Pourquoi les hôpitaux de l'AP-HP sont-ils en grève ?

Pourquoi les hôpitaux de l'AP-HP sont-ils en grève ?
Martin Hirsch, directeur général de l'AP-HP. (KENZO TRIBOUILLARD / AFP)

Les syndicats de l'AP-HP appellent à la grève jeudi. C'est le premier conflit social pour Martin Hirsch. En cause : le projet de réorganisation des 35 heures.

Par Le Nouvel Obs
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"Repos préservé, qualité des soins assurée". Le slogan est là. A l'unisson contre le projet de réorganisation des 35 heures, les syndicats de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris appellent à la grève jeudi 21 mai. C'est le premier conflit social d'envergure que doit affronter le directeur général de AP-HP Martin Hirsch.

Fait rare, toutes les organisations représentatives (CGT, SUD, FO et même la CFDT) ont fait front commun avec la CFE-CGC, la CFTC et l'Unsa, invitant les agents grévistes à se rassembler à 11 heures devant le siège de l'AP-HP, dans le 4e arrondissement de Paris.

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"Il va y avoir du monde", promet Jean-Marc Devauchelle, secrétaire général de SUD Santé.

# Que propose Martin Hirsch avec son projet de réorganisation ?

Pour Martin Hirsch, il est "indispensable" pour "préserver l'emploi", avec plus de 4.000 postes menacés sur 4 ans, et la "qualité du travail".

Le projet de réorganisation des 35 heures permettrait surtout d'économiser quelque "20 millions d'euros", à l'heure où l'hôpital public est sommé de se serrer la ceinture. Près de 3 milliards d'euros d'économies sont attendues d'ici à 2017, dont 860 millions sur la masse salariale.

Actuellement, plus de 60% des agents travaillent 7h36, soit 38 heures par semaine, ou 7h50, soit 39h10 par semaine, avec un nombre de RTT allant de 18 à 20 jours par an. Il faut aussi ajouter des journées propres à l'AP-HP.

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Problème : en raison du manque de personnel, les journées non prises s'accumulent sur les compte épargne temps. Et le stock enfle : 74,7 millions d'euros fin 2014, selon la direction.

La réduction des plages horaires journalières à 7h30, voire 7h, atténuerait ces frais, en diminuant, ou supprimant les RTT. Martin Hirsch a d'ores et déjà exclu la "généralisation" de la journée de 7 heures.

Martin Hirsch, qui prévoit d'ouvrir les négociations le 28 mai, assure que les propositions seront "équilibrées".

Le chantier est "difficile", reconnaît celui qui avait été nommé à la tête de l'AP-HP pour apaiser les tensions, en pleine polémique autour de la fermeture des urgences de l'Hôtel Dieu, en 2013.

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# Que réclament les syndicats ? 

Dans la ligne de mire des grévistes, la réforme de l'organisation du temps de travail lancée par Martin Hirsch. Elle pourrait toucher dès 2016 quelque 75.000 personnels, sans compter les médecins, dans les 38 établissements de l'AP-HP.

Et les syndicats ont beaucoup de questions : quelles catégories d'agents pourraient voir leur RTT diminuer, ou disparaître ? Les jours de congés octroyés pour des événements particuliers comme la fête des mères sont-il également menacés ?

L'intersyndicale attend donc des garanties et des orientations précises de la direction générale. Cette dernière n'a présenté qu'un état des lieux, déjà rejeté par les syndicats.

"Nous voulons négocier sur la base de nos revendications, pas sur celles de M. Hirsch" qui ne visent "qu'à faire des économies sur le dos du personnel", résume pour l'AFP Rose May Rousseau, secrétaire générale de l'Union syndicale CGT de l'AP-HP.

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Réduire les plages horaires sans embauche serait "socialement injuste pour des agents dévoués et en première ligne au quotidien auprès des patients" et dont les salaires sont gelés depuis 2010, estime Rose May Rousseau.

"Faire en 7h ce qui se fait en 7h36, se traduirait par une productivité plus intense, moins de repos", et nuirait à la "sécurité des patients", s'indigne-t-elle.

Les syndicats craignent en outre de perdre d'autres droits, comme la comptabilisation de la pause déjeuner de 30 minutes dans le temps de travail effectif.

"En substance, le message qui est adressé [aux agents] est 'vous bénéficiez de trop de congés et de trop d'avantages'", juge Force ouvrière Santé dans un courrier adressé cette semaine à Marisol Touraine.

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# Quelle est la position du gouvernement ?

Mardi, la ministre de la Santé n'a pas suivi la Fédération hospitalière de France, qui réclame un soutien ferme à l'initiative de M. Hirsch et un débat national sur la question des 35 heures.

Elle a martelé que le gouvernement était attaché aux 35 heures, "à l'hôpital comme ailleurs", prévenant que la "réussite" du projet dépendrait de la qualité du "dialogue social".

# Les services des hôpitaux publics seront-ils perturbés ?

L'offre de soins ne devrait pas être trop perturbée.

Les personnels essentiels à la prise en charge des patients ont été "assignés a minima", tandis que des opérations non urgentes programmées ont été annulées, indique-t-on à l'AP-HP.

P.L. avec AFP

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