King Kong triomphe quand ses inspirateurs disparaissent

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King Kong triomphe quand ses inspirateurs disparaissent

A l’occasion de la sortie en salle du dernier King Kong, le plus célèbre gorille du monde, un nouvel appel en faveur de la sauvegarde des derniers représentants de ce "dur au cœur tendre" est lancé par le WWF.

Le nombre de gorilles encore en liberté est en chute constante, la situation du gorille de Grauer (le gorille de plaine oriental) étant la plus inquiétante. En effet, ce gorille a vu son effectif chuter de 80 % au cours des 5 dernières années, pour une population qui s’établit actuellement à environ 3 000 individus. Le gorille de montagne, rendu célèbre par le film relatant le combat de Dian Fossey en sa faveur (Gorilles dans la brume), est lui aussi en situation critique. Ce gorille ne survit que dans 2 parcs nationaux, et s’il a vu ses effectifs rester stables au cours des dernières années (environ 700 individus), sa population reste très fragile.

Dans les 2 cas, des efforts importants restent donc à faire pour leur assurer, autant que possible, un avenir libre.

Les principales menaces qui hypothèquent la survie des gorilles sont bien connues. Comme pour de nombreuses autres espèces, elles sont constituées par la chasse et la diminution de leur espace vital. Combinés à l’augmentation de la demande de viande des citadins, à la faiblesse des revenus et à l’incapacité de faire respecter les lois de protection de la nature, la facilité et l’attrait économique de commercer de la viande de brousse renforcent la menace sur les efforts de conservation des gorilles et de la faune en général. En plus, dans des régions ravagées par des conflits armés à répétition, les braconniers n’ont aucune peine à se procurer des armes. Ainsi, un peu partout, la viande de gorilles et d’autres animaux forestiers se vend à bon prix. Par ailleurs, parallèlement à l’augmentation de la population, la demande de bois de chauffe ne cesse de croître, tout comme la quête de nouvelles terres agricoles.

La problématique de la sauvegarde des gorilles est donc à inclure dans un cadre qui dépasse ces seuls animaux et ne peut être réglée qu’en impliquant toutes les parties intéressées.

A ce titre, le WWF-Belgique a lancé la campagne “Heart of Africa” qui, en respectant les intérêts des populations locales, propose l’adoption symbolique d’un gorille afin de récolter des fonds destinés à restaurer l’intégrité du parc national des Virunga, le plus ancien parc national d’Afrique, créé en 1925 sur quelque 8 000 km2 en République Démocratique du Congo.

Depuis le début des années 1990, ce parc qui abrite une variété remarquable d’espèces animales, dont le gorille de montagne, a vu l’arrivée de plus de 100 000 réfugiés. Un tel afflux ne s’est pas fait sans conséquences importantes pour les écosystèmes locaux. Aussi, depuis 1998 l’association travaille à améliorer les conditions de vie des habitants tout en respectant les ressources naturelles et la faune du parc. Les réfugiés sont encouragés à quitter le parc pour s’installer à sa périphérie, où ils trouvent des lieux pour s’établir et des terres à cultiver. En outre, la plantation d’arbres, en bordure du parc, fourni un bois qui peut être exploité par les habitants pour leurs propres besoins ou la revente.

Ainsi, cette action d’adoption symbolique s’inscrit dans une continuité et une dynamique de résultats concrets déjà obtenus sur le terrain, comme le reboisement qu’une grande partie des terrains occupés à l’origine par la forêt de Tchiambirimu, le seul habitat du gorille de plaine oriental dans le parc national des Virunga.

A l’image de la formation des gardes chargés de la surveillance et de la lutte anti-braconnage, l’information et la sensibilisation font également partie du programme de sauvegarde en montrant aux populations l’intérêt à conserver la nature et en insistant sur les avantages économiques et écologiques qu’elles peuvent en retirer. Selon l’association, l’écotourisme de vision des gorilles, dans le seul parc national des Virunga, pourrait générer quelque 3 millions de dollars par an, susceptibles d’être consacrés à améliorer la gestion du parc et les conditions de vie des populations locales.

Pascal Farcy

Copyright : Univers-Nature.com

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