Est-il encore possible de manger bio sans se ruiner ?

En cette période de pouvoir d’achat en berne, est-il encore possible de manger bio sans se ruiner ? On assiste à un ralentissement dans ce secteur où les prix sont en général plus chers que dans le non-bio. Mais, comment expliquer ces étiquettes plus élevées ? Le bio mérite-t-il vraiment son prix ? Est-ce justifié pour certains produits ? Nous vous donnerons des conseils pour continuer à manger bio même quand on est fauché.

C'est quoi le Bio ?

Laure Verdeau rappelle en premier lieu ce qu’est le bio : « C'est une démarche globale. On ne peut pas juste enlever les pesticides ou enlever les engrais de synthèse. On est obligé de revoir son fonctionnement et d'avoir une approche beaucoup plus globale. Un agriculteur bio, c'est quelqu'un qui se conforme à un cahier des charges stricte et qui est contrôlé plus d'une fois par an. » Elle rappelle ensuite que les produits biologiques sont marqués d’un label Agriculture Biologique ou de l’Eurofeuille (voir logo ci-dessous).

Un prix juste

Les invités abordent les raisons d’un prix plus élevé pour les produits biologiques.

Denis Lairon revient sur la complexité des méthodes de production : « Si on veut un produit de très haute qualité, ce n'est pas anormal de le payer un peu plus cher. Les techniques, les méthodes de production sont plus compliquées. » Serge Papin aborde lui la juste rémunération des producteurs : « Le problème, c'est le revenu des agriculteurs. C'est que tout le monde le sait. Accepter de payer un peu plus cher, c’est concevoir une solidarité entre consommateurs et producteurs de façon à continuer à avoir des paysans qui, dans notre pays, vont pouvoir produire de l'alimentation de qualité. »

Laure Verdeau acquiesce, mais explique qu’il y a aussi d’autres choses que le prix à prendre en compte : « Les coûts de production sont un peu plus élevés. C'est pour ça que parfois, les produits bio peut-être plus chers. Mais en revanche, il y a d'autres paradigmes. » Selon elle, parler de bio pas cher n’a pas de sens, car le consommateur de produits bio achète différemment. Elle continue : « Il mange moins de produits transformés. Donc, au final, cela permet d'équilibrer ses dépenses. »

Les 6 leviers pour manger plus bio

Laure Verdeau énonce les six facteurs sur lesquels on peut agir pour manger bio en contrôlant ses dépenses.

• Arrêter de gaspiller. Si le produit est plus cher à l’achat, on réfléchit avant de le gaspiller.
• Cuisiner plus de produits bruts. Les matières premières sont moins chères que les produits transformés. « Cuisiner maison, c'est un énorme levier de réduction des prix. »
• Manger des produits de saison. On ne peut pas manger hors saison en bio. « On vit au rythme des saisons. »
• Acheter local et en direct. Le direct revient à limiter les intermédiaires et donc les frais supplémentaires. Vous pouvez vous tourner vers les AMAP, les stands de marchés de producteurs ou les ventes à la ferme.
• Acheter en vrac. Vous ne payez pas l'emballage et puis vous achetez au plus juste de vos besoins.
• Choisir mieux sa viande.

Invités

• Sophie Coisne, rédactrice en chef du hors-série 60 millions de consommateurs
• Serge Papin, conférencier, ancien président de groupement coopératif Système U
• Laure Verdeau directrice générale de l'Agence Bio
• Denis Lairon, biochimiste et nutritionniste, directeur de recherche émérite à L'INSERM

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