Pas vraiment un remaniement mais plutôt des « ajustements techniques », selon les mots du premier ministre. L’Elysée a annoncé par communiqué de presse, mercredi 17 juin, des remplacements à plusieurs postes du gouvernement.
Clotilde Valter, députée du Calvados, est nommée secrétaire d’Etat chargée de la réforme de l’Etat et de la simplification auprès du premier ministre. Elle remplace Thierry Mandon, qui devient lui-même secrétaire d’Etat chargé de l’enseignement supérieur, sous la houlette de la ministre de l’éducation, Najat Vallaud-Belkacem.
Martine Pinville, députée de Charente, prend le poste de secrétaire d’Etat chargée du commerce, de l’artisanat, de la consommation et de l’économie sociale et solidaire auprès d’Emmanuel Macron, le ministre de l’économie. Par ailleurs, Laurence Rossignol, secrétaire d’Etat chargée de la famille, des personnes âgées et de l’autonomie, voit son porte-feuille élargi à l’enfance. Elle demeure rattachée au ministère de la santé, dirigé par Marisol Touraine.
Des proches de François Hollande
Ces mouvements de secrétaires d’Etat étaient attendus depuis plusieurs semaines. Geneviève Fioraso avait quitté le gouvernement en mars pour des raisons de santé. Son poste n’avait pas été réattribué immédiatement et avait été confié à Najat Vallaud-Belkacem, la ministre de l’éducation. Carole Delga, qui s’occupait du commerce, laisse son poste pour se consacrer pleinement à la campagne des régionales, pour laquelle elle est tête de liste en Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon. L’exécutif était dans l’obligation de choisir deux femmes pour respecter la parité parmi les membres du gouvernement.
Toutes ces nominations revêtent une dimension politique. Ce sont principalement des proches de François Hollande qui ont été promus. Clotilde Valter s’occupait jusque-là des négociations pour le courant hollandais au sein du Parti socialiste. Proche historique de Lionel Jospin et de Daniel Vaillant, elle fait également partie des soutiens du premier ministre, avec qui elle a travaillé à Matignon à la fin des années 1990. Martine Pinville s’occupait pour sa part de l’animation du groupe des députés fidèles à François Hollande à l’Assemblée nationale. Ces deux nominations récompensent donc des parlementaires légitimistes.
Thierry Mandon, qui n’a pas toujours soutenu le président, se voit lui aussi conforté au gouvernement, même s’il ne dépendra plus du premier ministre. Tour à tour proche d’Arnaud Montebourg et de Pierre Moscovici, cet ancien porte-parole du groupe socialiste à l’Assemblée nationale avait fait ses armes depuis un an à la simplification, l’un des dossiers jugés importants par François Hollande.
Ni aubrystes, ni frondeurs
Alors que plusieurs députés proches de Martine Aubry étaient pressentis depuis plusieurs semaines pour faire leur entrée au gouvernement, aucun d’eux n’a finalement été choisi. La maire de Lille, qui avait rallié la majorité gouvernementale lors du dernier congrès du Parti socialiste à Poitiers début juin, a récemment perdu le contrôle de sa fédération du Nord. Son candidat, Gilles Pargneaux, a été défait par Martine Filleul, une élue locale soutenue par Patrick Kanner, le ministre de la ville, lui-même réputé proche de Manuel Valls. Une nomination d’un aubryste aurait été perçue comme un signe d’apaisement entre l’exécutif et la maire de Lille.
Aucun parlementaire frondeur n’a été promu non plus. Ce mini-remaniement s’inscrit donc dans la lignée de la « clarification » de l’été 2014, à la suite de la sortie des ministres contestataires, Arnaud Montebourg (économie), Benoît Hamon (éducation) et Aurélie Filippetti (culture). L’exécutif a fait le choix de nommer des personnalités parfaitement en phase avec la ligne économique et politique adoptée depuis janvier 2014 et l’annonce du pacte de responsabilité.
Pas de grandes manœuvres avant les régionales
Pour ne pas donner trop d’importance à ce mini-remaniement, la présidence de la République a procédé par communiqué de presse et non pas par la traditionnelle annonce sur le perron de l’Elysée, par le secrétaire général, Jean-Pierre Jouyet. Dans l’entourage du chef de l’Etat, on envisage de grandes manœuvres gouvernementales plutôt après les élections régionales de décembre, afin d’installer l’équipe pour la dernière ligne droite avant la campagne présidentielle et de tenter d’élargir à nouveau la majorité. « Le vrai remaniement ce sera celui par lequel les Verts reviennent au gouvernement », décrypte un proche de François Hollande.
Mais les conditions n’étaient pas réunies pour cette fois-ci. En effet le chef de l’Etat ne veut pas qu’un remaniement entraîne une scission au sein d’Europe Ecologie-Les Verts. Si bon nombre de parlementaires écologistes sont candidats à un poste gouvernemental, la base du parti est pour l’instant hostile à un retour dans la majorité. Dans l’entourage de François Hollande, on estime que le retour des Verts est lié à la décision de Cécile Duflot d’être candidate ou non à l’élection présidentielle de 2017. Chez les socialistes, on veut croire que les régionales forceront des rapprochements, pour éviter l’élimination de la gauche, notamment dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie et en PACA. La conférence climat de décembre pourrait également servir de base de discussion pour un virage écologiste lors de la dernière ligne droite du quinquennat.
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