Définir une autre voie, faire entendre une autre voix

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Définir une autre voie, faire entendre une autre voix

Le 23 novembre, le GOEES tenait sa « Matinale », manifestation annuelle d’échanges politiques autour des problématiques qu’il a en partage avec de nombreux acteurs de l’ESS et du mouvement social.

La première problématique est celle du sens qu’il donne à son identité de groupement d’employeur de l’ESS.

La seconde tient au fait que ses adhérents représentent plus de 70% des emplois salariés du secteur des Comités d’entreprise et qu’il se trouve ainsi au cœur des débats tant sur leurs prérogatives économiques que sur leurs activités sociales et culturelles (ASC).

S’agissant des responsabilités d’employeurs de l’ESS, le GOEES a fermement exprimé sa réprobation de la violente prise de position d’une union, revendiquant le monopole de représentation des employeurs de l’ESS, contre le mouvement social et syndical tel qu’il s’est exprimé au printemps et à l’été 2016. Ce ne sont pas tant les cosignataires de ce texte ou son rédacteur, le MEDEF, qui nous ont inquiété, c’est la situation qu’il semble témoigner chez les dirigeants de l’UDES. Il y aurait les salariés, retraités, citoyens y adhérant qui éliraient des dirigeants qui investis de leur mandat deviendraient des « patrons » et comme tels rejoindraient leur camp.

Ce n’est pas notre conception, ni celle qu’ont exprimée Jean-Paul Benoît de la FMF, François Longérinas de la SCOP EMI ou Jean-Claude Boual du collectif des Associations Citoyennes.

Nous revendiquons la centralité de la démocratie au sein de l’ESS.

Nous ne voulons pas que des prises de position, contestées au sein même de l’UDES, creusent un fossé avec les citoyens et les organisations syndicales en rendant illisible ce qui est pour nous un « entreprendre autrement » porteur d’alternatives.

Ensemble nous voulons voir l’ESS retrouver les racines « mouvement social » qui sont les nôtres : le mutualisme n’est pas réductible à l’assurance, le coopérativisme n’est pas réductible à la participation, l’associationnisme n’est pas réductible à la réparation.

S’agissant des Comités d’Entreprises, les intervenants ont, peu ou prou, partagé la même inquiétude sur l’avenir pour les CE et au-delà pour toutes les structures du social. L’Institut de l’Entreprise vient de publier un texte très significatif où l’ensemble du paritarisme, où les corps intermédiaires, les syndicats se voient remis en cause, voués à la disparition. Une telle position fait singulièrement écho à des propos de campagne de celui qui représentera la droite aux prochaines élections présidentielles.

C’est un long processus qui 70 ans après leur création menace nos CE.

Il y a eu le rapport du député Perruchot voulant l’affermage des activités sociales et culturelles à des sociétés commerciales de service, la loi Rebsamen cherchant à réduire l’exercice des prérogatives économiques des CE, et plus récemment l’amendement Fauré, pour l’instant repoussé, prévoyant la fiscalisation des concours apportés aux salariés par les CE.

Mais ce qui ne manque pas de nous inquiéter aussi, c’est, jusqu’à présent, l’indifférence, l’absence de politique des confédérations syndicales vis-à-vis de l’activité de CE, même si la CGT semble réinvestir le sujet.

Sans réel soutien « politique », soumis aux échéances électorales (« si on ne peut gagner les élections avec les ASC, du moins à cause d’elles peut-on les perdre »), les élus des CE sont souvent désemparés non face aux aspirations mais face aux besoins de salariés en quête du moindre supplément à des rémunérations maintenues à de bas niveaux, quand ils ne régressent pas.

Malgré ces constats, plutôt sombres, le GOEES n’entend pas baisser les bras. Dès le lendemain, le 24, nous nous retrouvions avec les signataires de notre premier appel, ceux que nous avions inviter à s’exprimer la veille, mais aussi avec MINGA, un des pionniers du commerce équitable, avec l’UFISC qui réunit des associations et groupements d’employeurs du secteur de la culture, ou encore des élus ESS dont ceux de Plaine Commune, pour mettre en œuvre des « rencontres » pour définir une autres voie pour nos organisations et faire entendre une autre voix.

C’est en amorçant un travail coopératif fondé sur le primat de la démocratie dans nos mouvements que nous pourrons y parvenir ».

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Tribune publiée dans les rendez-vous de l’économie sociale et solidaire de l’Humanité, le 6 décembre 2016 Par Jack POTAVIN, président du GOEES en collaboration avec Jean-Philippe MILESY, Rencontres Sociales.

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