Sécu : Le président de la Fmf prend position

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Sécu : Le président de la Fmf prend position

Tant que le dialogue social entre les différentes composantes du mouvement social et les pouvoirs publics restera bâti sur des pratiques artificielles comme sur des actions de lobbying, tant que la démocratie sociale ne répondra pas aux exigences de participation des populations, aux besoins de transparence, la démocratie dans notre république n’atteindra pas son âge adulte. Quand des dossiers si structurants pour l’avenir de notre société, comme celui de la protection sociale, continueront à être traités sur ce mode, on peut, oui, redouter un nouveau relâchement du ressort démocratique.
La société française, toutes forces confondues, est condamnée à inventer une nouvelle pratique sociale. Dans le cas contraire, elle s’exposera à de nouvelles et graves incompréhensions entre ses différentes sphères politiques, sociales, économiques et aussi culturelles, dont nul ne peut prédire l’issue.
On ne peut plus se satisfaire, sur un dossier aussi lourd et décisif que celui de la réforme de l’assurance maladie, d’arrangements ponctuels entre syndicats, ou de se contenter de constituer des majorités de gestion conjoncturelles, voire de négocier le retour de telle ou telle organisation sociale dans le jeu institutionnel. La seule logique est d’aller au bout d’un vrai projet, au bout d’une authentique rénovation du fonctionnement de la démocratie sociale.
La mutualité en ce sens a intérêt à persévérer dans la voie qu’elle a tracée après le congrès de Toulouse.
Rassembler, comme tel a toujours été notre ambition, les syndicats de salariés, ceux des professionnels de santé pour tenter d’organiser la cohésion des différents acteurs dans la gestion et la régulation des systèmes. La mutualité est ce lieu où peut se créer et fructifier une dynamique d’échanges et de confrontations. Et pourtant, malgré le travail considérable qu’elle a accompli dans ce domaine, la mutualité n’a pas été entendue dans la phase ultime des négociations. C’est un constat qui nous interpelle tous, mais ce n’est pas une nouvelle inquiétude.
Il ne s’agit ni de céder au fatalisme, ni de rejeter tout ce qui a été fait et qui doit être capitalisé. Et s’il est naturel que confronté à la complexité du jeu social, dans une société qui cherche sa meilleure voie démocratique, chacun des acteurs soit interpellé dans ses responsabilités, ses ambitions comme dans ses engagements, la mutualité ne peut pas se laisser enfermer dans les clivages anciens qui ont prévalu.
Pour les Mutuelles de France, est il besoin de réaffirmer que les propositions de la mutualité française sont siennes ? Est il besoin de réaffirmer que les propositions sur la gouvernance de l’assurance maladie, la responsabilité des partenaires sociaux dans les systèmes d’assurance maladie, le rôle et la place de la mutualité dans ce dispositif sont aussi siennes ? Est il besoin de réaffirmer que le meilleur moyen de faire barrage à la privatisation du système de santé est de favoriser un partenariat fort entre la mutualité et l’assurance maladie dont la place prééminente de cette dernière doit être respectée ? Est il besoin de réaffirmer qu’il faut donner à la mutualité toute sa place dans les négociations conventionnelles ?
Mais les Mutuelles de France n’ignorent pas non plus qu’une réforme du système de protection sociale, pour être cohérente, doit aussi entraîner une réforme du financement qui ne soit pas qu’une seule mise à contribution de l’assuré par l’augmentation des prélèvements ou par des mesures forfaitaires sur les actes médicaux.
Sans aucune naïveté, les Mutuelles de France ne s’attendaient pas à ce que la réforme débattue actuellement au parlement soit la réforme historique du siècle.
Ce projet de loi gouvernemental, en plus de certaines mesures régressives, sur trop d’aspects manque d’ambition et de vision. Qu’en est-il, par exemple, de la politique hospitalière avec un hôpital, changement de tarification ou pas, en pleine crise au plan des ressources humaines, au plan des moyens, déconnecté d’une réforme d’ensemble.
Comment prétendre réguler un système de santé comme le nôtre, sans la participation des populations à des politiques de prévention dont les objectifs et les moyens auraient été délibérés et fixés démocratiquement.
Cependant, si cette réforme n’est pas historique, elle peut ne pas devenir catastrophique si le mouvement social sait se rassembler intelligemment pour faire évoluer le projet et lui faire franchir de nouvelles étapes vers un système plus solidaire pour apporter un coup d’arrêt au tassement du régime obligatoire, à l’accroissement des inégalités, et par le rôle que pourrait tenir la mutualité, empêcher les transferts de charges de l’obligatoire vers le complémentaire et écarter ainsi tout risque de privatisation.
La mutualité a trop œuvré, dans ce sens, pour abandonner la stratégie de rassemblement qu’elle met en œuvre depuis de nombreux mois.
Quelle que soit la complexité des relations mouvement syndical-mouvement mutualiste, j’ai la sensation, pour la première fois, que la distance qui sépare les analyses, les postures sur le dossier de la protection sociale n’a jamais été aussi ténue. Les principaux acteurs, syndicats, professionnels de santé, mutualité, ont tous fait l’effort de se rapprocher.
Les lignes de convergences peuvent l’emporter sur les différences constatées actuellement et cette évidence s’imposera, sauf bien évidemment à vouloir réactiver les clivages anciens, ou vivre dans une époque révolue, dans laquelle les citoyens dans leur majorité ne se retrouvent plus.

Voilà pourquoi les Mutuelles de France sont résolument mutualistes et agissent dans le mutualisme unifié pour rassembler celles et ceux qui demain peuvent changer la face de la démocratie.

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