La hiérarchie est-elle bien naturelle ?
Vinciane Despret
Sciences Humaines N° 250 - Juillet 2013
Il y a vingt ans, il allait encore de soi que les loups et les babouins vivaient sous la domination du plus fort. Aujourd’hui, rien n’est moins sûr, et si les hommes, eux, se donnent des chefs, ça n’est pas forcément une loi naturelle.
« Vous devez être le dominant ! Voici l’une des règles de base en matière de dressage canin. (…) Passer devant son chien lorsque l’on quitte une pièce, manger avant lui (…) sont autant de petits trucs qui feront comprendre à votre compagnon que vous êtes le chef de la meute, pas lui (1). »
Voilà les conseils que l’on peut trouver aujourd’hui sur de nombreux sites consacrés à l’éducation des chiens. Et c’est également, à ce qu’en témoignent certaines personnes que j’ai pu interroger à ce sujet, ce que l’on peut s’entendre recommander dans les centres de dressage canin. Cette recommandation fait écho à ce que l’on pourra par ailleurs découvrir sur les sites dédiés aux loups : le terme « meute », clairement, nous y renvoie. Une meute de loups, peut-on y lire, « est souvent constituée d’un couple dominant ayant le rôle de chef de groupe. On les appelle les alphas mâle et femelle. C’est le couple dominant qui prend toutes les décisions pour la survie de la meute, déplacements, chasse, marquage et territoire. Le couple alpha est le seul à se reproduire. Dans la meute, l’ordre hiérarchique est constitué des bêtas, qui arrivent après les alphas. Ils prendront la place du couple alpha en cas de problème pour la meute (mort). Puis viennent les loups omégas (…). [...]
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