Quel avenir pour l'aide publique au développement ?

Lutte contre l'érosion au Cameroun ©Getty - UniversalImagesGroup
Lutte contre l'érosion au Cameroun ©Getty - UniversalImagesGroup
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Le gouvernement a annoncé lundi une réduction de moitié de l'enveloppe consacrée aux aides publiques aux pays en développement. Quelles conséquences pour ces pays, et pour nous ?

Avec
  • François Bourguignon Économiste, professeur émérite à l’Ecole d’économie de Paris, ancien vice-président de la banque mondiale.
  • Friederike Röder Directrice de l’Organisation Non Gouvernementale ONE France
  • Kako Nubukpo Economiste, ancien ministre togolais de la Prospective et de l’Evaluation des politiques publiques, doyen de la faculté d’économie de l’Université de Lomé

En 2000, les Nations Unies avaient tenté de responsabiliser les Etats développés du monde entier. Pour lutter contre les fléaux des retards de développement à travers le monde, l'organisation internationale les avait mis face à huit "objectifs du millénaire" qu'il leur appartenait d'atteindre. Ces derniers avaient pour fonction la construction d'un monde meilleur, plus égalitaire, sain et durable; parmi eux on retrouve donc la réduction de l'extrême pauvreté, la garantie de l'accès à l'école primaire, la réduction de la mortalité infantile, la protection de l'environnement, etc...

Pour les atteindre, un impératif : que chaque pays développé alloue, chaque année, au moins 0,7% de son Produit Intérieur Brut à des dons ou des prêts préférentiels destinés aux pays en voie de développement. Cette injonction, si elle a été suivie par les bons élèves de la scène internationale (Danemark, Norvège et Pays-Bas s'y soumettent, la Suède et le Luxembourg accordent, eux, plus de 1% de leur PIB à l'aide publique au développement) est un effort que la France, en 17 ans, n'a toujours pas su réaliser.

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La France sera-t-elle un jour un leader politique de l'aide au développement et du progrès humain ?

De ce manquement, Emmanuel Macron avait fait un argument de campagne, se positionnant comme le candidat qui, à l'horizon 2025, permettrait que la France tienne son engagement et cède 0,7% de son PIB au domaine de l'aide publique au développement. En 2016, ce chiffre était de 0,38%, et les récentes décisions gouvernementales ne sont pas pour en favoriser l'accroissement. En effet, le ministre de l'Action et des comptes publics Gérald Darmanin a annoncé, mardi 11 juillet, que dans le cadre de la restriction budgétaire qui touche l'ensemble des ministères, le budget de l'aide publique au développement serait amputé cette année de 141 millions d'euros. Les ONG, furieuses, rappellent que cette coupe correspond à près de 2 millions de personnes auxquelles on ne pourrait plus offrir de soins primaires. Par ailleurs, Edouard Philippe ayant déclaré l'abandon de l'élargissement de la taxe sur les transactions financières (dont la moitié des revenus est affectée à l'aide au développement), le budget d'aide est certain de subir une baisse en 2017.

Devant la gravité de la situation mondiale, l'austérité gouvernementale conserve-t-elle son crédit ? La France a-t-elle une obligation morale envers les pays en voie de développement ? Emmanuel Macron ne doit-il pas organiser une générosité de grande ampleur pour finalement émerger comme un leader du progrès mondial ?

Répondez à ces questions, écoutez les invités de Stéphane Leneuf y répondre dans le Téléphone Sonne, de 19h20 à 20h sur France Inter. Intervenez au 01 45 24 7000 ou sur les réseaux sociaux, #telsonne.

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