L’Éducation nationale vend les produits de Microsoft dès la maternelle

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L'Éducation nationale vend les produits de Microsoft dès la maternelle

L’APRIL constate que le ministre de l’Éducation nationale, via la
Délégation aux Usages de l’Internet, sert d’alibi à une opération
commerciale de la société Microsoft. La campagne nationale sur la
sécurité informatique lancée le 6 juin revêt en effet toutes les
caractéristiques d’une telle action, d’autant plus qu’elle coïncide avec
le lancement de la suite sécurité de Microsoft et réutilise la charte
graphique de cette société. [1]

Le président de Microsoft France a ainsi annoncé à la Sorbonne, entouré
de mascottes de l’opération arborant toutes le logo du système Windows,
que cent cinquante employés de son entreprise allaient se rendre dans
les écoles, y compris les maternelles, pour « porter la bonne parole
sur la sécurité informatique », soit clairement promouvoir les
logiciels Microsoft.

Des centaines de milliers de kits pédagogiques - où les logos et les
marques de Microsoft sont omniprésents - seront de plus distribués,
toujours sous l’égide du ministère de l’Éducation nationale. Le site
protegetonordi.com, partial et partiel, lancé pour l’occasion invite lui
directement les parents à utiliser des produits Microsoft, à s’abonner à
MSN Premium ou à donner de l’argent de poche à leurs enfants pour qu’ils
se rendent sur MSN Music. [2]

L’absence de toute référence au logiciel libre est toute aussi choquante
que ces actions de propagande et de publicité. Les qualités des
logiciels libres en matière de sécurité informatique sont largement
reconnues, tout comme leur apport à la diffusion du savoir et de la
connaissance, caractéristique qui aurait dû en toute logique intéresser
le ministère de l’Éducation nationale.[3] Mais la domination de
Microsoft dans cette opération est totale (aucun autre éditeur de
logiciels propriétaires n’y étant plus associé depuis le retrait de
Symantec).

L’APRIL dénonce donc avec force une opération mercantile qui n’a pour
autre objectif que d’accompagner le lancement de produits Microsoft et
de capturer du « temps de cerveau disponible » directement dans les
écoles. « Il est tout simplement écoeurant que la protection de
l’enfance soit instrumentalisée à de telles fins avec l’accord du
ministère. La surenchère promotionnelle qui se dégage de cette
opération nuit clairement aux ambitions affichées de prévention et de
pédagogie sur la question de la sécurité informatique, par ailleurs
essentielles » déclare Benoît Sibaud, président de l’APRIL.

L’APRIL appelle dès lors les parents d’élèves et les enseignants à
systématiquement rappeler aux enfants l’existence d’une alternative
sécurisée au tout-Microsoft : le Logiciel Libre. Elle demande de plus au
ministre de l’Éducation d’annuler la venue des porte-paroles de
Microsoft dans les établissements scolaires. Elle met également en garde
les enseignants en faisant appel à leur vigilance citoyenne lorsqu’il
leur sera demandé de distribuer aux enfants ces éléments publicitaires.
Les missionnaires de l’informatique dite « de confiance » [4] doivent
rester à la porte. L’APRIL félicite à ce sujet le collectif StopDRM qui
a mené devant la Sorbonne une action de sensibilisation sur les risques
que fait peser cette informatique sur les libertés individuelles et la
souveraineté de l’État. [5]

Enfin, et pour la troisième fois depuis janvier 2004, [6] l’APRIL
invite le ministre à « définir une politique de développement de
l’informatique dans l’Éducation nationale qui soit libre de toute
ingérence commerciale, reprenant en cela la tradition républicaine qui
protège le système éducatif ». Elle lui demande donc de ne plus
organiser d’opérations contrevenant aux principes de neutralité et de
non-consumérisme les plus élémentaires de l’école de la
République. Dans les invitations pour la soirée de lancement, le nom
de Microsoft figurait comme celui d’un initiateur, au même niveau que
celui du ministère et non pas dans la liste des partenaires [7]. Sur
le site protegetonordi, on peut lire « une opération organisée par le
ministère de l’éducation nationale, Microsoft et leurs partenaires ». À
quand une « délégation Microsoft » au Ministère de l’Éducation
nationale ?

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