Charte d’intervention d’Agir ensemble contre le chômage

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Charte d'intervention d'Agir ensemble contre le chômage

Charte adoptée lors des assises exceptionnelles des 25 et 26 mai 2002.

Bref historique

C’est en octobre 1993 qu’est lancé le 1er appel par 150 syndicalistes, responsables associatifs, chercheurs et d’autres personnes pour la constitution d’AC !.

Extraits de l’appel initial d’AC ! - octobre 1993

« En finir avec la résignation et l’exclusion, pour une autre répartition du temps de travail et des richesses, pour créer des emplois, changer de logique. Les signataires de l’appel proposent d’aider à la coordination des initiatives contre le chômage pour constituer un large mouvement avec trois objectifs principaux :

Renforcer la solidarité concrète entre salariés et chô-meurs en reconnaissant et en soutenant les organisations de chômeurs en favorisant leur représentation et en aidant la création de lieux d’information d’entraide...
Débattre ensemble sur les questions de fond que la lutte contre le chômage oblige à poser.
Rassembler, agir pour une réduction du temps de tra-vail et dans l’immédiat d’une loi-cadre...

Il faut pour cela, faire converger les efforts syndicalistes, associatifs ».

Depuis de nombreux militants ont investi ce cadre par des actions massives (marches convergentes sur Paris 1994, pour une Europe sociale à Amsterdam 1995, Cologne 1996, manifestations nationales contre la réforme de l’assurance-chômage en mars 1996, mouvement de l’hiver 1997/98), par des actions symboliques (occupations, réquisitions d’emplois, de nourriture). AC ! s’est fait un nom. A travers ses travaux en assises, lors de marches européennes, lors des actions, des textes ont été écrits et enrichissent notre réflexion : « Motion revenu » octobre 1995, "Appel des sans" de décembre 1995, contribution revendicative des marches européennes de février 1997, « Appel du Louvre » décembre 1997, « Plate forme de Bruxelles » avril 1998...

La nécessité de réactualiser la charte de 1994 est apparue car la composition d’AC ! a évolué et sa réflexion aussi. Les chômeurs et précaires y ont pris une place prépondérante.

L’identité d’AC ! (Agir ensemble contre le chômage, la précarité et les exclusions)

Nous sommes un mouvement rassemblant des chômeurs, précaires, salariés et organisations solidaires en lutte contre le chômage et contre la précarisation de l’ensemble de la société. AC ! regroupe des femmes, des hommes de tous ages, de tous horizons et des toutes nationalités. Nous sommes un ensemble de collectifs organisés en réseau sur l’ensemble du territoire. Le principe de l’autonomie régit les collectifs et/ou associations qui adhèrent à AC !.

Il n’est pas question de nous engager dans la cogestion de la précarité, ni dans la voie caritative. Nous refusons une répartition des richesses qui fait les riches toujours plus riches et les pauvres toujours plus pauvres.

AC ! se veut un lieu de solidarité, de pratique et d’apprentis-sage d’une réelle démocratie. Nous nous battons contre toute discrimination quelle qu’elle soit : nationalisme, intégrisme, racisme, xénophobie sexisme, préférences sexuelles, qui sont des instruments du patronat pour assurer sa domination.

Notre volonté de fédérer tous ceux et celles qui le souhaitent est intacte. Notre détermination exclut tout sectarisme et tout dogmatisme.

Aucune fatalité

Depuis 25 ans, il y a un chômage structurel qui avoisine les 10 % de la population active. Chômeurs et précaires vivent tous les jours le fait qu’il n’y ait pas d’emploi salarié pour tous. Nous agissons ensemble parce que nous sommes convaincus qu’il n’y a aucune fatalité à la situation présente. Le capitalisme, qu’on l’appelle libéralisme, néolibéralisme, mondialisation ou globalisation, mène une véritable guerre contre les populations de notre pays, mais également dans tous les pays. Cette guerre à un objectif, accroître les profits. Une des armes : le chômage. Une conséquence : de terribles désastres humain, social et écologique.

La précarisation de la vie

L’insécurité, c’est d’abord le chômage et la précarité qui peu à peu devient la nouvelle norme du salariat. Les politiques, convertis au libéralisme, accompagnent cette évolution. Les droits et acquis collectifs des salariés et chômeurs sont remplacés par le contrat individuel tels le PARE et le PAP. Ce sont les premières étapes de la remise au travail forcé précaire en ce qui concerne les chômeurs et RMIstes. Le chantage à la survie économique permet le contrôle social et l’intrusion dans la vie privée : c’est ainsi que l’utilisation du temps et de l’argent, la vie amoureuse, les conditions de logement, les projets professionnels, la formation, sont sous contrôle.

Victimes de la précarisation du travail et de la vie, nous refusons la culpabilisation. Ni marchandises à la disposition du patronat, ni voués à la soupe populaire, nous sommes des individus différenciés, avec nos projets et nos désirs.

Un emploi, c’est un droit,

Un revenu, c’est un dû !

AC ! se prononce pour un réel partage du temps de travail avec la création de nouveaux emplois stables et socialement utiles, pour un renouveau des services publics et s’associe aux luttes contre les licenciements.

Nous affirmons que la satisfaction des besoins de toute la population requiert l’intelligence et l’activité de tous et tou-tes. Notre conception du travail ne se confond pas avec l’emploi tel que le capitalisme décide de l’organiser. La mise au chômage complet ou partiel représente pour une majorité d’entre nous une vraie spoliation.

En effet, comment peut-on accepter que la France, un des pays les plus riches au monde, laisse de côté un quart de la population contrainte à mendier auprès des services sociaux. Si la société ne peut ou ne veut donner du travail, alors qu’elle donne la possibilité de vivre.

Etre au chômage ou en situation de précarité, ce n’est pas seulement une question de carence de travail mais surtout un problème de manque de revenu. Nous affirmons qu’avec ou sans emploi chacun doit pouvoir bénéficier d’un revenu au moins équivalent au SMIC mensuel.

Ces deux revendications : partage du temps de travail et revenu garanti pour tous n’étant pas obtenues, AC ! développe une première série de revendications qui permettent à chacun de satisfaire ses besoins sociaux fondamentaux : se nourrir, se loger, se soigner, s’éduquer, se déplacer, se divertir et cela quelle que soit sa situation vis-à-vis de l’emploi.

Confrontés quotidiennement à la précarité, nous exigeons en urgence la revalorisation conséquente des minima sociaux et le droit au revenu pour les jeunes dès 16 ans.

La revendication d’un revenu garanti au moins équivalent au SMIC mensuel pour tous et toutes doit permettre de sortir de la pauvreté et de la précarité. Obtenir un revenu offre à chacun(e) la possibilité de refuser les bas salaires. Elle n’est pas une fin en soi mais s’inscrit dans la lutte pour la revalorisation des salaires et contre la précarisation du travail.

Pour une autre société

AC ! veut orienter le choix de société dans un autre sens pour tous vivre mieux dans une société plus juste, plus solidaire et plus humaine. Nous voulons imposer une autre logique : celle des droits et des besoins. Force est de dire que nous menons une lutte anticapitaliste. Ce système ne nous montre qu’une volonté de destruction des vies humaines et de l’équilibre écologique de la planète. Leur logique n’est pas la nôtre.

Nous pensons que des débats à l’échelle de toute la société doivent s’engager pour choisir d’autres modes de produc-tion, une autre forme d’organisation du travail, une autre répartition des richesses. Il faut inventer des solutions nouvelles qui fassent de l’exigence incontournable d’avoir une place dans la société pour tous et toutes, un autre partage des richesses.

Sur la base de notre critique d’une autre répartition du travail, nous engageons une réflexion sur l’évolution du travail salarié et du productivisme. Les débats sur ces thèmes sont présentés en annexe.

Rassembler nos forces pour défendre nos droits, et en conquérir de nouveaux

Nous sommes une organisation réellement décidée par les premiers concernés : chômeuses, chômeurs, précaires et travailleurs pauvres. Nous agissons donc avec les associations, les collectifs syndicaux et les collectifs auto-organisés qui partagent nos objectifs. Nous contribuons à mettre en place des lieux collectifs où peuvent se nouer des solidarités concrètes, d’entraide et de revendication.

Nous voulons que les chômeurs et précaires puissent être présent partout où se décide leur sort.

Nous devons utiliser la richesse de notre mouvement et agir ensemble parce que, quelles que soient nos différences, ce qui nous rassemble est bien plus fort que ce qui nous divise.

Dans nos différentes actions nous prenons les moyens pour que chacun et chacune puissent trouver sa place ; La discussion collective dans la préparation et dans les bilans est donc indispensable.

Bien au-delà des frontières

Notre action serait vouée à l’échec si elle restait confinée entre les frontières françaises. Dans les pays du Sud : surexploitation, misère, intervention militaire et colonialisme, chez nous : exclusion, incarcération, psychiatrisation. La solidarité et les luttes internationales sont plus que jamais nécessaires face à un capitalisme qui, lui, s’est depuis longtemps organisé à l’échelle de la planète.

Les capitaux et les marchandises se déplacent au gré de leurs intérêts propres et contre celui des populations. Cha-cun doit pouvoir se déplacer et s’installer librement, quelle que soit sa nationalité. AC ! est solidaire de toutes les luttes d’émancipation et en particulier celles de tout les « sans » : sans papiers, sans logement, etc.

Éthique

Nous devons créer dès maintenant les conditions d’une transformation sociale radicale qui s’appuie sur des modes de fonctionnement réellement démocratique.

Notre tache est immense et passionnante à la fois. Il n’existe pas de modèle, c’est à nous de construire. Ce mode de fonctionnement doit démontrer sur le terrain qu’il est réalisable. La communication, à l’intérieur d’AC !, mais aussi vers l’extérieur, doit être privilégiée.

Nous réaffirmons ici notre attachement à la démocratie, l’égalité sociale, la solidarité, et au respect des droits collectifs et individuels.

Des réflexions et débats sur ce thème sont en cours et présentés en annexe.

Ce texte se voudrait être une base commune d’orientation et d’adhésion. Elle n’a de sens qu’enrichie par les différentes analyses, luttes et pratiques de chaque collectif.

L’appel initial de 1993 à l’origine d’AC ! est en annexe, ainsi que la « Motion revenu » d’octobre 1995 et le texte intitulé « Principes de fonctionnement » adopté lors des assises d’octobre 1998.

La signature de la charte et des principes de fonctionnement sont un préalable à l’utilisation du sigle d’AC ! et à la constitution d’un collectif reconnu par tous. Ceci s’applique aux nouveaux collectifs mais également aux anciens.

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