Claude Lévi-Strauss

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Comment conjurer la rupture qui s’est produite entre nature et culture et retrouver la grandeur indépassable des commencements ?

Rediffusion du Jeudi 24 septembre 2015 : « Claude Lévi-Strauss » avec Emmanuelle Loyer

Comment conjurer la rupture qui s’est produite entre nature et culture et retrouver la grandeur indépassable des commencements ? Dans la configuration indémêlable des systèmes de parenté, dans la forêt des mythes, comment trouver des principes d’explication ?

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Lévi-Strauss, c’était cela : des interrogations d’une immense ambition et une extraordinaire machine à explication. Au paradis savant du Collège de France, où il fut élu en 1959, il embarquait ses auditeurs dans d’extraordinaires périples en diagonale à travers le monde, il montait en généralité puis retombait sur ses pieds. Le moteur fonctionnait sans un accroc dans la langue, avec de fulgurantes accélérations théoriques. Le savant impressionnait. Mais son discours intégrait aussi des notations ironiques, de longues plages mélancoliques. On comprend qu’il soit devenu un écrivain, dès « Tristes tropiques » qui, en 1955, le révéla à un vaste public.

Dans les années 60, on n’en avait que pour le structuralisme dont on disait qu’il était le père. L’entraineur de l’équipe nationale de foot française lui-même travaillait avec ses joueurs « selon les principes structuraliste ». Puis on en revint. Lévi-Strauss regardait tout cela avec distance : venez me voir, disait-il à ses visiteurs, mais ne me posez pas de question sur le monde, mon œuvre est finie.

Il est mort à cent ans passés, en 2009, entouré d’attention comme un trésor national et voilà qu’on s’aperçoit que ses livres sont disponibles pour les questions les plus contemporaines que nous nous posons. Du genre : comment vivre avec les animaux ? Que faire des bébés par procréation artificielle ? Et un bébé chinois élevé en France, est-ce que c’est un français ? Plus Lévi-Strauss vieillit, plus il devient actuel.

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