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Crise : la scop, ce statut bien particulier des sociétés

La CGT Goodyear envisage de créer une scop pour reprendre le site d'Amiens Nord. PASCAL ROSSIGNOL/REUTERS

Goodyear, SeaFrance, Fralib… La liste des entreprises reprises en coopérative par leurs salariés ou qui évoquent cette piste s'allonge. Loin de ces situations d'urgence, la plupart des scop sont bien implantées, et résistent à la crise.

La CGT de Goodyear a surpris tout le monde en annonçant mardi vouloir reprendre en coopérative le site d'Amiens Nord. Derrière des cas très médiatiques - citons également SeaFrance -, les scop françaises survivent bien à la crise. Bénéficiant d'un fort capital sympathie, elles sont plébiscitées par la gauche: le ministre de l'Économie sociale et solidaire et de la Consommation Benoît Hamon veut doubler leur nombre en cinq ans. Retour sur ce statut bien particulier des sociétés

Qu'est-ce qu'une scop?

«La Scop, ce n'est pas très bien vu en France. Les gens imaginent l'armée mexicaine, l'anarchie… Alors qu'on est une entreprise comme une autre, structurée, avec quatre cadres, un patron…», déclare Arnaud Rolland, à la tête depuis décembre de l'entreprise Fontanille, située à Espaly, près du Puy-en-Velay (Haute-Loire). Alors que cette usine de textile était mise en liquidation, 46 salariés, sur les 67 que comptait l'entreprise, se sont associés sous la forme d'une «société coopérative et participative». Comme dans toute scop, ses 46 salariés-associés détiennent la majorité du capital de l'entreprise, et décident de manière démocratique de ses orientations stratégiques.

Comment les bénéfices d'une scop sont-ils répartis?

Le profit réalisé est réparti en trois parts: la «réserve» de l'entreprise (un fonds destiné à son développement), le capital (qui peut être attribué aux associés sous forme d'intérêt) et enfin une part «travail», distribuée aux salariés sous forme de participation. Dans le cas de la scop Fontanille, les salariés ont réuni 450.000 euros au total pour constituer le capital de départ de leur scop, grâce à des aides et en versant 60% de leurs primes de licenciement. «Les salariés ont dû oublier le treizième mois, le jour de carence et les primes de transport, énumère Arnaud Rolland. Mais en contrepartie, on espère partager le gâteau en 2013. Ça change complètement l'ambiance de travail et la motivation.»

PME, grandes entreprises… Combien y a-t-il de scop en France?

La plupart des scop sont bien implantées, et leur nombre reste modeste. On compte environ 2000 scop en France, qui emploient 42.000 salariés. Leur taille moyenne est donc de 21 employés, la grande majorité sont des PME. Nommées avant 2010 «sociétés coopératives ouvrières de production», les scop sont traditionnellement des imprimeries, des entreprises de bâtiment… «Cette image un peu datée reste attachée aux scop, alors qu'on trouve aujourd'hui tous les métiers, y compris la haute technologie», note François Salvagniac, chargé de l'action participative et de la communication du Groupe Scopelec, une des plus importantes scop de France, avec 1600 salariés. Cette entreprise du Midi, née il y a quarante ans, s'occupe du maintien et de la création des réseaux téléphoniques. Signe de sa santé, elle est sur le point d'acheter une nouvelle filiale de 600 salariés. La scop n'est donc pas réservée aux petites entreprises. «L'aspect participatif de la prise de décision est bien sûr moins présent que dans une petite scop, d'autant que nos salariés sont dispersés sur le terrain,» explique François Salvagniac.

Quels sont les atouts des scop dans la crise?

Les scop résistent plutôt bien à la crise, même mieux que les entreprises classiques. Cinq ans après leur création, 56% ont survécu en moyenne, contre 52% pour le reste des entreprises. Le secret de cette réussite est peut-être la réserve financière, cagnotte que toute scop doit constituer. Les scop sont tenues d'allouer en effet au minimum 16% des profits à cette réserve, mais stockeraient plutôt 40% en moyenne. Pascal Metzger y voit l'atout principal des scop. Il est PDG de Smart Equipment Technology, installée à Saint-Jeoire-en-Faucigny (Haute-Savoie), une scop célèbre pour avoir été soutenue contre une multinationale. «En caricaturant, on peut dire qu'au lieu d'aller dans la poche des actionnaires cette somme va à l'entreprise. Comme nous sommes nous aussi dépendants de la conjoncture, des clients, cette réserve permet de faire le dos rond en période de vaches maigres.»

L a scop n'est pas une recette miracle anticrise

Concurrence, niveau de commandes… Une scop est soumise aux mêmes aléas que les autres entreprises. Certaines scop censées surgir des ruines d'entreprises en liquidation peinent à émerger. C'est le cas de l'usine Fralib à Gémenos (Bouches-du-Rhône). Sur les 182 salariés que comptait le site avant son arrêt en juillet 2011, 72 sont positionnés pour former une future «scop Thés et Infusions». Ils sont en procédure contre Unilever, qui ne souhaite pas leur céder la licence de la marque Éléphant, et peinent à réunir les conditions de remise en route de l'usine. Dans le cas de Goodyear, si le projet de la CGT de reprise du site en scop prend forme, un problème comparable pourrait surgir: la transmission de la marque de pneus… et du portefeuille de clients.

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