Le site de micromessagerie Twitter a soumis un dossier d'introduction en Bourse à la Securities and Exchange Commission (SEC), le gendarme de la Bourse américain, a annoncé jeudi 12 septembre l'entreprise dans un tweet. Un porte-parole du groupe, qui a confirmé l'authenticité du message, a refusé d'en dire davantage.
"Nous avons soumis de façon confidentielle un formulaire S-1 à la SEC en vue d'une introduction en Bourse", indique ce tweet, suivi d'un autre : "Maintenant, on retourne bosser."
Twitter a choisi de lancer une procédure confidentielle, sous le régime du JOBS Act (acronyme de "jumpstart our business startups"), un plan pour l'emploi adopté par Barack Obama en mars 2012 et visant à alléger, voire à supprimer, la réglementation pesant sur les sociétés en croissance avant leur entrée en Bourse et au cours des premières années de leur cotation.
Aucune information financière ne devrait donc filtrer. On sait toutefois que seules les entreprises ayant moins de 1 milliard de dollars de chiffre d'affaires peuvent lancer ce genre de procédure.
L'avantage de cette démarche est que Twitter va pouvoir garder ses résultats financiers secrets jusqu'au moment où il présenterat ses actions aux investisseurs. D'après le Wall Street Journal, cette option de confidentialité a convaincu de nombreuses entreprises d'accélérer leur entrée en Bourse.
La procédure lancée par Twitter va rester secrète pendant vingt et un jours, avant que l'entreprise ne se lance dans sa recherche aux investisseurs. La raison pour laquelle Twitter déciderait de rendre public un dossier confidentiel n'est pas encore tout à fait claire.
CROISSANCE PROGRESSIVE
Depuis l'introduction en Bourse de Facebook, le premier réseau social mondial, celle de Twitter, lancé en 2006, est la plus attendue du monde de l'Internet et des nouvelles technologies.
Le réseau social, qui depuis sa création a bénéficié, selon Crunchbase, de plus d'un milliard de dollars d'investissements, s'est préparé à son lancement boursier. Comme en témoigne la récente acquisition, en début de semaine, d'une société de publicité sur les appareils mobiles, MoPub. Twitter a déboursé 350 millions de dollars pour cette acquisition, la plus coûteuse du site de micromessagerie à ce jour.
Le patron du site de microblogging, Jack Dorsey, avait eu l'idée de lancer ce service de messages de 140 caractères maximaux, conçu à l'origine pour les téléphones portables, pendant qu'il travaillait dans une société de podcasts, Odeo, avec les deux autres cofondateurs de Twitter, Biz Stone et Evan Williams. Twitter a finalement été lancé en mars 2006 et n'a depuis lors cessé de croître. Mais Twitter s'est aussi constitué au fil de ses différentes acquisitions, évaluées à plus de 640 millions de dollars, alors qu'en quelques années le service initial a connu de profondes mutations. D'abord pensé comme un flux de messages, accessible par une variété de "clients" depuis le navigateur ou sur les terminaux mobiles, Twitter est désormais un service qui se veut grand public et une plateforme multimédia.
Pour y parvenir, l'entreprise a d'abord voulu imposer sa propre interface, en rachetant ou en limitant l'accès de ses données aux clients alternatifs. En ce sens, l'acquisition de Tweetdeck pour 40 millions de dollars, un service permettant d'afficher plusieurs flux Twitter sur une seule page, est significative.
Avec Vine, une application mobile permettant de réaliser de courtes vidéos, Twitter croit aussi tenir l'équivalent d'Instagram pour Facebook. Le site de micromessagerie est également récemment entré sur le marché convoité de la musique en ligne.
ÉVITER LE PRÉCÉDENT FACEBOOK
Le défi pour Twitter sera de réussir son lancement boursier là où celui de Facebook avait été calamiteux, marqué par des problèmes technologiques qui ont perturbé la cotation, et entraîné des litiges en chaîne. L'action, elle, avait chuté dès après sa première journée de cotation en mai 2012 et a mis plus d'un an à remonter la pente.
Les entrées en Bourse récentes des entreprises de nouvelles technologies ont connu des sorts variés. Les actions du site d'achats groupés Groupon ont perdu plus de 50 % de leur valeur, deux an après l'introduction. Zynga, leader des jeux sociaux, voit désormais son action rester sous les trois dollars. D'autres réseaux sociaux ont toutefois connu un important essor. C'est le cas de LinkedIn, le réseau social professionnel, qui séduit notamment par son modèle freemium.
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