Nouvelles recommandations pour la prise en charge des hépatites : Une petite révolution... à condition qu’elle profite à TOUS

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Nouvelles recommandations pour la prise en charge des hépatites : Une petite révolution... à condition qu'elle profite à TOUS

Le Ministère de la Santé présentait aujourd’hui 19 mai le tout premier rapport d’experts dédié à la prise en charge des hépatites B et C. Entre nouveaux traitements, nouvelles recommandations et mobilisation des pouvoirs publics, la lutte contre les hépatites pourrait connaître une vraie révolution... A condition que tous les malades en profitent.

Avec 4000 à 5000 morts par an et près de 500.000 personnes infectées en France (dont 250.000 qui l’ignorent), les hépatites virales sont un enjeu de santé publique à prendre très au sérieux. AIDES, qui appelait depuis 2010 à la production de ces recommandations, voit dans la sortie de ce rapport un signal très positif. Nous n’oublions pas pour autant les insuffisances chroniques des pouvoirs publics à s’emparer de la question, comme en témoigne le faible bilan du dernier plan national hépatites, sous-doté et non renouvelé depuis 2012. Nous resterons donc vigilants quant aux moyens déployés pour mettre en oeuvre ces nouvelles recommandations.

Les tests rapides VHC, c’est pour quand ? Avec plus de 100.000 personnes qui ignorent être infectées par le VHC, il y a urgence à diversifier l’offre de dépistage. Le rapport le montre : cette diversification passe par le développement de tests rapides, fiables, et accessibles aux populations les plus exposées. Forte de son expérience dans le champ du VIH, AIDES appelle depuis 2011 à la mise à disposition de ces tests rapides VHC. Selon le rapporteur Daniel Dhumeaux, la Haute Autorité de Santé aurait même rendu un avis positif le 16 mai dernier pour la mise en place de ces tests. "Il s’agirait là d’une remarquable avancée", déclare Bruno Spire, président de AIDES. "A condition qu’elle bénéficie des financements adéquats et qu’elle soit accessible partout, y compris pour la population carcérale."

Nouveaux traitements : non à une prise en charge à deux vitesses. "Exorbitant" : c’est le terme employé par Daniel Dhumeaux lui-même pour qualifier le prix de cette nouvelle génération de traitements, mieux tolérés et offrant des taux de guérison spectaculaires. Des prix en effet très élevés : entre 60.000 et 90.000 euros par personne ! Va-t-on devoir refuser la guérison à des milliers de malades pour des raisons de coût ? Pour AIDES, cette situation est intenable : tout doit être mis en oeuvre pour assurer un accès aussi large que possible à ces traitements. "A quoi bon renforcer le dépistage si on n’est pas en mesure de garantir aux personnes touchées un accès à des traitements de qualité ?" s’interroge Bruno Spire. Sans un meilleur accès aux droits des populations les plus touchées (migrants, population carcérale, usagers de drogues) et une pression des pouvoirs publics pour faire baisser les prix des nouveaux traitements, nous courrons le risque d’une prise en charge à deux vitesses.

Mieux entendre la voix des malades. Cela fait maintenant de nombreuses années que AIDES recueille les besoins des personnes touchées sur le terrain. Au travers des rencontres "Mieux vivre avec le VHC" ou "Hep’s"[1], nous avons pu identifier les plus récurrentes et en tirer des recommandations. La plus saillante est sans conteste une meilleure prise en compte de la parole des malades dans les prises de décision les concernant. Le rapport relaie clairement cette parole : il appelle notamment à une approche globale prenant en compte les conditions socio-économiques des personnes, et se prononce en faveur de mesures d’accompagnement à l’injection pour les usagers de drogues. Nous saluons ces prises de positions, et appelons par ailleurs à l’intégration des représentants de malades au CEPS, comité chargé de fixer les prix des traitements.

Alors que Marisol Touraine a annoncé ce matin la création d’un Comité de suivi de ces recommandations, AIDES veillera à ce que tout soit mis en oeuvre pour leur application. Dans cette perspective nous donnons rendez-vous en mai 2015 aux soignants, soignés, experts et chercheurs, pour faire le point, ensemble, sur leur mise en oeuvre effective.

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