Le 19° siècle : la naissance d’une classe ouvrière et sa mobilisation collective autour du Marxisme.

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Le 19° siècle : la naissance d'une classe ouvrière et sa mobilisation collective autour du Marxisme.

Définition de ouvrier : Petit Larousse, 1996, Editions Larousse, p. 730 ;

" Nom. ( Latin operarius ).
1. Personne salariée ayant une fonction de production et qui se livre à un travail manuel pour le compte d’un employeur. Ouvrier à façon, à qui l’on fournit la matière à mettre en oeuvre pour un prix forfaitaire. - Ouvrier spécialisé dont le travail ne demande aucun diplôme, mais une simple mise au courant par opposition à l’ouvrier qualifié, hautement qualifié ou professionnel, dont l’apprentissage a été sanctionné au minimum par un certificat d’aptitude professionnelle.
2. Littéraire. Agent, artisan. Etre l’ouvrier de son destin. "

Jusqu’en 1880, les ouvriers seront essentiellement des ouvriers-paysans, c’est-à-dire, des paysans, travaillant dans les industries, pour apporter un complément, ou pour plus exactement tout simplement vivre. En effet, à cette époque, malgré le versement de salaire, qui n’étaient pas uniformisés selon les ages, sexes et secteurs de travail, le " salarié " ne pouvait que subvenir à ses besoins physiologiques, manger et boire. Le reste, logement, habillement, literie, était le résultat de la charité des plus riches. Les 3, 4 ou 5 salaires, même bas, suffisent à peu près à apporter le pain et les féculents, nécessaires à se nourrir pour le lendemain, pour retourner travailler. Et là est le gros problème caractérisant la condition ouvrière de cette période d’industrialisation, c’est la peur du chômage, du lendemain, de l’avenir. On ne peut faire de perspectives, ni de projets, surtout quand intervient une crise.
Par le système économique , considéré comme naturel, bien qu’étant la conséquence de l’anarchie du système en vigueur ( le capitalisme libéral ), les crises interviennent régulièrement. Elles débutent souvent par une grave crise agricole. Mais la crise, c’est surtout le chômage résultant des faillites et des licenciement. En 1847, à Nantes, on compte 15 à 20 000 chômeurs sur une population totale de 94 000 habitants ( Soit entre 16 et 20 % ). A Paris, durant les années 1847-48, on a calculé que la moyenne du chômage dans les industries était de 56 % avec des variations de 20 à 75 %.

On peut comprendre devant ces chiffres les raisons déclenchant les nombreuses émeutes, mais généralement sans lendemain. Pour l’ouvrier de fabrique, sans qualification, épuisé et sans instruction, la seule réaction est violente et généralement individuelle. De plus, l’exode des paysans vers les villes provoque le déracinement et l’acculturation de ces derniers, leurs repères sont faussés par leurs mouvements perpétuels vers les sites de production et contribuent en cela à encore plus à une vision malade ( au propre comme au figuré ) de cette classe ouvrière naissante du 19° siècle, siècle qui voit se creuser encore plus les différences entre les dirigeants et les dirigés, les détenants et les non-détenants, les riches et les pauvres.

Les causes de cette rupture sont essentiellement économiques. La crise naît d’un phénomène conjoncturel, entraînant une phase de déclin jusqu’en 1889. Ceci entraîne la classe ouvrière à se stabiliser, ce qui deviendra ensuite le prolétariat moderne. Depuis 1873, on assiste à une crise internationale, fortement marquée par la dépression agricole, la baisse des revenus agricoles et de la consommation. Crise d’autant plus forte en France, que l’Etat est incompétent pour se sortir de la crise. L’industrie textile, qui représente 3/4 des industries Françaises, s’effondre face à l’industrie Anglaise, beaucoup plus mécanisée.
La grande industrie se restructure. Mais cela diminue les capacités d’absorption des prolétaires sur le marché de l’emploi. D’où une précarisation et un regain d’influence des patrons. En clair, on accepte n’importe quel travail, à n’importe quelle condition. C’est l’époque de contrôle des ouvriers par le patronat, fortement épaulé par les contremaîtres, par crainte de révolte, sous l’habile déguisement du paternalisme patronal ( Mis à disposition par le patronat de logements, magasins, de loisirs pour leurs salariés ).

Apparaît un phénomène tout à fait nouveau : la mobilisation collective. La partie motivée de la classe ouvrière se mobilise collectivement. La grève est un phénomène remarquable dans les années 1880.. Dans un même temps, on peut commencer à assister à un rapprochement de l’Eglise et du monde ouvrier, qui tente de tisser des liens entre les deux, c’est le balbutiement du catholicisme social9. Mais la classe ouvrière ne prête que très peu l’oreille aux appels de l’Eglise. Il faut voir la montée des idées socialistes ( la création de la C.G.T. en 1895 ). Leurs revendications sont également traditionnelles ; constatation de la concentration industrielle et de la grande industrie avec les ravages qu’elle va entraîner dans leur vie ( Maladie, brimade, chômage, ... ). Les revendications porteront essentiellement pour une meilleure prise en compte de la classe ouvrière et l’amélioration des conditions de travail dans les entreprises. La prise en compte passera essentiellement par une participation à la vie de l’entreprise, et non plus seulement une participation limitée à la production. Cette revendication trouvera son apogée avec les grèves de 1936 et les accords Matignon. L’amélioration des conditions de travail sera plus issue d’un combat dans les entreprises et de pressions sur les différents Gouvernements en place.

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