Chez Reprotechnique, les salariés ont sauvé leur entreprise

Chez Reprotechnique, les salariés ont sauvé leur entreprise

    Il y a un an de  cela, nul doute que les employés de Service Point Reprotechnique ont eu en tête l'image cauchemardesque de leur entreprise désaffectée, vidée de son matériel et de ses salariés. Mais six mois après le changement de statut de cette entreprise de reprographie en société coopérative et participative (Scop), c'est, semble-t-il, une image définitivement balayée. Entre le 10 juillet -- date de la création de la Scop -- et le 31 décembre dernier, le chiffre d'affaires s'est révélé supérieur de 17 % aux objectifs. Et identique, contre toute attente, à celui de 2012.

    Alors hier, à Colombes, le siège a ouvert les portes de son hangar de la rue des Gros Grès pour une journée un peu particulière, après neuf mois de renaissance. « Pour nous, c'est une façon de matérialiser un retour à la normale », explique Olivier Crus, le PDG. « D'autant, se réjouit-il, que les salariés sont beaucoup plus impliqués : les performances de l'entreprise s'en trouvent mécaniquement améliorées. » Car sur les 48 actionnaires que compte aujourd'hui Reprotechnique, il y a 45 salariés. L'été dernier, ils ont donné de leur poche plus de 300 000 â?¬ pour sauver l'entreprise, placée en liquidation judiciaire. Face aux difficultés, elle avait d'ailleurs dû se séparer de 89 de ses 155 salariés.

    A 37 ans, Marie-Claude avoue qu'elle a d'abord hésité. « Au départ, il nous fallait verser deux mois de salaire brut. Financièrement, c'était très difficile », explique-t-elle. « Mais quand la mise minimale est passée à 500 â?¬, je me suis décidée. J'aime ce travail et je ne regrette pas », raconte celle qui « au départ devait rester une semaine pour un remplacement, il y a quinze ans ». Depuis que l'entreprise est participative, « on peut davantage faire part de nos idées », estime-t-elle.

    « Ã?a fait du bien de voir tout ce monde », souffle également Christian. A 57 ans, ce tireur de plan a eu très peur de se retrouver sur le carreau. « Le problème, ce n'était pas tant qu'il y ait du travail dans la branche ou pas, explique-t-il, c'était surtout mon âge... » Pour Nicole, tireuse de plan également, « Pas grand-chose n'a changé, notre travail est resté le même. Mais quand quelque chose ne va pas, maintenant on en parle plus facilement. On a imaginé notre boîte disparaître, alors quand on voit les résultats on ne peut pas avoir de regrets. »

    En plus d'une aide de 170 000 â?¬ versée par la préfecture, provenant d'une convention de « revitalisation », l'entreprise a fait partie de la fournée 2 013 des projets d'économie sociale et solidaire (ESS) soutenus par le conseil général. Plus de 70 000 â?¬ lui ont ainsi été alloués, permettant le maintien des 66 emplois locaux et l'achat d'équipements flambant neufs. De quoi plaire aux clients, restés fidèles. « C'était notre plus grande crainte », explique Olivier Crus, qui dit défendre « un métier de proximit?. « Mais au final, au lieu d'en perdre, nous en avons gagné. » Depuis, cinq emplois ont été créés chez Reprotechnique, et deux supplémentaires le seront cette année.