ! », insiste Eric Azière, le patron du groupe centriste.